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Interlude de littérature
10 mars 2024

Gaël Faye, Petit pays

Lecteur,  mon semblable, mon frère,   "Lire c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas." (Hugo)

L'autre jour, une excellente  professeure de français , de mon entourage, m'incita à  lire ce petit livre.  Mes premiers pas timides, méfiants, dans cet univers africain( Burundi, Rwanda), ne me donnaient  pas envie de continuer mon aventure. Et puis, en dégustant  un peu, et encore un peu cette nourriture spirituelle, je trouvai le plaisir.  Je confirme que Petit pays, ce roman autobiographique qui traite du génocide des Tutsis  par les Hutus, au Rwanda , du point de vue d'un enfant, est  "Un très beau roman, déchirant et incandescent , qui force l'admiration. " ( Yann Perreau, Les Inrockuptibles)  

Rappel

*Burundi est un pays d'Afrique centrale , formé de hauts plateaux et dont la capitale est Bujumbura. Ses voisins actuels sont: la Tanzanie, le Congo ou Zaïre  ,le Rwanda et le lac Tanganyika. 

*Rwanda est un pays d'Afrique centrale, voisin du Burundi et dont la capitale est Kigali.

Génocide des Tutsi  par les Hutus, au Rwanda

*Après les tentatives de destruction des Arméniens et des Juifs d'Europe, le génocide des Tutsis en 1994 est le dernier des génocides du XXe siècle. Orchestré par le parti hutu au pouvoir au Rwanda , le génocide a fait presque un million de victimes en 3 mois.  

*A l'instar des génocides précédents,  celui des Tutsis commence par une phase de stigmatisation, suivi par la persécution qui débouche par la mise à mort. Ce meurtre de masse  est particulier par rapport aux autres.  C'est un "génocide de proximité": bourreaux et victimes sont des voisins.

Burundi et Rwanda se ressemblent par les ethnies qui les peuplent ( les Hutus, à l'origine agriculteurs, les Tutsis, à l'origine pasteurs, les Pygmées , moins nombreux), par les langues parlées et par une même histoire partagée.

*Histoire 

 Pendant des siècles les Tutsis et les Hutus cohabitent  pacifiquement, en se partageant le pouvoir , même si les Tutsis , qui possèdent le bétail sont considérés comme des "aristocrates". Le génocide des Tutsis s'enracine dans la politique coloniale.

Burundi et Rwanda ont été colonisés d' abord par les Allemands( à la fin du XIXe siècle), puis après la défaite de l'Allemagne à la fin de la première guerre mondiale, par les Belges. Ensuite , les deux pays sont intégrés au vaste ensemble formant le "Congo belge". C'est alors que se met en place une forme de racisme entre les "Tutsis évolués" favorisés par le colonisateur et les "Hutus faits pour obéir".

Après la seconde guerre mondiale le clan des Tutsis, plus cultivé, plus éclairé, entreprend de lutter pour obtenir l'indépendance. Alors,  les considérant "ennemis" de l'Etat, le  colonisateur belge   va favoriser dorénavant , les Hutus. La tension monte entre les deux ethnies. 

 En 1959, éclate au Rwanda une guerre civile: les Tutsis sont massacrés et contraints à s'exiler dans les pays voisins, dont le Burundi. La révolution rwandaise de 1962 mène à l'indépendance et à la chute de la monarchie des Tutsis et à la création   d'un gouvernement républicain dominé par les Hutus.  Dans les années 1963-1964, a lieu un autre massacre important des Tutsis suivi d'une autre vague d'exilés. 

Les Tutsis exilés au  Burundi s'emparent du pouvoir politique et militaire.  L'indépendance y est proclamée le 1er juillet 1962, avec installation d'une monarchie constitutionnelle et le français comme langue officielle.

La situation politique du Burundi reste tendue; en 1966 la monarchie des Tutsis est renversée par un coup d'Etat des Hutus qui  proclament  la république.  Les 27 années suivantes , une série de dictateurs tutsis dirigeront le Burundi. 

En 1993, la première élection multipartite dans ce pays amène au pouvoir un président hutu qui sera assassiné 3 mois plus tard. 

La situation devient explosive quand, le 6 avril 1994 , le président hutu suivant est lui aussi assassiné , avec le président du Rwanda.

Au Rwanda s'ajoute , en effet, à la tension, depuis 1990, l'action du Front patriotique rwandais (FPR) , créée par de jeunes Tutsis, exilés, qui veulent reprendre le pouvoir. 

La mort des deux présidents met le feu aux poudres: la radio rwandaise appelle alors chaque Hutu à tuer tous les Tutsis, "ces insectes nuisibles". Ainsi se déclenche le génocide des Tutsis, au Rwanda, qui dure 3 mois et qui rejaillit sur le Burundi: il exacerbe la vengeance que les Tutsis vont exercer contre les Hutus du Burundi. Les massacres ne s'arrêteront  qu'en 2000 après un accord conclu sous la protection de l'ONU. 

 Rappel

L'autobiographie et le roman autobiographique comme genre littéraire

Le mot autobiographie est formé de

* auto- , élément du grec "autos" qui signifie "soi-même"

*bio-, élément du grec "bios" qui signifie "vie"

*graphie, élément du grec qui signifie "écrire

Milan Kundera (écrivain français d'origine tchèque, né en 1929) fait, à propos de Jacques le fataliste( de Diderot), une remarque très importante. A l'origine, dit-il " c'est par l'action que l'homme sort de l'univers répétitif du quotidien où tout le monde ressemble à tout le monde , c'est par l'action qu'il se distingue, des autres et qu'il devient individu.

Mais Diderot , lui est plus sceptique. Jacques "ne peut jamais se reconnaître dans son acte. Entre l'acte et lui une fissure s'ouvre. L'homme veut révéler par l'action sa propre image mais cette image ne lui ressemble pas. Le caractère paradoxal de l'action est une des grandes découvertes du roman. Mais si le moi n'est pas saisissable dans l'action où et comment peut-on le saisir? Le moment arriva alors où le roman (autobiographique, épistolaire..) , dans sa quête du moi dut se détourner du monde visible de l'action et se pencher sur l'invisible de la vie intérieure".   

Dans le même sens , Dolf Oehler spécialiste allemand dans la littérature du XVIII e siècle dit que :" L'  autobiographie marque plus qu'un autre genre, ce tournant en littérature où l'énergie intellectuelle , au lieu d'aspirer à la connaissance de l'univers entier se concentre sur le moi comme sur un monde en petit, où l'on découvre les charmes de l'introspection, du souvenir, du souvenir de l'enfance surtout, du rêve et de la rêverie, de la solitude. "

 L'autobiographie est issue de la culture européenne occidentale et chrétienne: elle hérite en effet de la pratique de la confession , qui est une analyse de l'individu par lui-même. Les premiers écrits proches du genre autobiographique sont chrétiens (ex. Les Confessions de saint Augustin).

Mais il faudra attendre le XVIIIe siècle et les Confessions de Rousseau pour voir apparaître la première autobiographie au sens moderne. A partir du XVIIIe siècle les autobiographies se multiplient : Si le grain ne meurt d'André Gide, La règle du jeu de Michel Leiris, Les mots de Sartre, Enfance de Nathalie Sarraute...

* L'autobiographie se caractérise par l'identité entre l'auteur, le narrateur et le personnage principal. L'auteur raconte sa vie, ses états d'âme, ses émotions , son évolution , il est sujet de son livre.

Le roman autobiographique reprend des éléments très proches de la vie de l'auteur et il autorise des travestissements de la réalité ( changement de noms de personnes, transformation de certains faits...) que ne permet pas l'autobiographie: A la recherche du temps perdu de Proust est un roman autobiographique car les noms de personnages, les faits ne correspondent pas exactement à la réalité. 

Donc Petit pays , publié en 2016, est un roman partiellement autobiographique , au moins pour une raison:  l'auteur s'appelle Gaël et le personnage principal du livre s'appelle Gabriel. 

L'auteur

Gaël Faye est né en 1982, à Bujumbura, capitale du Burundi. Né d'un père français et d'une mère rwandaise, il mène une enfance paisible jusqu'à ce que le génocide de Rwanda, en 1994, le force à l'exil. En 1995, il s'installe à Versailles avec sa mère. Il mène avec succès des études de finances , il travaille dans le secteur de la finance quelques années et  ensuite il se consacre définitivement,  à sa passion pour la musique et l'écriture. Son premier album solo, de musique rap,  Pili Pili sur un croissant au beurre, sort en 2014 et son premier livre Petit pays , en 2016. Le roman connaît un grand succès ; il remporte de nombreux prix, et est adapté au cinéma.

Petit pays

Gaël Faye s'inspire de sa propre histoire pour écrire non pas une pure autobiographie mais un            roman autobiographique : Petit pays.  

Structure

Les 31 chapitres( chaque chapitre ayant  une cohérence interne à la manière d'une nouvelle)  du roman sont encadrés par un prologue, suivi d'un passage en italique et à la fin, d'un passage en italique suivi d'un bref épilogue. Le dialogue (entre le père et son Gabriel), du prologue, introduit le basculement du monde dans la guerre. On apprend qu' au Burundi et au Rwanda cohabitent 3 ethnies: les Hutus , les Tutsis, et les Pygmées et que la mère de Gabriel est  Tutsi. 

 Dans le prologue, on entend la voix de l'enfant et dans le passage en italique, le narrateur adulte évoque sa vie en exil en France et sa nostalgie du pays perdu. 

Dans le passage en italique qui précède l'épilogue, le narrateur adulte nous ramène dans son bureau et puis à Bujumbura où il revient après 20 ans et retrouve un ancien ami et sa mère vieillie. L'épilogue se présente comme antérieur au roman , dont il annonce l'écriture: " Le jour se lève et j'ai envie de l'écrire!".

Le roman est divisé en 2  parties: la première partie, des chapitres 1 à 15, est le récit de l'enfance, le temps du bonheur et la deuxième partie, des chapitres 16 à 31 est la fin de l'enfance insouciante et l'entrée dans l'Histoire et les horreurs du conflit.

Résumé

 C'est Gabriel le narrateur adulte qui débute son récit. Il avoue n'avoir jamais compris les raisons de la séparation de ses parents( son père français et sa mère rwandaise), à la fin de 1992.  Il n'avait que  10 ans alors. Ils habitaient tous, dans une belle maison, dans une impasse,   à Bujumbura (capitale du Burundi )et avaient  des employés ( Prothé, cuisinier hutu, Innocent, chauffeur tutsi, Donatien, contremaître zaïrois). Le jour de Saint-Nicolas, lui, sa soeur Ana et ses parents avaient rendu visite   à Jacques (colon raciste,  ami de son père), au Zaïre . Ce jour là Yvonne , la mère offensée par les propos racistes de Jacques et du père, se leva et quitta la terrasse. Ce fut la fin du bonheur pour Gabriel! Ce fut son premier chagrin. 

Le lendemain Yvonne, furieuse,  après avoir cassé des verres, des vitres, des assiettes et adressé des injures au père , quitta la maison et abandonna ses enfants. Gabriel passa la Noël et le Réveillon avec son père, eut un vélo comme cadeau. 

Ce vélo de Gabriel,  a son histoire. On le lui vola,  mais avec l'aide de Donatien et d' Innocent, Gabriel le retrouva chez un paysan pauvre. Donatien lecteur assidu de la Bible et qui symbolise la conscience morale dans le roman, conseilla Gabriel de laisser le vélo au paysan qui ne pourrait plus jamais en acheter un autre pour son enfant. Gabriel n'obéit pas, reprit son vélo mais par la suite, un sentiment de remords  naquit en lui;  il s'éveilla à la notion d'injustice, comprit le poids de la misère et put se situer dans le système colonial.

Quant à sa soeur et à sa mère , elles passèrent les fêtes de fin d'année au Rwanda, chez une tante qui avait un garçon Christian et 3 filles. Le Rwanda était le pays natal de la mère ; elle l'avait quitté avec sa mère, sa grand-mère et ses deux frères  Alphonse et Pacifique, en 1963, pour fuir la guerre civile entre les Hutus et les Tutsis. Les jeunes Tutsis exilés créèrent FPR (le Front patriotique rwandais ) dans le but de reprendre le pouvoir en Rwanda. Pacifique rejoignit le FPR dès que l'âge le lui permit.

Gabriel avait une correspondante, Laure d'Orléans et une petite bande d'amis avec qui il jouait.  Ils se baignaient ensemble à la rivière,  pêchaient, plaisantaient, volaient des mangues. Gino était son meilleur ami. La rivalité entre Gino et un autre enfant, le redoutable Francis, plus âgé, symbolise le passage vers la peur et la guerre

 Au mois de juillet 1993 , les élections présidentielles multipartites suscitèrent la joie populaire; c'était un président hutu du Frodebu  qui les emporta. Ensuite , l'anniversaire des 11 ans de Gabriel offrit l'occasion d'une belle fête dans le jardin, autour d'un barbecue au crocodile. 

Au mois de septembre ce fut la rentrée au collège, de Gabriel. Rendant une visite à son ami Gino, Gabriel  aperçut une fissure importante dans le mur, indiquant un mouvement sismique. Dans le roman, les séismes symbolisent la violence imminente sous le calme apparent. 

**

Au mois d'octobre 1993 le président hutu fut assassiné par l'armée; les massacres commencèrent , la violence gagna le pays. L'Impasse de Gabriel resta encore épargnée ; les jeux et les escapades continuaient pour lui et ses amis. 

Cependant, un vol de mangues dans le jardin de Francis provoqua la violente vengeance de ce dernier, qui tenta de noyer Gabriel et Gino dans la rivière. Gino avoua sous la menace de Francis que sa mère était morte .Francis orphelin lui aussi s'excusa pour son acte cruel devant Gino et devint son ami. 

 Les massacres et les disputes, comme celle entre Prothé (hutu ) et Innocent( tutsi ), se multiplièrent. Le père licencia Innocent. A l'école il y avait aussi les deux camps: des Hutus et des Tutsis et la situation imposait à chacun de faire partie d'un camp ou de l'autre.

Au mois de février 1994, Gabriel partit en vacances au Rwanda avec sa mère et sa soeur Ana afin d'assister au mariage de Pacifique avec Jeanne, une jolie rwandaise. L'atmosphère entre les Hutus et les Tutsis était tendue.

Le 7 avril 1994 les deux  présidents hutus celui du Burundi et du Rwanda furent tués en avion, dans un attentat, événement qui déclencha le génocide des Tutsis (tenus pour responsables),  par les Hutus, au Rwanda.  En juillet, après 3 mois de massacres, le FPR prit  le dessus sur le gouvernement génocidaire , en déroute. Alors la mère de Gabriel partit au Rwanda à la recherche de sa famille. 

Le génocide du Rwanda rejaillit sur le Burundi: il  exacerba la  vengeance que les Tutsis exercèrent contre les Hutus.

L'évolution de la bande d'amis se poursuivit désormais sous l'influence de Francis, qui voulait en faire un gang. Cette fascination de Gino et de Francis pour la violence et la vengeance , amena  Gabriel à s'éloigner d'eux et à fréquenter une voisine qui lui prêtait  des livres.

L'insécurité s'installa; la violence se banalisait. 

Au Rwanda , Yvonne retrouva tous les membres de sa famille  morts sauf sa soeur qu'elle alla chercher au camp de réfugiés de Bukava (Zaïre) . Elle ne la trouva pas, mais rencontra Jacques qui la ramena en voiture à Bujumbura, chez le père. 

La mère plongea dans la dépression et racontait chaque soir à sa fille les horreurs du génocide qu'elle avait vues. Gabriel raconta à son père ce que la mère infligeait à Ana et la dispute entre les parents éclata . Yvonne disparut de la maison. 

Un jour,  cinq  Tutsis armés  pénétrèrent dans la maison de Gabriel et menacèrent Prothé (hutu) et demandèrent à la famille de quitter le Burundi , car ils accusaient les Français d'être complices du génocide au Rwanda. Cette menace acheva de tuer l'enfance du narrateur. Mais les livres de la voisine de Gabriel lui offraient une échappatoire. 

Plus tard , Francis conduisit Gabriel auprès d'un gang tutsi dirigé par Innocent( l'ancien employé du père). Sous la pression du gang , Gabriel lança un  briquet dont la flamme immola un Hutu, ligoté dans un taxi.

Les violences s'intensifièrent , la population fuyait massivement. Gabriel et Ana quittèrent le Burundi afin de rejoindre  une famille d'accueil en France. 

L'analyse

 Petit pays est un roman autobiographique mais aussi un roman d'apprentissage et d'initiation dans lequel le jeune Gabriel bascule dans le monde adulte. Il maîtrise peu à peu sa peur et accepte la séparation de ses parents. Il découvre la réalité violente et s'initie à l'Histoire et à la politique, à la violence et à la mort. 

 L'auteur aborde dans son texte plusieurs grands  thèmes: celui  de l'enfance ( "Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j'ai compris que je l'étais de mon enfance");  du génocide (Petit pays retrace les étapes qui amènent des individus paisibles à devenir violents en paroles et actes); de la migration et de l'exil (le père, Jacques, Mme Economopoulos ont choisi de migrer en Afrique pour travailler mais la mère,  Gabriel et sa soeur  ont connu l'exil ou le départ forcé); du post-colonialisme en Afrique (Jacques symbolise la mainmise violente de la Belgique sur le Zaïre, le père, français, fait travailler les autochtones pour lui); de la lecture et de l'écriture (Gabriel découvre grâce à sa voisine, Mme Economopoulos les livres , l'auteur insère dans le roman 5 lettres, une citation de Jacques Roumain, du dialogue ). 

 Les thèmes du génocide, de la migration, de l'exil, du post-colonialisme de Petit pays m'ont apporté  des connaissances importantes sur le monde  extérieur. Mais c'est du thème du livre et de l'écriture que j'ai tiré un  profit plus intime.

* J'ai appris qu'il est très important de trouver au plus tôt (à 2-3ans) un guide qui nous fasse découvrir petit à petit le monde mystérieux des livres.

Chanceux, Gabriel le trouva à 11 ans : c'était sa voisine,  Mme Economopoulos qui remplaça aussi sa mère absente.  Un jour, cette voisine invita Gabriel dans son salon et lui,  fut attiré par sa grande bibliothèque. Elle lui expliqua qu'elle avait lu tous les livres de sa bibliothèque. Ces livres étaient les grands amours de sa vie. Ils l'avaient  fait rire, pleurer, douter, réfléchir, l'avaient  changée, avaient  fait d'elle une personne meilleure.

* J'ai retenu qu'un livre  nous fait vivre des émotions ou nous  invite à réfléchir , il peut nous changer , changer notre vie . Comme un coup de foudre! Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. 

Cette dame lui prêta un livre qu'il se mit à lire, le soir, dans son lit. C'était l'histoire d'un pêcheur , d'un petit garçon et d'un gros poisson. Au fil de la lecture son lit se transforma en bateau, il entendait le clapotis des vagues tapant contre le bord du matelas, il sentait l'air du large et le vent pousser la voile de ses draps.  Et puis, elle lui prêta un autre livre, et la nuit suivante en le lisant, il entendait le bruit des fers, qui se croisaient, le galop des chevaux, le froissements des capes de chevaliers, le froufrou de la robe en dentelle d'une princesse. 

* J'ai appris que les livres d'aventures enflamment  et développent notre imagination .

Chaque fois Mme Economopoulos voulait savoir ce qu'il pensait du livre lu. Au début, Gabriel lui racontait brièvement l'histoire, quelques actions significatives, les noms des lieux et des protagonistes. Et puis , il commença à lui dire ce qu'il ressentait, les questions qu'il se posait , son avis sur l'auteur ou les personnages. Grâce à ses lectures il avait aboli les limites de son quartier, le monde s'étendait plus loin. Il n'avait plus envie d'écouter ses copains parler des Hutus et des Tutsis;  il a pu se construire une bulle de bonheur au milieu de la guerre qui déchirait son pays. 

*J'ai appris qu'il faut  résumer les livres lus,  analyser les thèmes y aborder ce qui, à la longue nous permettra de parler "d'une infinité de choses tapies au fond de nous même" et d' identifier nos goûts, notre manière de voir et de restituer l'univers .

Mme Economopoulis et Gabriel se mettaient dans le jardin et discutaient, pendant des heures, des livres. Elle lui donnait confiance en lui, ne le jugeait jamais, avait le don de l'écouter et de le rassurer. Et avant de partir vers la France , Gabriel alla dire au revoir à Mme Economopoulis . Elle lui prodigua d'intarissables conseils: veiller sur ses jardins secrets, devenir riche de ses lectures, de ses rencontres, de ses amours et ne jamais oublier son pays! Elle lui donna un poème de Jacques Roumain (poète haïtien ,1907-1944): "Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, comme qui dirait : natif natal, et bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres , le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes." 

En fait, écrire Petit pays fait figure de réponse venant prouver qu'il n'avait rien oublié.

Bref , lecteur, Petit pays est un livre écrit avec l'âme d'un être humain qui a dû surmonter des épreuves terribles. Le drame de sa vie commence avec la séparation des parents, continue avec le génocide et finit par l'exil. Tous ces moments dramatiques ont marqué son coeur sensible. Et dans le chaos qui l'entourait,  soudain apparut  un rayon de soleil : Mme Economopoulis, amoureuse de la littérature. Elle lui ouvrit une fenêtre vers le monde fascinant des livres qui l'éloigna du tragisme de sa vie et lui procura des joies inoubliables. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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