La société féodale ( courte présentation)

 Le Moyen Age démarre avec les invasions barbares (les Vandales,les Wisigoths, les Huns, les Francs) qui entraînent l'effondrement de l'Empire romain en 476 et l'émergence des royaumes barbares comme celui des Francs en Gaule. Clovis est le premier roi franc qui instaure la dynastie des Mérovingiens sous laquelle s'élabore la fusion progressive des éléments barbares et gallo-romains et se poursuit la diffusion du christianisme.

Ensuite, par son sacre en 800, Charlemagne crée un Empire romain franc et chrétien. Il s'entoure d'un cercle de vassaux auxquels il attribue des fiefs et qui ,en contrepartie, lui prêtent un serment de vassalité qui leur impose  une aide militaire et un serment de fidélité. En 843, les trois petits fils de Charlemagne se partagent l'Empire, le royaume français revenant à Charles le Chauve.

Au Xème siècle, le pouvoir du roi s'affaiblit à cause des incessantes invasions des Vikings, Hommes du Nord.  Alors ce sont les seigneurs qui assurent la protection de la population; ils se substituent localement au roi. Le royaume se divise en nombreux territoires, des duchés, des comtés et d'autres domaines dirigés par des seigneurs. Un lien unit les forts et les faibles, ce qui donne naissance à une nouvelle organisation, appelée la féodalité. Elle distingue le monde des combattants (des châteaux et chevaliers), celui des paysans qui travaillent et celui des clercs qui prient. 

Le monde des combattants

La féodalité désigne un système de relations qui repose sur l'existence des fiefs concédés par des seigneurs à des vassaux en échange de services militaires et financiers.  Aide militaire avant tout: le vassal est un combattant à cheval qui doit répondre aux appels du seigneur pour les expéditions guerrières et pour la garde du château.

Le cadre de vie du seigneur est le château fort qui symbolise son pouvoir sur les hommes et les terres.

Le château fort est une invention européenne apparue au IX ème siècle après la chute de l'Empire carolingien dont le territoire a été divisé entre  seigneurs et princes. Les premiers châteaux du début du Xème siècle sont en bois et vers la fin du siècle en pierre. Il s'agit d'un puissant donjon entouré d'un système de cours et remparts et d'un fossé rempli d'eau (la douve). On entre par un pont-levis dans la basse cour où se trouvent le puits, les boutiques, le potager, les soldats, les artisans, les paysans qui travaillent pour le seigneur. Celui-ci habite avec sa famille dans le donjon. Ils s'éclairent avec des torches accrochées aux murs et se chauffent grâce aux grandes cheminées. Dans le donjon se trouvent la chambre à coucher du seigneur, le garde manger, la salle d'armes, les oubliettes pour enfermer les prisonniers et la grande salle. Le seigneur règne sur sa famille, son personnel domestique, ses vassaux qui forment à la fois la Cour, la garnison du château et une troupe de guerriers à cheval.

C'est dans le château que se déroulent les principales scènes de la vie seigneuriale, depuis la justice jusqu'aux divertissements de cour qui vont donner naissance à une littérature et à une civilisation dites "courtoises" sans oublier l'entraînement militaire des chevaliers.

Seigneurs et vassaux sont d'abord des combattants à cheval ou des chevaliers. La formation du chevalier commence tôt: l'enfant dès l'âge de 7 ans est envoyé dans la famille d'un ami. L'enfant est d'abord page pour apprendre à soigner le cheval, puis écuyer au service d'un chevalier et enfin par le rite de l'adoubement, à 21 ans il reçoit les armes et devient chevalier.

L'équipement du chevalier est composé du cheval, de l'armement offensif (épée, lance, arbalète) et défensif (casque, armure, bouclier). Le maniement des armes exige un entraînement intensif et permanent ( exercices journaliers, chasse, tournoi).

On imagine la violence inhérente à ce groupe social. L'église intervient pour canaliser cette violence: elle impose de règles de conduite et un idéal moral d'inspiration chrétienne, elle bénit les armes destinées à de justes causes et  transforme l'adoubement en une cérémonie religieuse d'accès à une société nouvelle: la chevalerie. La groupe se ferme sur lui même( sont chevaliers les fils de chevaliers) et conduit à la formation d'une noblesse.

Le monde des paysans

Au Moyen Age, la majorité de la population habite dans les campagnes et vit de l'agriculture. Les paysans travaillent la terre. La plupart des terres forment des domaines qui appartiennent à des seigneurs: ce sont les seigneuries. Les parcelles qui ne leur appartiennent pas s'appellent des alleux.

Une seigneurie est un ensemble de terres comportant des champs, des prés, des vignes, des bois, des landes exploités sous la direction du seigneur. Le sol de la seigneurie se divise en deux parties: la réserve et les tenures.

La réserve constitue le domaine propre du maître cultivé par ses domestiques et serviteurs qui habitent autour du château. Les tenures sont les terres de la seigneurie louées à vie, à des paysans. Ceux-ci payent au seigneur le cens ( le loyer de la terre) et une redevance en nature. Les tenures fournissent de quoi vivre aux paysans.

Le seigneur n'est pas uniquement le propriétaire des terres travaillées par les paysans; il est aussi le chef de tous les habitants de la seigneurie. Ce pouvoir de commandement s'appelle le droit de ban. En vertu de ce pouvoir banal le seigneur prélève sur les hommes de son domaine de nombreuses redevances( les banalités pour l'utilisation en commun, du four,du moulin,du pressoir ) qui constituent sa principale source de revenus.

Entre le Xème et le XIIème siècle on assiste à la fixation définitive des villages et à une organisation collective en vue de l'exploitation du territoire.

Le monde des clercs

Au Xème siècle l'Eglise se féodalise.  Grands propriétaires fonciers et détenteurs de châteaux, évêques et abbés sont des seigneurs féodaux. A ce titre, les pouvoirs laïques contrôlent les nominations dans l'Eglise et cela à tous les niveaux. D'où le faible niveau moral, religieux et intellectuel d'un clergé recruté dans ces conditions. Au sein de cette Eglise apparaît une réforme importante: la réforme grégorienne qui réussit à ôter aux laïques le contrôle des nominations ecclésiastiques et qui, en donnant son indépendance à l'Eglise, permet de réformer les moeurs et les comportements de ses membres.

L'Eglise de l'époque féodale cherche, sous la direction du pape, à christianiser la société sous tous ses aspects, y compris la politique et la guerre.

Elle favorise l'institution de la chevalerie. Elle organise  aussi les croisades, expéditions militaires destinées à reprendre le tombeau du Christ aux musulmans.

Le schéma de trois ordres : les prêtres, les guerriers et les paysans ne couvre pas toute la richesse de la société ; on peut y ajouter marchands, artisans, bourgeois; lépreux; juifs, hérétiques.

Bibliographie: Jean Carpentier et François Lebrun, Histoire de France, Editions du Seuil, 2000