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Interlude de littérature
12 décembre 2021

Les Frères Karamazov de Dostoïevski: une inépuisable matière à réflexions !

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Feodor Dostoïevski (1821-1881) est un romancier réaliste russe, connu comme fin explorateur de l'AME humaine. Lire son oeuvre "c'est déchiffrer son propre coeur, ses obscurités, ses opacités et y laisser pénétrer la lumière qui assainit, guérit, humanise..".

Littéralement,  dans ses oeuvres, il dépeint la Russie, les Russes. Mais, en réalité, ses personnages incarnent ses propres complexes, ses peurs, ses problèmes qui sont les nôtres comme le dit, brillamment ,Hugo dans sa préface aux Contemplations: "Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis; la destinée est une. Prenez donc ce miroir et regardez-vous-y. Hélas! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas? "

La mère de Fedor, personne douce, sensible, meurt lorsqu'il a 16 ans. Son père est médecin mais c'est un homme brutal qui s'impose  à la maison,  par la distribution d'injures et de claques. Fedor le déteste et  souhaite inconsciemment sa mort. Il n'a que 18 ans lorsque son père est assassiné par ses serfs, sur ses terres. Fedor a l'inpression qu'il est responsable de ce crime car il a désiré la mort de son père. 

Orphelin de bonne heure, Dostoïevski entame une carrière militaire qu'il abandonne rapidement pour se consacrer à l'écriture. Il fréquente un groupe politique libéral qui soutient que la Russie ne trouvera pas son salut dans le mysticisme mais dans le progrès de la civilisation, groupe dont tous les membres sont arrêtés et condamnés à mort. Grâcié, Dostoïevski, échappe de justesse à l'exécution ( 1849) mais il est déporté dans un bagne en Sibérie. Ce séjour, qu'il racontera dans Souvenirs de la maison des morts(1861-1862), est le lieu d'une crise morale et religieuse décisive. Le même Dostoïevski ne voit, dorénavant,  le salut de la Russie que dans la transfiguration religieuse de l'âme humaine.

De retour à Saint-Pétersbourg (1853), il dirige des journaux et publie plusieurs romans. Il se marie ,en 1857, avec une femme Marie mais son bonheur est bref.  En 1864 Dostoïevski est marqué par le décès de son épouse et de plus, par celui de son frère. En 1867 il se remarie. Malade et accablé de dettes, il voyage en Europe (1867) et se prend de passion pour les jeux de hasard. Cette période nourrira davantage sa réflexion sur la condition humaine.

 Ses oeuvres les plus importantes paraissent entre 1866 et 1880: Crime et Châtiment, Le joueur, L'idiot, Les Démons, Les Frères Karamazov. Elles expriment une interrogation profonde sur le bien et le mal, le désarroi de l'homme face à l'absence de Dieu, à sa liberté et à sa responsabilité.

 

Les Frères Karamazov

 

Vous savez que la tradition littéraire compte quatre genres canoniques: la poésie, le théâtre, l'essai (texte argumentatif) et le récit qui revêt une multitude de formes: l'épopée, le mythe, le conte, la nouvelle, le roman (d'aventure, policier, d'apprentissage, épistolaire, autobiographique..).

Les Frères Karamazov est un long RECIT composé de 4 parties.  On rappelle que les composantes d'un récit, en général, sont:

-la narration ou le discours narratif ( qui présente les actions des personnages, repose sur un schéma narratif-situation initiale, élément perturbateur,  péripéties,  solution, situation finale- , suit un ordre chronologique ou procède par des retours en arrière ou anticipations, qui a un rythme) ,

-la description( des lieux , des objets et des personnages)

- les paroles des personnages(rapportées telles qu'ils les ont dites dans le discours direct DD, ou résumées dans le discours indirect DI),

-le narrateur (peut être un narrateur anonyme qui raconte à la 3e personne ou narrateur-personnage qui raconte à la 1re personne) 

-son point de vue (omniscient, externe, interne)

Ici, un narrateur anonyme raconte à la 3e personne l'histoire d'un parricide: un des Frères Karamazov (Dimitri, Ivan, Aliocha et Smerdiakov, le bâtard) tuera Fedor, le père. Quant au schéma narratif, dans la situation initiale on présente la famille Karamazov. Dimitri et le père tombent amoureux d'une même femme : Grouchenka. L'intrigue amoureuse est encore plus complexe. Dimitri avant de tomber amoureux de Grouchenka était fiancé à Katerina.  Alors que le père s'entiche lui aussi de Grouchenka, son frère Ivan s'éprend de Katérina. Ce conflit amoureux qui représente l'élément perturbateur, aboutira, après des péripéties compliquées , à une solution funeste: l'assassinat du père. La situation finale est celle de la punition de Dimitri, le présumé auteur du parricide.

 Le point de vue est omniscient car ce narrateur voit tout , sait tout, dit tout au lecteur.

Il décrit magnifiquement tous les personnages, les lieux. Prenons un exemle de portrait: "Le visage de Fedor portait les marques de sa vie de passions: des poches, des rides profondes. Il avait encore une grande bouche aux lèvres gonflées où apparaissaient des débris de petites dents noires."

Prenons un exemple de description de lieu: "La maison de Fedor, c'était une batisse plutôt vieille mais d'apparence agréable. Le salon de la maison avait un mobilier précieusement ancien. Les meubles étaient tous très vieux, blancs, recouverts d'une vieille étoffe rouge mi-soie, mi-coton. Sur les parois situées entre les fenêtres on avait disposé des miroirs dans des cadres maniérés d'un style désuet, blancs également avec des dorures. La tapisserie, blanche elle aussi, se fendillait en maints endroits et les murs s'ornaient de deux grands portraits dont l'un était celui de quelque prince, et l'autre représentait un évêque. Dans l'angle qui faisait face à la porte d'entrée se trouvaient plusieurs icônes."  

Le narrateur rapporte aussi les paroles des personnages au DD, présente les faits en ordre chronologique, recourant également au feedback lorsque Dimitri,  le présumé coupable, raconte ce qu'il a fait le jour du crime. Au début du récit le rythme est accéléré : on résume l'enfance et l'adolescence des frères( donc 20 ans),  dans le livre 1  de la partie 1 du récit et ensuite le rythme ralentit. Le jour du crime, et les deux jours qui le précèdent sont racontés dans les livres 2  et 3 de la  partie1 et  les parties 2 et 3 et  enfin la détention et le procès de Dimitri dans la partie 4. Donc  dans L1 du P1: un résumé de 20 ans /   L2, L3 du P1 et P2, P3  : le jour du crime et les deux qui le précèdent / P4: détention et procès

Les Frères Karamazov est un roman très complexe: il est d'abord un roman policier populaire qui  peut se lire aussi comme une  pièce de théâtre et dans lequel, se posent de grandes questions philosophiques.

 

 * Ce roman gigantesque, de plus de mille pages, a tout d'abord tous les ingrédients d'un roman POLICIER: le crime, le coupable, la victime, le mobile, le mode opératoire et l'enquête. Il retrace l'histoire tragique d'une famille russe, ayant vécu au XIX siècle, siècle de la montée du socialisme ( incarnation moderne de l'irreligion). Fedor, mauvais  père, appartenant à la petite noblesse désargentée, homme dépravé, bouffon , pique-assiette est tué, lâchement , par un de ses quatre fils. Qui est donc l'auteur de ce parricide? Le lecteur va le savoir mais la justice, elle, se trompera dans son verdict.

 

* Les Frères Karamazov se lit aussi comme une pièce de THEATRE , avec ses moments de tension dramatique, ses retournements de situation, ses dialogues , monologues, tirades passionnées.. tantôt violents, tantôt attendrissants. Chez Dostoïevski le dialogue est le moteur de l'intrigue, c'est une caractéristique de son style.

Et comme une énorme  pièce de théâtre, ce roman est découpé en 4 parties, chacune divisée à son tour en 3 livres, chaque livre étant divisé en chapitres. On dirait des actes et des scènes.

 

 Voilà la liste des personnages que vous pouvez consulter plusieurs fois , afin de mieux comprendre  cette histoire compliquée. Il y a la famille Karamazov, leurs domestiques, des femmes( Katerina, Grouchenka..) , des enfants( Kolia, Ilioucha,  ) , les notables de la ville( procureur, médecin, ispravnik, juge) , les représentants de l'Eglise( le starets Zosima, des moines...) , des paysans , des marchands, représentants de l'armée( colonel, caporal..)  Tout pour peindre la société russe du XIX siècle.

 

Fedor Karamazov, 55 ans ,marié deux fois, est le père de trois fils (Dimitri, du premier mariage, Ivan et Alexeï du second mariage), et le père illégitime de Smerdiakov, dont il fait son domestique. C'est un homme impudique, vulgaire qui n'élève aucun des fils.

Grigori , vieux domestique de Fedor.

Dimitri Karamazov, 28 ans , est exalté, impérieux et dépensier. Il entre en conflit avec son père au sujet d'un héritage dont il a été spolié et d'une femme Grouchenka, que les deux hommes désirent. A cause de sa menace , devant témoins, de tuer son père, il sera accusé du meurtre de son père.

Pierre Mioussov, cousin de la mère de Dimitri. Il va le prendre en charge, à la mort de la mère.

Pierre Kalganov, parent éloigné de Pierre Mioussov. Il sera un des témoins au procès.

Pierre Perkhotine, prêteur de Dimitri, qui dénoncera Dimitri à la police

Ivan Karamazov , 24 ans, fervent rationaliste, marqué par la souffrance qui existe dans le monde, et tout particulièrement celle des enfants. Il voue à son père , une haine qui finit par le ronger intérieurement après l'assassinat de celui-ci. Influencé par Smerdiakov, et en proie à une santé mentale qui se dégrade, Ivan devient peu à peu convaincu de sa propre culpabilité dans l'affaire.

Alexeï Karamazov( nommé aussi Aliocha) , 19 ans,  le héros du roman est un être sympathique. Au début des événements, il est novice au monastère local, sous la coupe du starets Zosima. A la mort de Zosima, Alexeï est renvoyé dans le monde.

Rakitine , fils de pope, est séminariste au monastère avec Alexeï.

Pavel Smerdiakov, fils de Lizaveta, une femme muette de la rue, et probablementle fils illégitime de Fedor. Il est le domestique de Fedor. Morose, rongé par un sentiment d'exclusion et d'abaissement de la part des autres, épileptique comme Dostoïevski , Smerdiakov voue une admiration particulière à Ivan, partageant ses idées sur l' athéisme. Il avouera à la fin du roman, qu'il est le meurtrier de Fedor et prétend avoir agi selon les idées d'Ivan: "dans un monde sans dieu tout est permis".

Grouchenka , 22 ans, femme de bon plaisir. Abandonnée, à 17 ans par un officier polonais, elle vit depuis, sous la protection d'un vieux marchand. Elle charme Fedor et Dimitri.

Fénia, domestique de Grouchenka

Katerina est la fiancée de Dimitri, liée à lui depuis que ce dernier a payé les dettes de son père. Elle est orgueilleuse mais généreuse. Si elle reste fidèle à Dimitri , elle est troublée par l'amour que lui porte Ivan.

Madame Hohlakov femme noble distinguée de la ville. Elle a une fille Lise de 14 ans paralysée des jambes.

Maria Kondratieva, la voisine de Fedor, amie de Smerdiakov .

Zosima, starets du monastère,  père spirituel d'Aliocha . Ses dons prophétiques et guérisseurs font de lui une personne vénérée par les habitants de la ville. Sa popularité inspire aussi de la jalousie parmi les moines du monastère. Gravement malade il meurt.

Le père Théraponte, ermite, adversaire du starets

L'écolier Ilioucha est la figure centrale d'une intrigue secondaire. Son père, le capitaine Snegiriov, officier ruiné, est humilié par Dimitri.

Kolia , 14 ans ami d'Ilioucha. Il a des idées socialistes.

Fetukovitch, avocat célèbre, qui défend Dimitri au procès

Herzenstube, docteur de la ville, témoin favorable à Dimitri

Michel Macarovitch, ispravnik ou policier

Hypolyte, le procureur

Nicolas, le juge

 

 Le livre 1 de la  PARTIE 1 se déroule sur une vingtaine d'années.

On y  apprend que Fedor épouse Adélaïde, jeune femme belle et dotée ( argent que Fedor va savoir  multiplier) qui lui donne un fils, Dimitri. Elle quitte Fedor pour un séminariste, meurt et laisse son fils de 3 ans orphelin. Ce sont les parents de la mère qui vont le prendre en charge. Il aura une enfance malheureuse, désordonnée et grandira dans la certitude de posséder  une fortune appréciable. Il fait quelques études et devient officier.

Lorsque Dimitri n'a que quatre ans, le père se remarie avec Sophie,  fille belle mais sans dot. Elle meurt 8 ans après et lui laisse deux enfants Ivan et Aliocha de 7 et  4 ans. C'est une générale, la bienfaitrice de la mère qui va s'occuper, d'abord, de leur éducation et à sa mort son héritier principal les prendra en charge. Ivan fait des études à l'université et commence à travailler comme journaliste. Il écrit un article sur la juridiction ecclésiastique.  C'est un intellectuel alors qu' Aliocha abandonne sa dernière année de collège pour entrer au monastère. Aliocha est un être débordant d'amour pour ses semblales. Il ne juge personne et ne garde jamais le souvenir des offenses.

A leur maturité, respectivement  à leur 20, 28 et 24 ans , Aliocha,  Dimitri et Ivan se rendent dans la ville de leur père:  Aliocha pour rentrer au monastère( situé près de la ville de Fedor), sous la coupe du starets Zosima, Dimitri pour régler le problème d'héritage avec le père.   Ivan, lui vient chez son père à la demande de son frère Dimitri. Seul, Ivan logera chez le père.  

 

Les livres 2 et 3 de la  PARTIE 1 se déroulent sur un jour: l'avant veille du jour du meurtre.

A midi, la petite famille se réunit pour la première fois, dans la cellule du starets Zosima( l'intitution des starets fut conçue pour la régénération morale de l'humanité, pour son perfectionnement spirituel) . Ce dernier est censé aider le père et Dimitri à se réconcilier. Ils ont un désaccord au sujet de l'héritage et de plus ils sont amoureux tous  deux d'une même femme: la jeune Grouchenka, protégée par un vieux marchand. Dimitri étant en retard, le starets sort et bénit les malheureuses paysannes qui l'attendent dans la cour du monastère et la dame Hohlakova avec sa fille Lise, de 14 ans, paralysée. Enfin, Dimitri arrive, mais l' entretien finit mal. Dimitri plein de rage contre son père déclare devant tous, son intention de le tuer :" Pourquoi faut-il que vive un tel homme?"

Ensuite Fedor rentre chez lui; il habite avec Ivan et trois domestiques: Grigori, sa femme et le jeune Smerdiakov. Ce dernier serait le fils illégitime de Fedor conçu avec l'idiote de la ville. Après avoir mis au monde ce bébé dans le jardin de Fedor, elle meurt et Gregori et sa femme élèveront cet orphelin. Plus tard, il fait sa première crise d'épilepsie, puis il apprend le métier de cuisinier et devient le cuisinier de Fedor. 

Aliocha, lui, part voir Katerina, la fiancée de Dimitri  mais  croise en route Dimitri. Il raconte à son jeune frère comment il a connu Katerina et comment il a fait d'elle sa créancière et puis sa débitrice. Dimitri travaillait alors à l'armée sous les ordres du père colonel de Katerina. Le père colonel, dépositaire pour l'armée de quatre mille cinq cent roubles, les prêtait régulièrement pour de courtes périodes. Un jour, les fonds ne lui furent pas rendus mais le colonel fut sommé de les rembourser . Dimitri l'apprit et fit part à sa fille Katerina de sa capacité à l'aider en lui donnant une lettre au porteur de cinq mille roubles. Peu après une parente de Katerina décida de la doter largement; Katerina remboursa Dimitri en lui demandant de l'épouser. Dimitri se fiança avec elle, mais, mal à l'aise dans cette situation, demanda à Ivan d'aller la voir et celui-ci en tomba amoureux.

Ensuite, Dimitri, Katerina et Ivan se rendirent dans la ville du père . Peu après , Katerina confia à Dimitri 3000 roubles en lui demandant de les envoyer à sa soeur à Moscou. Mais ce jour là il tomba amoureux de Grouchenka et  dépensa  cette somme dans un cabaret, avec elle.  D'autre part Dimitri apprit de Smerdiakov que son père était aussi tombé amoureux de Grouchenka et avait préparé une enveloppe avec 3000 roubles à la disposition de cette femme si elle acceptait de venir avec lui.  Après avoir raconté cette histoire à Aliocha, Dimitri lui annonce qu'il veut rompre ses fiançailles et épouser Grouchenka.

Aliocha continue ses visites et va voir le père qui se trouve entouré d'Ivan, de Gregori et Smerdiakov. Dimitri rentre, peu après, furieux en criant "Elle est là" et se met à la chercher. Il heurte son père, le fait tomber et lui donne, sans pitié, des coups de pieds. Il frappe aussi Gregori à la tête. Violent, d'abord, dans les paroles, Dimitri passe à des actes d'agression physique.

Enfin Aliocha quitte le père et va chez Katerina. Celle ci avait invité chez elle Grouchenka. Alors que Katerina comprend que Grouchenka ne s'intéresse pas à Dimitri, cette dernière revient sur ses mots et redit son intérêt pour lui . Katerina se sent trahie..

A la fin de la journée Aliocha retourne au monastère et retrouve le starets très affaibli.

 

Dans les livres 4 et 5 de la  PARTIE 2 est raconté l'emploi du temps d'Aliocha, la veille du jour du meurtre.

Aliocha , le matin voit le starets, puis passe chez le père qui a le nez enflé du coup reçu de la part de Dimitri,  la veille.

Ensuite se dirigeant vers la maison de madame Hohlakova, il tombe en  chemin au milieu d'une bataille d'écoliers qui jettent des pierres à l'un d'entre eux, un petit garçon en disgrâce. Alors qu'Aliocha essaie de les raisonner , l'enfant en disgrâce lui mord profondément la main.

 Arrivé chez madame Hohlakova, il va voir d'abord , sa fille, Lise, puis rejoint  dans le salon, Katerina et Ivan qui étaient en train de se  disputer. Ivan conclut qu'il n'est pas aimé par Katerina et  décide fermement de partir à Moscou, le lendemain. Dans un autre ordre d'idées, Katerina raconte à Aliocha comment , dans un accès de rage, Dimitri a frappé et humilié Sneguirev, un officier à la retraite, sous les yeux de son fils et les collègues de ce dernier.  On voit que Dimitri est impulsif et d'une cruauté impensable. Katerina donne à Aliocha 200 roubles et lui demande d'aller les porter au pauvre Sneguirev.

Aliocha passe, à la demande de Katerina,  voir  le capitaine Sneguirev, chez lui  pour lui proposer réparation de la part de Dimitri qui regretterait soi- disant son geste. Sneguirev lui présente sa famille, sa femme handicapée, ses 3 filles et son fils Ilioucha, le garçon qui a mordu Aliocha. Ilioucha l'avait  mordu pour venger l'humiliation subie par son père. Après avoir écouté cette triste histoire , Aliocha lui propose les 200 roubles de Katerina. Snerguirev imagine devant Aliocha comment cet argent pourrait changer sa vie mais finalement le refuse pour ne pas trahir son honneur.

Avant de rentrer au monastère , Aliocha qui cherche Dimitri au cabaret, y rencontre Ivan. Ce dernier a envie de mieux  connaître  Aliocha avant de quitter la ville du père. Ils discutent de Dieu et de l'amour du prochain. Ivan avoue qu'il ne voit pas d'amour du prochain autour de lui mais au contraire beaucoup de souffrance, entre adultes et surtout vis-à-vis des enfants, parfois  traités cruellement dans certaines familles. Aussi, Ivan confie à Aliocha qu'il a inventé un long poème intitulé "Le Grand inquisiteur". Dans son poème, Ivan imagine la rencontre, à Séville, entre un inquisiteur et Jésus vers l'an 1500. L'inquisiteur accuse Jésus d'avoir infligé à l'espèce humaine le fardeau de la liberté et veut le faire brûler. Après ce long réquisitoire, Jesus s'avance vers l'inquisiteur et l'embrasse sur les lèvres. Emu, l'inquisiteur, laisse partir Jésus et lui demande de ne plus revenir.

Ivan rentre à la maison du père, tandis que Aliocha revient au monastère. Le starets, sur le lit de mort, raconte sa vie à ses proches et à Aliocha. C'est une sorte de monologue, d' autobiographie , de récit dans le récit, qui occupe entièrement le livre 6 de la PARTIE 2.

 

Dans les livres 7, 8, 9 de la PARTIE 3 est peint le jour fatal du crime.

Le livre 7 raconte comme le matin du jour du crime, au monastère, la dépouille du moine Zosima, préparée pour les obsèques , commence à dégager une odeur pestilentielle. Or, la putréfaction est associée au refus de Dieu d'accorder le salut au mort. Suite à cet événement, le respect éprouvé pour le starets est remis en cause et des reproches se mettent à pleuvoir sur lui. Aliocha est désemparé par cette situation. Rakitine, son collègue séminariste lui propose, alors d'aller ensemble voir Grouchenka, afin d'oublier son chagrin. Après une petite discussion, Grouchenka part à Mokroïe, petit village, pour retrouver l'homme qu'elle a aimé 5 ans auparavant et qui l'avait alors quittée pour épouser une autre femme. Aliocha  revient au monastère pour prier une dernière fois, avant de  partir vivre dans le monde comme le lui avait conseillé le starets.

Dans le livre 8 est raconté l'emploi du temps de Dimitri , le jour du crime et celui de la veille, par un retour en arrière.

Dimitri doit toujours 3000 roubles à Katerina et ne peut envisager de s'enfuir avec Grouchenka, avant d'avoir épongé ses dettes. Il se met en quête de cet argent, la veille du jour fatal. Il tente d'abord sa chance avec le marchand Samsonov, le protecteur de Grouchenka. Celui-ci l'envoie dans un village voisin, chez Liagavy, marchand de bois qui fait des affaires avec Fedor. Dimitri n'a pas plus de sucès avec Liagavy , chez qui il passe la nuit pour le convaincre, qu'avec le moqueur  Samsonov.

Dimitri revient de son voyage, le matin du jour  du crime et va d'abord chez Grouchenka qui lui demande de la conduire chez Samsonov, son protecteur, car elle devait l'aider à faire sa comptabilité.

Ensuite, Dimitri passe chez son père et apprend qu'Ivan est parti à Moscou, comme prévu, et que Smerdiacov gît dans le lit, ayant sa crise d'épilepsie.

Puis Dimitri se rend chez madame Hohlakova pour emprunter les 3000 roubles. Il joue sa dernière carte mais elle refuse. En sortant, de chez elle il rencontre le domestique du marchand Samsonov qui l'informe que Grouchenka est repartie de chez son protecteur .

Alors Dimitri court chez Grouchenka. La domestique Fénie,effrayée,  lui ouvre la porte.  Grouchenka n'y est pas. Furieux, il prend un pilon en cuivre qu'il voit sur la table. Va-t-il tuer...?

Il court chez le père,  pensant y trouver Grouchenka. Il passe  derière la maison et en franchissant une palissade, saute dans le jardin. Il voit la lumière chez Fedor et sans faire de bruit parvient à la fenêtre éclairée. Il s'approche de la fenêtre ; il voit son père regarder par la fenêtre. Il attendait Grouchenka qui n'était pas là. Que faire? Dimitri frappe contre la vitre le signal convenu . Fedor s'élance à la fenêtre , l'ouvre et appelle Grouchenka. Dimitri se cache. L'ennemi de sa vie est là, tout près de lui.  Il sort de sa poche le pilon de cuivre...Mais le narrateur se tait à ce moment clé..c'est une ellipse.

Au même instant, Grégori se réveille, s'habille et sort fermer la grille du jardin; il voit la fenêtre ouverte chez Fedor et remarque une ombre. Un homme se sauve dans l'obscurité. C'est  Dimitri. Grégori le suit. Dimitri  escalade la palissade, Grégori saisit une de ses jambes. Alors Dimitri descend et lui assène un coup de pilon sur le crâne qui se met à saigner.  Dimitri s'enfuit lâchement. Il retourne chez Grouchenka. La domestique Fenia lui explique que Grouchenka est partie avec son officier polonais à Moroïe.

Dimitri comprend tout! Il savait que Grouchenka avait reçu une lettre de cet homme. Dimitri sort et va chez le fonctionnaire Pierre Perkhotine, reprendre les 2 pistolets qu'il avait mis en gage. Pierre  les lui rend mais s'étonne de le voir plein de sang et tenant une liasse de 3000 roubles. 

De là, Dimitri part vers Mokroïe et en arrivant à l'auberge où se trouvent  Grouchenka et son officier, il se joint à eux, en annoncant qu'il payera tout. Il se met à dépenser inconsidérément l'argent qu'il détient. Les sentiments de Grouchenka se transforment peu à peu. Elle est persuadée qu'elle n'aime pas son officier qui, pauvre,  a dû la chercher pour son argent. Elle se rapproche de Dimitri à qui elle déclare son amour. Dimitri, fou d'amour  veut s'enfuir avec elle. Mais, leurs projets d'avenir  sont  interrompus ,  par l'arrivée de l'ispravnik, du juge, du procureur, qui l'arrêtent pour meurtre.

Le livre 9 de la PARTIE 3 raconte l'enquête . Les hommes de loi, avertis de la mort du père d'une part par Marie la voisine de Fedor et d'autre part par Pierre Perkhotine,  arrivent à Monroïe à 5 h du matin. Dimitri est interrogé. Il nie avoir tué le père. Il renvoie l'accusation sur Smerdiakov qui seul savait où l'enveloppe avec les 3000 roubles, était cachée. Dimitri raconte l'histoire des 3000 roubles de Katerina. Les témoins sont aussi interrogés et tous accusent Dimitri. Ce dernier est arrêté et emprisonné  en attente du procès.

 

La PARTIE 4 est réservée d'une part à la détention et au procès de Dimitri et d'autre part au dénouement de l'intrigue secondaire qui raconte la vie d'Ilioucha.

Le  livre 10 de la PARTIE 4  est consacré à Ilioucha, personnage principal de la seconde intrigue. Il est très malade , il ne peut plus quitter son lit. Son ancien ami Kolia, quelques collègues d'école et  Aliocha viennent le voir et le distraire.

Le livre 11 de la PARTIE 4 raconte des visites et des entretiens: Aliocha va voir Grouchenka, et puis Lise, Dimitri, Katerina . Ivan, lui,  retourne 3 fois chez SmerdiaKov pour l'interroger sur la nuit du meurtre. La troisième fois, la veille du procès,  Smerdiakov finit par  avouer avoir tué Fedor mais tient Ivan comme réel responsable de son acte. En effet Ivan lui avait toujours dit que " tout est permis". Ivan est excessivement agité en écoutant Smerdiakov; il se sent partiellement coupable d'avoir souhaité la mort de son père. Il intime à Smerdiakov de passer aux aveux le lendemain au tribunal mais ce dernier refuse et donne à Ivan les 3000 roubles volés.

Ivan revenant chez lui, se sent toujours plus mal: il a de la fièvre et des hallucinations. Sa personnalité se dédouble et il discourt de religion, d' amour avec un interlocuteur imaginaire. Il est interrompu par Aliocha qui vient lui annoncer le suicide de Smerdiakov.

Le livre 12 de la PARTIE 4 décrit les quelques heures du  procès de Dimitri, le lendemain du suicide de Smerdiakov.

La salle d'audience est pleine de badauds venus de toute la Russie. Sont présents aussi le célèbre avocat Fetukovitch, un président de cour plutôt humaniste, les douze jurés et les témoins.

Dimitri se déclare non coupable. A l'audience, Aliocha redit sa confiance en son frère et suggère que Smerdiakov a pu être le meutrier. Katerina et Grouchenka affirment l'innocence de Dimitri. Ivan à son tour acccuse Smerdiakov du meurtre, déclarant avoir reçu sa confession. Mais, en délirant,  il avoue être le principal responsable de ce meurtre. Alors Katerina revient sur sa déposition et présente la lettre reçue de Dimitri et dans laquelle il jure de tuer son père.

Le procureur commence son réquisitoire en exposant les relations du père et du fils, et puis il revient sur les instants précédant le meurtre, essaie d' éliminer tous les soupçons dirigés contre Smerdiakov.

La plaidoirie de  l'avocat, le défenseur de Dimitri est éminente. Il insiste surtout sur la personnalité de Fedor , père indigne. Il insiste sur les séquelles laissées sur ses fils pendant leur enfance .  Fedor n'a pas fait ce qu'un père doit faire:  donner de l' affection, ouvrir l'esprit, initier au savoir.

Mais finalement , les jurés après s'être réunis , déclarent Dimitri coupable. C'est une erreur juduciaire!

Dans l'épilogue du livre ,  se trament quelques projets d'évasion de Dimitri. Et quant à l'intrigue secondaire, la fin est triste: on enterre 'Ilioucha. Aliocha , entouré de tous les camarades de l'enfant défunt leur rappelle combien les beaux souvenirs d'enfance aident à vivre et leur enjoint d'être courageux, généreux  et gentils en souvenir d'Ilioucha. L'espoir n'est pas éteint: "La vie est belle dès qu'on accomplit dans ce monde quelque chose de bon et de juste! "

 

* Enfin, Les frères Karamazov, son dernier roman,  est aussi un roman  de réflexion philosophique.

Dostoïevski choisit le parricide comme sujet de ce roman. Pourquoi? Eh bien il s' inspire de sa propre vie. Lorsqu'il a 16 ans sa mère meurt. Son père, médecin, plongé dans le désespoir se retire sur ses terres, se met à boire et devient très violent avec ses serfs et un jour ceux-ci le tuent. Alors Dostoïevski se juge le principal coupable de ce meurtre puisqu'il avait désiré secrètement la mort de  son père brutal.

Ainsi Dostoïevski, va placer la culpabilité( vient du latin "culpa" ou faute) au coeur de sa réflexion sur l'homme. Plus précisément, à travers les thèmes de la faute et de la rédemption, c'est la question du MAL qui est posée par l'auteur. On constate que le mal se cache dans les trois milieux décrits par l'auteur:  celui des enfants( Ilioucha tue son chien), de la famille (le parricide), du monastère( les moines sont jaloux des succés du starets).

Tout être humain parfois subit le mal, parfois c'est lui qui fait plus ou moins le mal , aux autres, avec sa pensée, son regard, ses mots, ses gestes, ses comportements, ses actes. Même les enfants sont souvent maltraités ou, eux mêmes font du mal en disant des obscénités, en torturant les animaux... Ici, d'une part Ilioucha se sent humilié voyant son père maltraité d'autant plus que ce dernier lui transmet la haine des autres.  D'autre part, Ilioucha va faire tuer son chien en lui donnant un morceau de pain où il avait caché une aiguille. Alors il commence à se sentir coupable d'avoir tué ce pauvre chien, il a  la haine de soi, en plus de la haine pour Dimitri.  Le père lui achète alors un autre chien mais ça ne suffit pas pour racheter une faute.  Ilioucha  est encore plus tourmenté au point qu'il en sera malade et en mourra.

Comment  sortir de ce tourment intérieur, de la haine de soi et des autres pour accéder à une vie heureuse? La solution selon Dostoïevski est de reconnaître, d'admettre sa culpabilité, devant les autres: "Reconnaissez vous coupables de tout et envers tous. Le jour où l'humanité l'aura compris, le royaume des Cieux sera la réalité. Mais il faut une transformation psychologique et morale de l'humanité. Actuellement nous sommes dans l'Ere de l'isolement. Chacun cherche son bonheur individuel. Mais cela mène à l'anéantissement de l'âme.

La doctrine actuelle est : Accrois les désirs. Chez les riches elle engendre l'isolement et la mort intérieure, chez les paysans, l'envie et le meurtre.  Les pauvres tombent aussi dans l'isolement. L'ivrognerie ronge l'âme de notre peuple. Que de cruauté dans les familles pauvres envers les femmes et les enfants! "

 

Pour Dostoïevski, l'homme est un être fondamentalement libre: il peut choisir entre faire le bien ou le mal. Mais celui qui  fait du mal, va subir les conséquences.  Dans cette Russie du XIX siècle, l'homme russe  est  d'autant plus tenté de choisir le mal qu'il subit l'influence occidentale du rationalisme matérialiste et du nihilisme, courants de pensée dont Dostoïevski fut proche à l'époque où il fréquentait un cercle socialiste.

 Dans Les Frères Karamazov c'est l'intellectuel Ivan qui incarne ces théories. En partant de l'idée qu'il est inadmissible de torturer et de faire souffrir les enfants, Ivan prône l'utopie du Grand Inquisiteur qui chasse Christ( parce qu'il avait donné aux hommes la liberté de choisir entre faire du bien ou du mal) , usurpe sa place , et , au nom de l'amour, organise le bonheur de l'humanité malgré elle, en l'asservissant, en l'encadrant. En niant l'existence de Dieu, les nihilistes comme Ivan, n'ont plus de morale :"Si Dieu n'existe pas, tout est permis" . L'homme se trouve alors seul, livré à lui-même et à un relativisme vertigineux qui le conduit à tous les errements. Ainsi, bien qu'il ne soit pas à proprement parler l'auteur du crime, Ivan en est l'inspirateur, et il l'avoue au procès: "C'est Smerdiakov et non pas mon frère qui a tué mon père. Il a tué et c'est moi qui lui en ai donné l'idée..." Mais le socialisme matérialiste qu'il défend mène à une impasse, et lui-même finit par sombrer dans la folie.

Alors pour Dostoïevski, qui à la fin de sa vie pleine d'épreuves (un père tyran, 4 ans de bagne, la passion pour le jeu, la mort de son fils de 3 ans,de sa première femme, de son frère) ,  adresse  ce roman d'espoir à la jeunesse,  le salut ne peut venir  que du Christ et de la foi. Aliocha guidé par Zosima , incarne le salut.

 

Alors suivons le bon exemple d'Aliocha qui ne juge personne, oublie les offenses, qui essaie de reconcilier des enfants ainsi que ses frères et  écoutons attentivement   les recommandations du starets  Zosima( homme de foi) ,  avant sa mort: " Mes frères aimez les hommes en dépit de leurs péchés! Aimez les animaux, les plantes, tout! Ne les tourmentez pas! Aimez tout particulièrement les enfants car ils sont pareils aux anges. Malheur à ceux qui offensent les enfants. Surveille ton comportement à toute heure et à toute minute de la journée, afin que la pureté rayonne de toi. Tu passes près d'un enfant, l'âme emportée par la colère et tu lâches quelques vilaines paroles. L'enfant, lui t'a vu et l'image méchante que tu lui as laissée demeurera au fond de son coeur innocent. Tu as semé les germes du mal dans ce petit être.

Mes frères, l'amour est un grand maître mais il faut savoir le conquérir. Il ne s'acquiert pas facilement.  On ne l'obtient qu'à un prix élevé, par un effort continu et prolongé. Il ne s'agit pas d'aimer momentanément et par hasard mais d'une manière continue.

Mes amis demandez au Seigneur de vous accorder la joie. Soyez gais comme les enfants! Evitez de vous laisser aller au découragement.

Souviens toi que tu n'as pas le droit de juger ton prochain. Quant au coupable, laisse le partir sans lui adresser le blâme. Aussi s'il se montre insensible à ta douceur et répond à ton amour par la moquerie , ne te laisse pas troubler par son attitude. C'est cela le fondement de la foi.

Ne haïssez point ceux qui vous repoussent, vous offensent, vous attaquent ou vous calomnient.

Si vous doutez de l'existence de Dieu, efforcez vous d'aimer vos semblables d'un amour actif, incessant. Plus vous parviendrez à aimer, plus vous vous persuaderez de son existence et de la vie éternelle. Quand vous serez arrivés à l'oubli total de vous dans l'amour de votre prochain, votre certitude sera entière.

Fuyez le mensonge fait à soi-même, évitez le dégoût de vous! Combattez la peur. L'amour agissant exige de l'effort, de la patience, c'est une science à acquérir.

Chasse la peur et la tristesse de ton âme. Sois sans rancune envers les gens, oublie les offenses. Pardonne dans ton coeur car si tu aimes, l'amour te sauve.

Qu'est-ce que l'Enfer? C'est la souffrance de ne plus pouvoir aimer! La vie terrestre a été accordée à cette fin: aimer! Il y a des gens qui vont se présenter devant le Créateur sans avoir aimé. "

 

Bref le mal ( fait à autrui ou subi)  est  partout. Il entraine des sentiments négatifs de haine de soi, de rancune, le désir de vengeance..Comment en sortir? En se reconnaissant coupable de tout et envers tous ! Voilà la solution suggérée par Dostoïevski .

En conclusion, Dostoïevski développe sa conception de l'âme humaine à travers l'opposition entre les personnages athées (Ivan, Kolia,..) et ceux qui croient pieusement (Aliocha, Zosima..) . Les premiers croient que Dieu n'existe pas, il s'ensuit que l'homme est livré à lui-même. Il n'y a plus de morale et chacun peut se comporter comme il veut. Pour Dostoïevski le scepticisme d'Ivan est à condamner! DE même, le socialisme censé  satisfaire les besoins de l'humanité entraine une insatisfaction constante. L'homme est tenté d'obtenir plus que ce qu'il a. Cette perversion se trouve chez les personnages violents comme Fedor, qui sombre dans l'alcoolisme et le désir sexuel.

Au contraire, le retour à Dieu peut sauver l'humanité. Aliocha incarne cet espoir. Dostoïevski a voulu représenter à travers la figure d'Aliocha, la tragédie mais, aussi les espérances de la jeunesse russe.

Plus généralement, Dostoïevski exprime dans ce roman les doutes, les contradictions de son esprit. Tout jeune, il doute de l'existence de Dieu et se lie avec les mouvements progressistes et croit lui aussi que les avancées dans le domaine de la science, de la technologie, du développement économique et social sont essentiels à l'amélioration de la condition humaine. Mais il est arrêté en 1849 et jeté en prison en Sibérie et alors il abandonne le socialisme. ( Ce mot recouvre un ensemble de courants de pensées dont le point commun est de rechercher une organisation sociale et économique plus juste. L'objectif est d'obtenir une égalité sociale selon Marx, une société sans classes sociales. Le socialisme est une tendance politique dont le principe est l'aspiration à un monde meilleur.). Avec le temps, son aversion pour la démocratie grandit. Selon lui, l'égalité démocratique n'efface pas la violence des rapports humains mais l'exacerbe. En outre détruisant Dieu et la monarchie, l'homme crée un monde dominé par le matérialisme, l'individualisme, l'égoïsme! C'est pour cela que Dostoïevski revient vers l'Eglise , la seule voie pour un monde meilleur et meurt croyant.  

 

  L'originalité du  génie de Dostoïevski est telle qu'il a pu, en analysant son âme et son propre destin, exprimer en même temps l'âme universelle de l'homme perpétuellement déchiré entre le BIEN et le MAL.

Et pour les lecteurs qui veulent savoir plus...

Selon, Eduard Schuré, auteur du célébre livre Les Grands initiés, le monde s'explique par son évolution matérielle et spirituelle. -L'évolution matérielle représente la manifestation de Dieu dans la matière par l'Ame universelle;

- l'évolution spirituelle représente l'élaboration de la conscience dans les êtres humains et leur tentative, à travers les cycles de vie, pour rejoindre l'Esprit Divin.

L'homme se compose de 3 éléments:

-l'Esprit formé de la 1) conscience divine et de la 2)conscience humaine (pensées, connaissances, intelligence, ..

- l'Ame (ensemble d'émotions, sentiments..

-le Corps (avec ses deux instincts sexuel et d'agression)

Exemple d'un modèle concret: imaginez un morceau de glace( le Corps) , qui emprisonne en lui l'eau (l'Âme) et les vapeurs (l'Esprit)

L'âme alterne son évolution cosmique entre incarnation et vie spirituelle. L'homme renaît avec les facultés qu'il a développées dans les incarnations précédentes, c'est-à-dire avec une âme plus ou moins évoluée, ce qui expliquerait les talents, et le milieu social dans lequel on naît. Lorsque l'âme sera entierement purifiée des vices ( colère, haine..)elle s'unira avec l'Esprit divin: l'homme devient demi-dieu.

Mais pour atteindre cette vérité ultime , l'homme doit développer son intelligence( acquérir des connaissances, vivre des expériences) grâce à la Volonté et au fur et à mesure purifier l'âme des vices et purifier le corps par l'hygiène ( alimentaire, corporelle). L'intellect doit atteindre la sagesse (=savoir toujours distinguer le bien et le mal) !

Dans Les Frères Karamazov chacune de ces dimensions de l'homme est matérialisée par un personnage: l'intellectuel Ivan représente la Conscience humaine, Dimitri représente l'Ame tourmentée , tiraillée entre l'Esprit et le Corps , le débauché Fedor  représente le Corps avec ses deux instincts et le pur Aloicha la conscience divine.

Ce roman nous permet de comprendre comment fonctionne notre monde intérieur , invisible et nous incite à nous instruire pour développer notre intelligence jusqu'à la perfection afin de trouver la sagesse.

Car heureux l'homme qui a trouvé la sagesse et celui qui a acquis l'intelligence: une longue vie est dans sa main droite, dans sa main gauche richesse et gloire. (proverbe biblique)!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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