De la lecture vers l'écriture: Le thème du monstre mythologique

Affable lecteur!  Souhaite-tu, comme chacun, maîtriser le mystérieux art de l'écriture, de la parole ou de la communication,

afin de pouvoir exprimer aisément tes souffrances, tes joies, ton admiration, ton amour et tes pensées;

afin de  réconforter un ami, consoler un enfant dans la peine, guider  une personne;

afin de  transmettre, un jour, en tant qu'artiste ton expérience de vie, ton immense savoir aux autres?

Alors sache que le vrai "artiste doit puiser la matière de ses créations dans les trésors de la vie (ses expériences: un voyage, une promenade, une séparation..),  et non pas dans des généralités abstraites" (Hegel).

L'artiste doit, premièrement vivre et agir: voir, observer beaucoup de choses, entendre beaucoup, toucher, goûter sentir, être curieux de connaître le monde extérieur (plantes, animaux, planètes..), l'intérieur de l'homme (l'âme, esprit)) et tout retenir.

Deuxièmement, l'artiste ne doit pas se borner, seulement, à recueillir les images de la réalité extérieure( d'un certain voyage) ou intérieure( d'une séparation)) .  La réalité que l'artiste a choisie de mettre par écrit,  doit  non seulement être présente dans sa conscience et l'avoir ému, mais aussi doit avoir été méditée, avec profondeur.  Car l'homme , sans réflexion, ne peut par porter à la conscience ce qu'il renferme en lui. Dans ce sens, l'artiste doit  analyser, étudier la matière choisie (de quoi il veut parler, le thème : un voyage, un deuil..),  sur toutes les faces et longuement.

Le travail de l'artiste consiste à fondre ensemble le contenu rationnel (le thème), bien réfléchi et la forme sensible, en appelant à son aide son entendement et sa sensibilité( ses émotions).

Bref, l'artiste doit avoir non seulement beaucoup vu et observé le monde qui l'environne et être familier avec les phénomènes extérieurs et intérieurs c'est-à-dire, avoir une grande culture, mais aussi avoir été profondément saisi et remué; il faut qu'il ait beaucoup agi et vécu avant d'être en état d'élaborer les véritables profondeurs de la vie, sous des apparences concrètes.

1)  De la lecture du livre:

Nathaniel Hawthorne, Le premier livre des merveilles 51853), traduit par Pierre Leyris, Pocket Jeunesse

Nathaniel Hawthorne(1804-1864) est un grand romancier américain; il a adapté pour les enfants quelques récits issus de la mythologie grecque et les a rassemblés dans un recueil intitulé Le livre des Merveilles. On y tremble avec Persée face à la Méduse, on suit Hercule sur le chemin du jardin des Hespérides...On rencontre des monstres et des héros mythologiques, on est spectateur de leurs combats.

à l'écriture :

Décrire, à l'imparfait, un monstre

Il existait alors dans une île de la Grèce, un monstre épouvantable. Il habitait dans une sombre forêt, au fond d'une caverne.

Il s'était , sans doute, échappé des enfers car il avait la tête d'un féroce lion, le corps d'un hideux taureau sauvage, des ailes d'or éblouissantes et une queue se terminant par une centaine d'horribles serpents se tordant en tous les sens.

Armé de dents acérées, de griffes d'airain, il était d'autant plus redoutable lorsqu'il proférait des hurlements terribles dont retentissait la forêt.

2)  De la lecture du livre:

Ovide, Les Métamorphoses , édition de Jean-Pierre Néraudau, chapitre III, Cadmus.

Cadmus est le fis du roi de Tyr et le frère d'Europe. Son père l'envoie  chercher sa soeur enlevée par Zeus, transformé en taureau. Ne la trouvant nulle part, Cadmus suit les conseils de l'oracle d'Apollon: suivre une génise sauvage qui apparaîtra sur son chemin, et construire à l'endroit où elle s'arrêterait une ville, la Béotie. Il voit la génisse, la suit et s'arrête lorsque celle -ci s'arrête. Cadmus envoie ensuite ses compagnons chercher de l'eau à une source sacrée, dans la forêt. Ceux-ci se font attaquer par un dragon. Cadmus vient à leur secours et tue difficilement ce monstre. A la fin de l'histoire, après avoir fondé  la cité de Béotie , Cadmus épouse Harmonie la fille d'Arès et de Vénus.

à l'écriture:

Raconter un combat entre un héros et un lion gigantesque:

Un lion gigantesque surgit, soudain, d'un bosquet. Le héros  s'immobilisa  stupéfait. Le lion fit un grand bond aussi impétueux qu'un torrent grossi des pluies, et le héros et l'animal se trouvèrent face à face. Dans l'instant qui suit, le demi-dieu planta sa lance dans l'oeil de son adversaire.

Un rugissement atroce sort de sa gueule ménaçante. La douleur le rend très furieux. Il se dresse sur ses pattes de derrière aussi droit qu'un tronc d'arbre. Une écume blanchâtre s'écoule de sa gueule puante, le souffle qu'exhale  sa bouche infeste les airs. Il secoue sa crinière , ses babines tremblent.

Le héros recule de quelques pas, devant son adversaire redoutable.  Il repousse les assauts du lion en lui présentant la pointe de sa lance. Le lion se retire lui aussi devant les coups, recule la tête.

Enfin, le héros enfonça sa lance dans le gosier de l'animal et la poussa jusqu'à ce qu'elle transperça son énorme tête.

3)  De la lecture du livre:

Victor Hugo, Les travailleurs de la mer, (1866).

Le riche propriètaire d'un steamer coulé, promet sa nièce en mariage à celui qui récupérera l'épave coincée entre les rochers au large de l'île de Guernesey. Gilliat, aussi robuste que rêveur, mais surtout amoureux de cette fille accepte de relever ce défi. Après de nombreuses péripéties dont le combat contre une pieuvre, Gilliat réussit sa mission mais s'aperçoit que la nièce est amoureuse d'un jeune pasteur. Gilliat les aide à se marier et puis se suicide, en se laissant submerger par la mer.

à l'écriture

Raconter un combat entre un pêcheur et une murène géante

Un  vieux pêcheur installe son filet près d'une côte rocheuse. Il va, il vient, il s'agite beaucoup et dérange une murène géante, résidant dans une anfractuosité du mur rocheux.

Soudain, se sentant menacée,  elle avance et enfonce ses dents acérées, dans le bras droit du pêcheur. L'angoisse, le dégoût, la douleur, envahissent  l'esprit du vieil homme. Il voit les grosses mâchoires, de cette espèce d' effrayant serpent  lui  serrant le bras comme un étau vivant! Il est le prisonier d'un monstre de plus de trois mètres de long. Il n'avait jamais vu une murène de cette dimension. Un autre serait troublé.

Il regarde la murène qui le regarde. Sa douleur  s'accroît. Exaspéré, il sort son couteau et son poing ainsi armé s'abat sur la bête, comme un éclair. Il arrache sa tête comme on arrache une dent. Et toute la bête tombe.