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Interlude de littérature
24 mars 2022

Jacques Cassabois, Le premier roi du monde, L'épopée de Gilgamesh: une ode à la justice!

gilgamesh

 

 

 

Jacques Cassabois est un auteur contemporain qui a publié de nombreux contes, romans historiques et  nouvelles fantastiques.

Ce texte-ci de Jacques Cassabois appartient à la littérature de jeunesse et c'est une réécriture poétique   de l'Epopée de Gilgamesh qui est considérée la première oeuvre littéraire de l'humanité.

Gilgamesh a sans doute existé: il aurait été le roi de la ville d'Ourouk, en Mésopotamie (Irak actuel), vers 2600 avant J.-C.

L'Epopée de Gilgamesh s'est d'abord transmise oralement puis, vers 2300 avant J.-C., elle a été gravée, par fragments en langue sumérienne, sur des tablettes d'argile, en écriture cunéiforme.

Par la suite, les fragments ont été réunis et réécrits en langue akkadienne pour constituer un  récit à peu près suivi. De nombreuses versions de cette épopée ont circulé; la plus achevée comporte douze tablettes , découvertes et déchiffrées en 1872.

***

Le narrateur, accompagné par quelqu'un,  marche dans un champ d'orge. A un moment donné, ils s'asseoient à l'ombre d'une haie et le narrateur se met à raconter l'histoire du roi Gilgamesh.

Le demi-dieu Gilgamesh (fils d'un mortel et de la déesse des buffles, Ninsuna) règne  avec violence et autorité sur la puissante ville d'Ourouk. Suite aux nombreuses plaintes de la population, les dieux décident de lui créer un rival qui pourrait être roi à sa place. Ainsi naît Enkidou, un colosse fait d'argile qui vit en sauvage dans la steppe, au milieu des gazelles.

Gilgamesh, averti de son arrivée d'abord dans ses rêves  puis par un chasseur, prépare sa contre-attaque. Puisque ce rival est un sauvage, Gilgamesh va le neutraliser en le civilisant. Pour accomplir cette tâche, il lui envoie une femme, la prêtresse d'Ishtar (déesse de l'amour). Sa mission consiste à lui apprendre à aimer comme les hommes à manger du pain et à boire de la bière. Une fois sa mission accomplie, la prêtresse l'emmène en ville.

Là, Enkidou rencontre Gilgamesh qui s'apprête à exercer son droit de cuissage sur une jeune mariée. Enkidou l'en empêche et c'est alors que commence un combat serré, entre eux deux. Enkidou en sort vainqueur, mais laisse le pouvoir au roi.

Les deux deviennent amis et ne se quittent plus. Il est bien connu que " l'amitié ne se décide pas; elle s'installe d' elle-même dans les coeurs. Et quand on la découvre, on se réjouit et on s'empresse de la fortifier chaque jour par des attentions nouvelles."Ainsi , Gilgamesh fait découvrir à son ami la vie de la cité et, à son contact, il devient meilleur. Enkidou aussi change: à cause du confort , du luxe, il s'amollit; mais bientôt, la steppe et la vie sauvage lui manquent terriblement. Gilgamesh s'inquiète. Pour le distraire, il lui propose une extraordinaire aventure: aller vaincre le monstre Houmbaba, gardien de la Forêt des Cèdres, en Phénicie(Liban actuel).

Le chemin est long; ils arrivent enfin et entrent dans la Forêt. D'abord apparaît l'esprit de Houmbaba sous forme de sept roues flamboyantes qui entrent enfin dans son corps: un corps de monstre aux pattes de taureau et à la gueule de lion. Houmbaba semble hors d'atteinte et Gilgamesh n'en vient à bout que grâce à l'aide de Shamash, son dieu tutélaire qui lui envoie treize Vents.

Gilgamesh et Enkidou reviennent à Ourouk couverts de gloire. Séduite, Ishtar propose à Gilgamesh le mariage, qu'il refuse. Furieuse, elle demande à Anou, le père des dieux, d'envoyer le TAureau Céleste dévaster la ville d'Ourouk. Mais les deux amis triomphent du monstre et le tuent.

Offensés, les dieux décident de punir Gilgamesh, en faisant mourir Enkidou. Gilgamesh est désespéré car la mort de son ami lui fait prendre conscience de sa propre mortalité. Alors il décide de rencontrer , Outa-napishti, le survivant du Déluge à qui les dieux ont conféré l'immortalité, afin d'obtenir le secret de la vie sans fin.

Il franchit une grande montagne, traverse une immense plaine au bout de laquelle l'attend un obscur défilé entre les Monts-Jumeaux. Ces Monts sont, chaque jour,  les gardiens de la sortie et de l'entrée du Soleil. Des Hommes-scorpions en gardent l'entrée.   Ils laissent passer Gilgamesh qui pénètre dans le défilé. Des pensées noires lui reviennent: ses combats, les rois massacrés, les pillages, les combats avec Houmbaba, le Taureau.. Il cueille  le chagrin, boit le sang versé, les larmes répandues. Le défilé des Monts-Jumeaux c'est lui; l'obscurité imperméable c'est la noirceur accummulée de tous ses actes de violence , de son mépris.

Son fardeau de chagrin s'alourdit à mesure qu'il avance. Enfin il voit la lumière, le bout et il dit "pardon" pour tout le mal fait. Il s'asseoit et se découvre au milieu d'un merveilleux verger d'arbres couverts de pierres fines. Ce jardin, ces arbres c'est encore Gilgamesh, mais tel qu'il était au matin de sa vie.

Gilgamesh reprend sa course folle. Il atteint le rivage d'une mer. Outa-napishti habite au large, sur une île et c'est le nautonier Our-Shanabi qui l'y  conduit. Gilgamesh raconte tout à Outa-napishti : sa façon de régner brutale, ses violences, son désarroi devant le cadavre de son ami, la terreur de la mort.., et lui demande le secret de la vie sans fin.

Outa-napishti lui répond que le secret est en lui... Il lui rappelle que les dieux ne lui ont pas offert la royauté pour qu'il néglige ainsi son royaume, pour qu'il bataille loin et pour qu'il les jalouse et qu'il souhaite leur place. Lui, Gilgamesh  est un homme et il doit faire régner l'homme en lui-même et en chacun. Oui, il sera immortel comme tous ceux qui ont fait briller l'esprit, qui ont accompli une oeuvre juste. Alors non seulement personne ne l'oubliera mais chacun portera en lui une part d'humanité que Gilgamesh lui aura donné.

Ensuite Outa-napishti raconte à Gilgamesh comment grâce aux dieux il a survécu au Déluge en construisant une Arche et comment les dieux lui ont fait cadeau de l'immortalité. Donc, il n'avait pas choisi d'être immortel.

Car il faut être apte à vivre sans fin. Il faut être capable de rester sept jours en éveil. Gilgamesh veut aussitôt  se soumettre à cette épreuve. Il se croit capable de la surmonter. En fait, il échoue et commence à accepter la mort.

Outa-napishti, ému par la détresse de Gilgamesh, lui propose d'aller chercher au fond de la mer une Herbe magique, qui permet de vivre une seconde vie. Gilgamesh quitte Oute-napishti et, sur le bateau, ferme les yeux, se recueille, n'entend que le battement de son coeur et soudain sent l'odeur de jasmin. Il ouvre les yeux, descend dans le gouffre et revient avec l' Herbe. Il réussit: il la trouve.

Sur le chemin du retour à Ourouk, il décide de se baigner dans un étang; il dépose l'Herbe sur la rive...Pendant ce temps, un serpent arrive , avale l'Herbe et s'en va. Gilgamesh se précipite , sort de l'eau mais c'est trop tard. Il hurle de douleur..

La nuit arrive et ,dans le sommeil, Outa-napishti lui rend visite. Gilgamesh lui explique n'avoir pas compris,  pourquoi il lui a donné une chance et il l'a lui confisquée, aussitôt. La réponse est pleine de sagesse. C'était pour qu'il apprenne à chercher avec son coeur. Tout ce qu'on désire de mieux s'y trouve caché. Inutile de s'épuiser dans des quêtes au bout du monde..

Gilgamesh pense soudain à Enkidou. C'est lui qui l'avait mis en chemin. C'est lui qui l'a fait devenir ce qu'il est: un peu plus sage.  Et il entend comme en réponse ces sublimes mots: "Chaque instant contient une étincelle. Cherche là et toute ta vie deviendra lumière!  Ensuite partage cette vérité avec ton peuple pour qu'elle se répande. C'est cette éternité qui t'attend."     Gilgamesh l'accepte! 

***

L'Epopée de Gilgamesh aborde plusieurs thémes: celui de l'amitié, de l'amour, de l'immortalité..et  aussi le thème de la justice au sens que Platon donne à ce concept: l'accord avec soi même..

En fait, le thème de la justice est là depuis le début. Gilgamesh est injuste: violent, autoritaire avec son peuple. Il se conduit selon le principe de plaisir. Et réparer cette injustice qui menace la ville , est ce qui met l'histoire en branle.

Mais la justice n'a de sens que dans la cité. Tant que Gilgamesh est seul à vagabonder aux confins du monde, il n'est pas question que des désirs, des rêves impossibles mais pas de justice.

C'est là, à Ourouk que l'homme-roi peut être en accord avec lui-même et juste. C'est donc, dans la cité que la vie de l'homme a  un  sens qui n'est pas donné; il est à construire. Et ce sens ne peut s'inventer qu'à partir du passé, à partir de l'héritage qui soude les hommes.

Gilgamesh, amoindri physiquement et grandi intérieurement par ses défaites, revient à Ourouk, le seul lieu où le sens est possible. Il revient pour accomplir ce que la cité attend de lui. Le quotidien est le lieu où toute vie, y compris celle du prince, doit se réaliser.

Bref, Gilgamesh nous enseigne que  l'homme est à la fois impuissant et responsable: impuissant dans sa solitude cosmique soumis aux dieux ; responsable de ce dont il hérite et de ce qu'il laisse après lui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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