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Interlude de littérature
19 décembre 2020

LA POESIE: repères historiques, caractéristiques, thèmes, fonctions

allegorie_poesie

 

 

 

 La poésie ("c'est de la musique avant toute chose", c'est un langage imagé)

Introduction

Dans l'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, l'esprit est incorporé  à la forme, l'architecture étant l'art le plus pauvre , quant à l'expression des idées.

Par contre, la  poésie, elle, se détache de la forme, de la réalité sensible( perçue par les sens) et se développe dans une sphère toute spirituelle.

La poésie peint la pensée, en rendant visible sa représentation (son image) qui réside dans l'esprit. Par exemple,Homère met à la place du mot " matin" , pensée pâle, abstraite,froide,  l'image poétique, concrète  "l'Aurore aux doigts de roses", afin de rendre l'objet sensible. Le poète s'arrête sur sa pensée et développe l'image de l'objet réél qu'il veut décrire. Donc le poète  façonne l'image comme l'artiste façonne le marbre, la couleur, le son.

Ces images qui enrichissent la pensée ne sont pas une invention personnelle du poète. C'est la réalité même qui se reflètant dans l'imagination, y subit une transformation.

Il existe trois types d'imagination: celle qui reproduit ce qu'elle a vu, celle qui combine des images et celle qui est créatrice, c'est-à-dire qui ajoute aux images passées, l'unité. L'artiste trouve dans la réalité , par observation, des éléments qui lui fournissent la matière de son oeuvre. Mais la forme il la tire de lui-même, et cette forme est l'unité. L'imagination créatrice apporte une unité individuelle différente de l'unité générique que donne l'entendement. Par exemple, tout autre est l'unité d'une classe de l'histoire naturelle( la classe des cétacés) que celle d'un personnage dramatique (Hamlet de Shakespeare).

Aussi l'imagination créatrice doit sa faculté synthétique à la passion. Mais si la passion (ou sentiments), le vécu est l'élément nécessaire de l'imagination, elle ne peut être productrice que par l'entendement, la réflexion.

Enfin, la poésie est un art qui s'exprime par la parole ou le langage qui est un moyen de transmission, un signe. Elle peut , comme la pensée vulgaire, traiter tous les thèmes: nature, amour, guerre, voyage... Mais c'est l'image artistique, créatrice qui rend le sujet poétique.

  

I. Repères historiques

En France, la poésie lyrique naît avec celle des troubadours, au XII ème siècle. Cette poésie crée une nouvelle conception de l'amour: l'amour courtois. Il consiste à se comporter de belle façon avec la dame pour laquelle on éprouve du désir et des sentiments. La poésie évoque cet amour qui se vit hors mariage. Le poète est l'amant qui confie ses sentiments à sa chanson, comme le fait Guillaume de Poitiers dans son poème "A la douceur de la saison nouvelle":

Il en est de notre amour comme de la / Branche d'aubépine/ Qui sur l'arbre tremble/ La nuit, exposée à la pluie et au gel,/ Jusqu'au lendemain, où le soleil s'épand/ Sur ses feuilles et ses rameaux.

Au XIV et XV ème siècles, des formes poétiques déjà existantes comme la ballade et le rondeau ont un succès foudroyant. Rappelons le célèbre rondeau "Le temps a laissé son manteau" de Charles d'Orléans et "La ballade des pendus" de François Villon, les deux derniers poètes très connus, du Moyen Age.

Les Grands Rhétoriqueurs sont des poètes qui ne se soucient pas d'exprimer des émotions ou de développer des thèmes originaux: ils sont des virtuoses de la forme. Leur spécialité c'est la poésie de circonstance.

Au XVI eme siècle les poètes de la Pléiade (Ronsard, Du Bellay...) établissent les règles de la poésie versifiée ( la règle d'alternance des rimes masculines et féminines, la règle de la concordance entre la phrase et le vers...).

Au XVII eme siècle la poésie connaît une période de stabilité, de respect de ses règles.

Au XIX eme siècle, les poètes romantiques (Lamartine, Hugo, Musset), les poètes parnasiens (Leconte de Lisle, Théophile Gautier) et les poètes symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Rimbaud) s'émancipent progressivement des règles de la poésie classique.

Rimbaud invente le poème en vers libres qui séduira les poètes du XX eme siècle comme: Cendrars, Paul Eluard, Aragon, Prévert, Queneau.

II. Les caractéristiques de la poésie

1° LE METRE  ou les types  de vers d'après le nombre de syllabes

 

Le vers se définit par le nombre de syllabes phoniques qu'il comporte.

On ne compte pas les syllabes d'un vers comme on compte les syllabes d'une phrase normale. Dans toute la France (à part dans le Midi), le "e" final ne se prononce pas. Donc le mot "dro-ma-daire" a trois syllabes, le mot "une" a une syllabe.

Une syllabe phonique se construit autour d'une voyelle phonique, même autour de la voyelle "e".  Exemple : i-ci ; lu-ne . Mais la voyelle "e" ne peut pas former, toute seule, une syllabe. .

Pour compter le nombre des syllabes d'un vers il faut appliquer la règle du "e" muet.

La règle de "e" muet. Le "e" muet est le "e" de la fin du mot qui normalement ne se prononce pas: celui de "terre". Le "e" muet ne se prononce pas à la fin du vers (même lorsqu'il est suivi de "s" ou de "nt") ni devant une voyelle ou un "h" muet. Remarque. Par contre, à l'intérieur du vers,  le "e" muet suivi d'un "s"   se prononce devant une voyelle ou un "h" muet. Ex. Les fol-les en ri-ant en-traî-nèrent les sag(e)s.

 

 Les mètres courts sont:  l'octosyllabe, hexasullabe, pentasyllabe, tetrasyllabe trisyllabe . Exemple: Les san-glots long (4 syllabes ou tetrasyllabe ) /  Des vi-o-lons (4 syllabes avec diérèse)/ De l'au-tomne ( 3 syllabes ou trisyllabe) ( Verlaine)

Exemple  Mig-nonn(e) al-lons voir si la ros(e) Ce vers a 8 syllabes (un octosyllabe)

Les mètres longs sont le décasyllabe et l' alexandrin.

Exemples: Dé-jà la nuit en son parc a-mas-sait  (Du Bellay)  Ce vers a 10 syllabes; c'est un décasyllabe

                 Ay-ant pou-ssé la port(e) é-troi-te  qui chan-cell(e)  (Verlaine) Ce vers a 12 syllabes; c'est un alexandrin

                  Mig-nonn(e) al-lons voir si la  ros(e)  (Ronsard)  Ce vers a 8 syllabes; c'est un octosyllabe.

Remarque. Lorsque deux sons vocaliques se suivent dans un mot, on peut les prononcer soit en deux syllabes en faisant une diérèse( vi-o-lent) , soit en une syllabe en faisant une synérèse (vio-lent).

Exemple.   Et com-me  l'es-pe-renc(e)  est  vio-lent  ( Apollinaire)

Normalement ce vers contient 9 syllabes. Pour obtenir un vers pair de 10 syllabes, il faut avoir recours à la diérèse avec le mot violent qui se prononcera :  vi-o-lent.

2°  LA  RIME  et les sonorités

La rime est le retour des sons identiques à la fin de deux ou plusieurs vers. Elle se caractérise par:

- son genre : elle est féminine quand se termine par un "e" muet (ex. majestueuse/ fastueuse) ; elle est masculine dans le cas contraire (ex. hurlait/ ourlet)

-sa qualité sonore ,définie par le nombre de sons communs: rime pauvre ( un son en commun ex. poisson/ dicton) ; rime suffisante (2 sons en commun  ex. poisson/ buisson) ; rime riche ( 3 sons ou plusieurs en commun  ex. poisson/ boisson)

- sa disposition : rimes plates (AABB);  rimes croisées (ABAB) ; rimes embrassées (ABBA)

L'allitération est la répétition d'une consonne ; l'assonance est la répétition d'une voyelle à l'intérieur d'un ou plusieurs vers. 

Exemple.  "La rue assourdissante autour de moi hurlait". Dans ce vers le poéte (Baudelaire) reproduit le vacarme de la rue en utilisant deux assonances en "u" et "OU" et 2 allitérations en "s" et en "r". 

3° LE  RYTHME  

Le rythme dépend de la longueur du METRE  et du retour régulier des sonorités à la RIME . Les mètres courts (octosyllabes, hexasyllabes..) donnent un rythme léger et musical et  les mètres longs un rythme lent et solennel.

 Le rythme des mètres longs sont donné aussi par: 

- accents, pauses (ou coupes notées /)

 

Dans la versification classique, les vers comportent des accents à des places plus ou moins fixes. La pause ou la coupe se fait après la syllabe accentuée; les coupes délimitent des groupes rythmiques: les mesures.

Exemple. J'ai longtemps/ habi// sous de vas/tes portiqu(es). (Baudelaire)

*Un alexandrin classique présente deux accents fixes sur la 6eme et la 12 eme syllabe. La coupe rythmique qui vient après la 6eme syllabe, est nommée césure (nottée //). Elle divise l'alexandrin en deux groupes de syllabes appéles hémistiches.

Exemple. Je ne veux pas fouiller// au sein de la nature. ( Du Bellay)    

Dans ce premier vers, du premier sonnet, des Regrets, le poète annonce qu'il ne veux pas peindre la nature mais écrire une poésie plus personnelle qui reflèterait le monde intérieur.

Le rythme de ce vers est binaire: 6/6 : c'est un rythme traditionnel.

Mais la poésie du XIXeme siècle crée d'autres rythmes, plus modernes. Ainsi le rythme peut être perturbé par une ponctuation forte.   Exemple. Longue, minc(e), en grand deuil, // douleur majestueus(e),  (Baudelaire)

Le rythme de ce vers est 2/1/3/6 ; il met en valeur le trouble du poète devant cette belle femme.

*Le décasyllabe est aussi un vers césuré; la césure vient après la 4eme ou la 6eme syllabe accentuée. Elle coupe le vers en deux groupes ou deux mesures inégales.  Exemple. Déjà la nuit// en son parc amassait, (Du Bellay) Le rythme de ce vers est: 4/6

 

-concordance ou discordance entre la phrase et le vers

La phrase est une unité de sens et le vers est une unité métrique.

*Dans la versification traditionnelle il y a concordance externe entre la phrase et le vers, c'est-à-dire que la phrase ou le groupe grammatical se moule(ou coïncide) avec le vers. Exemple      Ne gâter sa santé par trop boire et manger,  (Du Bellay)

*Mais, au XIXeme siècle les poètes romantiques se libèrent des règles et cherchent à disloquer le rythme . Il arrive que leur phrase déborde sur le vers suivant. On dit alors qu'il y a discordance entre la phrase et le vers.

Il y a enjambement lorsque la phrase commence dans un vers et déborde largement sur le vers suivant.

Exemple Ma seule étoile est morte et mon luth constellé/ Porte le soleil noir de la mélancolie.  (Nerval)

Il y a rejet externe si la phrase déborde d'un mot ou deux sur le vers suivant.

Exemple  Le coup dont tu te plains// t'a préservé peut-être/ Enfant; car c'est par là // que ton coeur s'est ouvert. (Musset)

Il y a contre-rejet externe si la phrase commence à la fin du vers.

Exemple Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L'automne/ Faisait voler la grive à travers l'air atone.  (Verlaine)

 

4° La strophe

La strophe constitue , normalement, une unité de rimes, de mètres et de sens. Elle se définit par le nombres de vers (distique, tercet, quatrain, sizain, quintil)

5° Les formes poétiques

-fixes (le rondeau , la ballade , le sonnet)

-régulières se reconnaissant à leur visée (l'élégie, poème de la plainte;  l'ode, poème de l'éloge; la fable, recit illustrant une morale; l'épigramme, court poème satirique)

-moderne (le calligramme, le haïku, le poème en vers libres, le poème en prose, le verset)

6° Les sous-genres poétiques:

- la poésie épique (ex La chanson de Roland)

-la poésie lyrique (l'ode, l'élégie)

- la poésie satirique (Satire VI de Boileau)

-la poésie didactique (la fable)

 

III. Les fonctions de la poésie

1° fonction lyrique :exprimer des sentiments

La poésie des sentiments appartient au genre de la poésie lyrique. Les poètes qui ont ouvert leur coeur dans leurs poèmes sont: Louise Labbé;  Alfred de Musset qui, trompé par George Sand, évoque ses déceptions et sa solitude dans les Nuits:  Victor Hugo qui dit sa douleur d'avoir perdu sa fille Léopoldine dans Les Contemplations; Baudelaire, poète de la mélancolie et du mal de vivre,  sentiments qu'il développe dans les Fleurs du mal; Louis Aragon qui chante à la fois son amour pour Elsa et pour la France dans Les yeux d'Elsa. Au-delà de sa dimension autobiographique, le lyrisme exprime ce qui, en l'homme, est universel: perte d'un être cher, déception, tristesse, amour..

2° fonction esthétique: tranfigurer le réel

Roger Caillois, critique littéraire , spécialiste de poésie, raconte qu'un passant ayant vu un mendiant tenant une pancarte avec l'inscription"Aveugle de naissance", a écrit à la place "Le printemps arrive et je ne le verrai pas". La première inscription n'est qu'informative; la seconde est poétique. Donc, la poésie dit la réalité d'une façon plus belle. Aussi Baudelaire , dans l'appendice aux Fleurs du mal dit ce vers: "Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or", la même chose de façon plus poétique.

Ainsi la poésie peut transfigurer aussi bien les plus grandes passions humaines("faire une perle d'une larme" ) comme dit Musset dans son poème Impromptu que les objets les plus ordinaires; Francis Ponge dans Le parti pris des choses, nous présente des poèmes en prose sur des sujets surprenants: Le pain, Le cageot, L'huître.

3° fonction sociale et politique: véhiculer des idées

Le poète, comme le dramaturge ou le romancier, dénonce les vices de son temps: Du Bellay, dans Les regrets, de retour d'un voyage à Rome, critique la cour du pape.

Aussi le poète met parfois sa voix au service d'une cause. Ainsi Hugo s'élève contre la tyrannie de Napoléon III et appelle le peuple à la révolte, dans Les châtiments. De même, pendant la Seconde Guerre mondiale , Aragon, Paul Eluard ou Desnos publient clandestinement des poèmes, appels à la résistance.

Toutefois, certains courants poétiques condamnent cette fonction de la poésie: pour les parnassiens , partisans de "l'art pour l'art", la poésie ne doit pas avoir d'autre but que la beauté.

 

IV. Grands thèmes de la poésie

Le poète légendaire Orphée incarne à lui seul les grands thèmes poétiques: il chante pour séduire les forces de la nature, mais aussi pour exprimer son amour pour Eurydice, et déplorer sa mort.

1° L'amour

Nombreux sont les poètes qui ont rendu des femmes célèbres en chantant leur amour pour elles: Cassandre, Marie, Hélène ont été célébrées par Ronsard, Laure par Petrarque, Elvire par Lamartine, Lou par Apollinaire, Elsa par Aragon...

Clément Marot lance, en 1535, la mode du blason( poème célébrant une femme à travars une ou plusieurs parties de son corps), avec le Blason du beau tétin. Baudelaire dans La chevelure, puis les poètes surréalistes s'emparent également du blason mais le modernisent.

La femme prend souvent une dimension cosmique dans les poèmes d'amour : comme chez Baudelaire dans Le serment qui danse ou chez les poètes surréalistes.

2°La mort

Le poète peut exprimer sa douleur face à sa propre mort. Ainsi Ronsard se voit" décharné, dénervé, démusclé, dépulpé" (Derniers vers, 1586) et profite du poème pour dire adieu à ses amis. Apollinaire écrit des Poèmes à Lou depuis le front pendant la Première guerre mondiale, qui sont à la fois des déclarations d'amour et des adieux à la vie.

Le poète déplore souvent la mort d'un être aimé. Hugo pleure la mort de sa fille Léopoldine dans Les Contemplations.

3° La nature

Le paysage est source de méditation, car il représente une image de l'état d'âme du poète ou de l'être qui lui est cher. ainsi Verlaine débute son poème Clair de lune par les vers: "Votre âme est un paysage choisi".La nature peut être aussi personnifiée et devenir le complice du poète.comme dans Le lac de Lamartine).

Le thème de l'eau est un topo littéraire qui permet d'exprimer l'angoisse du poète face à la fuite du temps. On le trouve dans Le lac : "L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive; / Il coule , et nous passons".

Chez les parnassiens la nature devient un véritable tableau comme dans Le récif de corail de Hérédia.

4° le thème de la ville et de la modernité industrielle

A la fin du XIXeme siècle , la révolution industrielle influence la poésie.

La ville suscite l'intérêt: Baudelaire consacre une section entière des Fleurs du mal à des "Tableaux parisiens" ; Apollinaire débute Zone, le premier poème du recueil Alcools par cette apostrophe: "Bergère, Ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin".

Les poètes célèbrent aussi les avancées technologiques. Rimbaud écrit, dans les Illuminations,  un poème en prose sur "Métropolitan", Cendrars raconte son voyage en train à travers la Russie dans La prose du transsibérien et de la Petite Jehanne de France (1913); Apollinaire consacre un de ses Calligrammes à l'automobile: "La petite auto".

 

V. Faire le commentaire d' un texte poétique

 

1)  Première lecture:  déchifrement du vocabulaire et des références culturelles implicites ou explicites.

2) Deuxième lecture: le questionnement méthodique

-Des questions pour SITUER le poème:

1) Quel est l'auteur et le contexte historique et culturel

2) Quel est le titre du poème et qu'annonce-t-il ?

3) Quelle est la forme poétique (sonnet, poème en vers libre..)

 

-Des questions pour dégager le SENS(fond) du texte

4) Qui parle à qui( ou quelle est l'énonciation)?

Il existe deux situations d'énonciation: le discours (le théâtre) et le récit (le roman, la nouvelle, l'épopée..). Dans le récit il y a un intermédiaire entre l'auteur et les personnages: le narrateur . Souvent le narrateur rapporte la parole( DD, DI, DIL) ou les pensées du personnage. Le récepteur est celui qui reçoit le discours ou le lecteur; le destinataire est celui à qui est adressé le doscours, par exemple dans les correspondances.

5) Que fait celui qui parle? ( Décrit, raconte, ou argumente)

6) De quoi parle-t-il? ( quel est le thème)

7) Pourquoi parle-t-il ( quel est  l'enjeu, la visée, le but, la fonction du poème) ?

8) Comment le poème est organisé , structuré? (les étapes, la progressiondes idées)

9) Quel est le registre( la tonalité) employé ou l'effet que produit celui qui parle sur son lecteur. Est-ce qu'il le fait rire(registre comique), rire de quelque chose ( registre ironique), il  inspire des émotions tristes ( registre pathétique), il inspire la tereur et la pitié (registre tragique), il distrait (  registre ludique), il introduit un univers non conforme au réel (registre fantastique, merveilleux), il excite la curiosité (registre dramatique), il surprend,il étonne, il provoque, il console il convainc?

Le registre lyrique fait passer des émotions intenses: joie, douleur, passion amoureuse, révolte...Les procédés du lyrisme: le poète dit "je"; il s'adresse à un destinataire; la phrase est expressive(pontuation, interjections); l'espression des sentiments passe par le champ lexical, les comparaisons, les métaphores , hyperbole, anaphore.. ; le rythme et les sonorités jouent un rôle important, la poésie lyrique cherchant la musicalité.

Le registre élégiaque est une variété du registre lyrique où le sentiment domonant est la tristesse . L'élégie est un poème qui évoque la mort, le deuil, la fuite du temps, une plainte liée à la perte d'une personne aimée.

Le registre pathétique( pathos signifie "souffrance") exprime une souffrance et vise à susciter la compassion du lecteur.

Question pour ANALYER  le poème

10) Quels sont les procédés d'écriture ou la forme ( le vocabulaire, la grammaire de la phrase, la grammaire du texte, la grammaire du discours, les figures de styles, les registres, les types de vers, le rythme, la rime , les sonorités..) permettant de construire CE  SENS?

Il faut commencer par une analyse linéiare( ligne par ligne): repérer des procédés littéraires et expliquer les idées qu'ils mettent en valeur. Ensuite il faut synthétiser les résultats dans un plan de 2-3 parties.

 

3) Construire le plan du commentaire

-formuler une problématique( ou question, mêlant le sens et la manière d'écriture)

-élaborer un plan(formé de 2-3 idées principales ou axes de lectures) en vous inspirant du schéma suivant:

I. De quoi parle-t-on?( thème)

II. Comment ce thème est-il traité dans le texte (figures, registres)

III. Quelle est la portée du texte ou message?

 

4)  Rédiger le commentaire

-l'introduction ( une phrase d'amorce, la brève présentation de l'oeuvre et du texte, annonce de la problèmatique et du plan)

- le développement

Chaque partie du développemnt présente: une phrase d'introduction, 2-3 paragraphes( chacun exposant une idéee et l'illustrant en citant le texte), une phrase de transition qui récapitule ce qui vient d'être démontré et fait le lien avec la partie suivante.

-conclusion (repondre à la problèmatique en récapitulant les étapes de la réflexion, élargir la réflexion en comparant le texte avec d'autres .

 

Application Soit le poème suivant

Comme le champ semé en verdure foisonne, / De verdure se hausse en tuyau verdissant, / Du tuyau se hérisse en épi frémissant, /D'épi jauni en grain, que le chaud assaisonne;

Et comme en saison le rustique moissonne / Les ondoyants cheveux du silo, blondissant, / Les met d'ordre en javelle, et du blé jaunissant / Sur le champ dépouillé mille gerbes façonne;

Ainsi de peu à peu crût l'empire romain, / Tant qu'il fut dépouillé par la barbare main, / Qui ne laissa de lui que ces marques antiques

Que chacun va pillant: comme on voit le glaneur / Cheminant pas à pas recueillir les reliques / De ce qui va tombant après la moisson.

                                                             Joachim du Bellay, Les Antiquités de Rome, sonnet XXX, 1558.

Le questionnement méthodique

 

1° Quel est l'auteur, le contexte, le mouvement littéraire?

Entre 1553 et 1558 , Joachim du Bellay quitte la France pour vivre à Rome, à la cour du Pape. Admiratif de la grandeur antique , il est déçu par la Rome moderne.

2° quel est le titre du poème? Qu'annonce-t-il?

Le titre du recueil, Les Antiquités de Rome, évoque la grandeur passée de la ville, lorsqu'elle était capitale de l'Empire romain. Le sonnet ne comporte pas de titre.

3° Quelle est la forme poétique?

Ce poème est un sonnet d'alexandrins.

4°, 5°  Qui parle à qui (quelle est l'énonciation? / Que fait celui qui parle?

Le sonnet alterne un présent de vérité générale, dans les deux quatrains et le dernier tercet, et le passé simple du récit historique dans le dernier tercet.

6° De quoi parle-t-il (le thème) ?

Deux thèmes se croisent: un thème agricole, celui de la croissance et de la moisson du blé; un thème historique, celui de l'épanouissement et de l'effondrement de l'Empire romain..

 7° , 8° Quel est la visée et la tonalité ou registre du poème?

Le poème constate la chute du grand Empire romain. Aux belles images du début succède, dans une tonalité pathétique, un sentiment de perte: la grandeur est détruite, ne restent que des ruines.

9° Quelle est la structure du poème (progression des idées , strophes)?

Les deux quatrains et le premier tercet sont chacun introduits par un outil de comparaison("comme", "et comme", "ainsi"), qui établit un parallélisme entre le cycle de l'agriculture et celui de l'Empire romain. L'adverbe "comme" revient au vers 12, marquant le retour à l'image du champ.

10° Quels sont les procédés d'écriture( les sonorités,le rythme,les images, les rimes) et comment construisent-ils le sens du poème?

 *Quels jeux sonores repérez vous?

La répétition des mots (verdure", "tuyau", "épi", "moisson", moissonneur), donne le sentiment d'un enchaînement imparable, obéissant aux lois de la nature. Les rimes riches en "issant" traduisent le processus de croissance du blé.

* Comment le poème est-il rythmé?

Le rythme est très régulier, et les vers 2,3, 12 et 13 sont même accentués 3/3//3/3, donnant le sentiment d'un ordre parfait. Mais l'enjambement final (V.13/14) rompt ce rythme, pour souligner la chute de la grandeur romaine.

* Quelles sont les images (métaphores, comparaisons)?

Le poème est tout entier construit sur une analogie, qui aboutit à l'image des ruines de la Rome antique, assimilées aux "reliques" des moissons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
T
Ah ! et juste une remarque : le "e" n'est pas toujours muet, surtout s'agissant du rythme de l'alexandrin; nombre de vers prennent appui dessus pour marquer leur rythme.
Répondre
T
Superbe... bouleau ? Bravo ! (parole de poLète) :)
Répondre
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