Simenon, Le train, livre de poche (résumé)

Georges Simenon (1903-1989) est l'écrivain belge francophone le plus lu et le plus traduit au monde (3500 traductions en 47 langues). Gide qui est fasciné par la créativité de cet auteur, le considère un génie.

C'est impressionnant!

Simenon, fils de comptable, obligé de travailler dès l'âge de 15 ans,  déjà reporter à 16 ans lorsqu'il apprend à rédiger de façon efficace . IL approfondit sa connaissance du milieu de la nuit( prostitués, alcooliques, criminels); il a conquis Paris à 20 ans, l'Amérique à 42 ans, et le monde entier pour l'éternité.

Le train (résumé)

Dans ce roman, Simenon évoque la Seconde Guerre Mondiale. Il y transpose son expérience de guerre: en 1939, il se trouve à La Rochelle où il organise l'accueil des réfugiés belges.

L'intrigue est simple. Marcel, réparateur de radios, sa femme Jeanne et leur fille de 4 ans Sophie mènent une vie confortable. Ils vivent à Funay, dans la Meuse. Mais la guerre éclate et les Allemands envahissent la Belgique. La famille est alors contrainte de  quitter Funay. Un train doit les conduire vers La Rochelle.Mais, à la gare, Marcel est séparé de sa femme et de sa fille. Dans le wagon, il fait la connaissance d' une jeune fille Anna avec laquelle, il vit une pure mais hélas! courte histoire d'amour.

Simenon propose ici comme dans la plupart de ses romans une intrigue simple mais un cadre riche en formes, couleurs, senteurs, bruits, saveurs, et sensations tactiles , des personnages forts et un héros attachant ayant une intériorité.

Ainsi, du train, Marcel put apercevoir les châteaux de la Loire. En descendant vers la Vendée il  entrevit la mer pour la première fois. L'eau était de la couleur du ciel, et comme elle reflétait la lumière, comme le soleil était à la fois au-dessus et au-dessous, il n'y avait plus de limite à rien. Sa peau, ses yeux, tout son corps n'avaient jamais aspiré aussi avidement le soleil et il savoura toutes les nuances de la lumière, toutes les sortes de vert des prés, des champs et des arbres. Et puis arrêtés, dans une petite gare, Marcel s'assit sous un pin, près d'Anna. Les odeurs, le frémissement de l'air, les bruits imperceptibles de la vie existaient comme dans son enfance.

La narration est menée par Marcel. Il y alterne faits, description et introspection. Oui, cette guerre, il l'attendait comme une affaire personnelle, une rencontre avec le destin. Il avait déjà vécu une guerre en 1914, à 6 ans et se rappelle le départ de son père, les Allemands, les affiches sur les murs,le rationnement,le mauvais pain, le manque de sucre et de beurre. Il avait 10 ans quand il vit sa mère rentrer toute nue, la tête rasée, et puis repartir le laissant avec la propriétaire. Le père rentra de la guerre et se mit à boire. Ne menant pas une vie d'enfant, à 14 ans Marcel devint  tuberculeux et une dame charitable l'envoya au sanatorium où il resta 4 ans. Ensuite il apprit son métier et se maria avec Jeanne qui était pour lui le symbole de la vie normale.

Marcel aimait toujours sa femme; il n'avait rien à lui reprocher. Pourtant une cassure s'était produite: cette aventure amoureuse avec Anna. Mais cela ne signifiait pas que le passé n'existait plus pour lui. Seulement, pour un temps indéterminé, il vivait sur un autre plan où les valeurs n'avaient rien de commun avec celles de son ancienne existence.

Il vivait un entracte hors de l'espace et il dévorait ces journées et ces nuits avec gourmandise. Il n'avait pas honte de ses désirs sexuels. Il n' y avait ni passé, ni avenir mais juste un présent fragile qu'il dévorait et dégustait avec Anna. Il se gavait de petites joies, d'images qu'il allait garder toute sa vie, au fond de lui. Il était heureux!