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Interlude de littérature
9 mars 2022

Pierre Gibert, La Bible, Le livre, les livres

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Pierre Gibert, né en France est un prêtre jésuite français, docteur en théologie et littérature comparée.

I.    LA BIBLE: présentation

La Bible (ou "les Ecritures") a été rédigée en trois langues: l'hébreu, celle de la majeure partie de l'Ancien Testament, l'araméen, tardivement adopté et le grec, la langue du Nouveau Testament.

Dans la Bible hébraïque on distingue trois parties: la Torah ou Loi , les Prophètes et "les Ecrits" qui regroupent des Livres de genres littéraires différents ( poétiques, liturgiques, sapientiaux)

La Bible chrétienne se compose de l'Ancien Testament (Pentateuque, Livres historiques, Livres poétiques et sapientiaux, Livres prophétiques) et du Nouveau Testament ( Evangiles, Epitres de Saint Paul, Epitres catholiques et Apocalypse).

La Loi ou le Pentateuque est formé de cinq livres: la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.

Il y a seize Livres historiques: Livre de Josué, des Juges, de Ruth, Livre I de Samuel , Livre II de Samuel, Livre I des Rois, Livre II des Rois, Livre I des Chroniques, Livre II des Chroniques, Livre d'Esdras, de Néhémie, De Tobie, de Judith, d'Esther, livre I des Macchabées, livre II des Macchabées.

 

II.   DES LIVRES  D'HISTOIRE

Ouvrir la Bible, c'est entrer dans un long récit, sur douze Livres, de la Genèse au Deuxième Livre des rois.

En premier lieu, les onze premiers chapitres de la Genèse rapportent l'histoire de l'humanité depuis ses origines. Cette histoire inaugure les attitudes fondamentales de l'homme face à l'univers, face à la différence des sexes, à la mort et à la violence fratricide, face à la diversité des langues, et surtout face à Dieu et à ses exigences d'obéissance et de pureté morale.

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Image1. La création du monde, Bible de Souvigny, fin XIIe siècle, Bibliothèque municipale, Moulins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En deuxième lieu, dès le chapitre douze de la Genèse et jusqu'à la fin de la Genèse , est rapportée l'histoire d'une famille celle d'Abraham et de ses descendants( Isaac, Jacob, Joséph), errant de Ur au pays de Canaan et de là en Egypte.

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Image2Les générations dans le sein d'Abraham, Bible de Souvigny, fin XIIe siècle. Bibliothèque municipale de Moulins.

 

 

 

 

 

 

En troisième lieu, s'ouvre la longue histoire du peuple hébreu ou du peuple d'Israël. Israël,vient du nom que reçoit Jacob, au terme d'un combat avec un ange. Cette histoire, inaugurée au début du livre de l'Exode, se puorsuivra jusqu' à la fin du Deuxième Livre des Rois. Il s'agit encore d'une errance, celle du peuple hébreu sous la direction d'un chef, Moïse. De l'Egypte, celui-ci conduira son peuple pendant "quarante ans" à travers le "désert" jusqu'au seuil du territoire sur lequel il s'installera.

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Image3. Moïse brandissant les Tables de la Loi, peinture de Rembrandt, 1659. Gemäidegalerie, Berlin.

 

 

 

Moïse apparaît dans l'Exode et dans les autres livres du Pentateuque. Les livres du Pentateuque mettent narrativement, législativement et théologiquement en place  les fondements du peuple d'Israël, prêt, à la fin du Deutéronome, à se constituer en nation sur un territoire délimité.

 

Cette nation se constituera progressivement à partir de la conquête de cette terre menée sous l'autorité d'un chef de guerre, Josué. Cette conquête racontée dans le Livre de Josué, est suivie d'une époque de transition agitée, celle des "Juges". Après quoi la monarchie se met en place. Saül est le premier roi; s'en suit David et son fils Salomon. A la mort de Salomon le royaume se divise en deux parties : Israël au nord, ayant pour  capitale Samarie et le royaume de Juda au sud, ayant Jérusalem pour capitale. Le nord sera conquis par les Assyriens en 750 avant notre ère et le royaume de Juda sera assiégé par les Babyloniens et les habitants seront déportés à Babylone, en 587 avant notre ère.

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Image4. Le Roi David, peinture de Marc Chagall, 1950-1951, Musée du Message biblique, Nice.

 

 

 

 

 

 

Ce récit met en scène un certain nombre de personnages qui orientent sa portée. S'y ajoutent des thèmes qui s'organisent en corps de doctrine.

Dans les premières pages de la Genèse , Dieu apparaît comme premier personnage, unique créateur qui inaugure l'histoire de l'humanité avec laquelle il est dans une grande proximité.

Des personnages humains ( le premier couple humain, Adam et Eve, leurs enfants, Caïn et Abel) entrent aussi dans cette histoire comme des acteurs en relation étroite avec Dieu.

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 Image5Adam et Eve chassés du Paradis, fresque de Masaccio, 1425-1427, Chapelle Brancacci, eglise Santa Maria des Carmine, Florence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Noé et le Déluge, puis Noé et l'Alliance divine avec toute l'humanité, l'appel d'Abraham, la double promesse que Dieu lui fait d'un fils et d'une terre, inaugurent l'histoire en l'orientant de façon précise. Par la suite tout servira au dessein divin ouvert par les promesses faites à Noé et surtout à Abraham. Ainsi par leur appel à conduire le peuple, Moïse, Josué, les rois Saül, David et Salomon diront la fidélité de Dieu à son propre projet.

Dieu fait une histoire ponctuée de prodiges fondateurs dont le peuple gardera le souvenir dans ses fêtes liturgiques(Pâque..): la traversée de la mer des Roseaux sur l'ordre de Dieu et sous la conduite de Moïse, avec le prodige des eaux suspendues pour que le peuple passe et échappe aux Egyptiens;  la "théophanie" du Sinaï où Dieu dicte Sa Loi à Moïse dans le tonnerre, le feu et le tremblement de terre;  la traversée du Jourdain sous le commandement de Josué, permettant l'entrée en Terre promise.

 

* De ce récit surgit une série de THEMES: celui de la création, lié à celui de la désobéissance avec pour conséquence le châtiment. Créés, Adam et Eve transgressant l'interdit divin se voient chassés du Jardin. Mais le châtiment dans la Bible n'aura jamais une portée définitive. Ainsi le Déluge, un châtiment des fautes de l'humanité, aboutit finalement à l'Alliance que Dieu passe avec l'Humanité et dont l'arc-en-ciel est le symbole.

Le thème de l'Alliance est celui qui exprime le mieux le rapport entre l'homme et Dieu dans la Bible. Conclue en Abraham, l'Alliance se concrétise dans la double promesse d'un fils et d'une terre. Mais c'est avec Moïse qu'elle prendra toute son extension. Incluant la Loi, les bénédictions et les malédictions corrélatives de l'obéissance ou de la désobéissance, l'Alliance dit ce qu'est le rapport entre Dieu et son peuple, ce qui explique et ce qui justifie les événements, ce qui détermine la sainteté du peuple et de chaque individu. Tous ces thèmes s'organisent pour se constituer en une théologie.

 

La triple histoire que raconte la Bible permet de percevoir des GENRES littéraires différents et donc de conscience par rapport à ce qui est raconté: mythes, contes et légendes. Les onze premiers chapitres de la Genèse relèvent du mythe et témoignent de la réflexion et des questions d'Israël sur ses origines. A partir du chapitre 12, il s'agit d'épisodes d'une histoire familiale , des soucis de la vie ordinaire: comment s'entendre avec sa belle-famille, avec qui marier son fils..Mais le merveilleux se mêle à cette histoire: Dieu promet à Abraham un fils, en sa vieillesse;  plus tard ce même dieu lui demande de sacrifier ce fils, Isaac, mais un ange l'arrête dans son geste..

Le Livre de la Genèse, le Livre de Josué et celui des Juges témoignent des moments fondateurs tant pour l'histoire d'Israël que pour les sanctuaires et les coutumes. Ces sanctuaires disséminés à travers Israël et liés à tel patriarche ou juge furent les premiers lieux de mise par écrit de ces récits , lieux d'un culte pour les choses de la vie.

Un art du récit populaire était établi ainsi, avec ses règles, sa syntaxe, ses motifs et ces récits se constituant en cycles produisent un début d'histoire.

Plus tard, à une époque où les rédacteurs étaient plus proches de ce qu'ils avaient à raconter, Dieu, très présent au début, tendrait à disparaître du champ du récit. A partir du Premier Livre de Samuel, avec l'histoire de Saül, l'historiographie biblique entre dans la tragédie. L'histoire de David avec son cortège de jalousies fratricides, d'incestes, d'ambitions politiques est une histoire sans recour au divin.

 

A partir du Deuxième Livre des Rois, les Livres historiques ne se présentent plus selon la synthèse caractéristique des douze premiers Livres de l'Ancien Testament. Les Livres d'Esdras et de Néhémie, les deux Livres de Macchabées, mais également les deux Livres des Chroniques sur la vie de David et Salomon,  s'enferment dans les limites de leur objet, la situation d'Israël au retour d'Exil pour Esdras et Néhémie, l'histoire du IIe siècle pour les Livres des Macchabées.

A ces Livres appartenant aux genres historiques et littéraires sont joints les Livres de Tobie, de Judith et d'Esther qui appartiennent au premier abord, au genre historique. Ces Livres disent à leur façon , l'importance de l'histoire en Israël. En réalité, ces trois Livres sont destinés à donner un enseignement de type moral et religieux, à exhorter un Israël tenté par les cultures païennes.

III. LIVRES DE SAGESSE ET DE POESIE

Les livres des Proverbes, de l'Ecclésiaste( ou Qohélet), de la Sagesse, et de l'Ecclésiastique ainsi que le Livre de Job , sont classés parmi les "Livres de sagesse"( ou sapientiaux), tandis que les Psaumes et le Cantique des cantiques sont considérés comme "Livres poétiques".

Il apparaît fondamental d'acquérir la sagesse et de haïr la bêtise car l'homme sage trouve des moyens pour contourner les difficultés et de surmonter les obstacles. Le roi Salomon symbolise le sommet de la sagesse en Israël: neuf chapitres du premier Livre des Rois en font son éloge.

La sagesse biblique est originale par rapport à celles égyptienne et mésopotamienne, car "c'est Yhwh qui donne la sagesse, de sa bouche sortent le savoir et l'intelligence."(P2 6)Le but de toute sagesse biblique est" la crainte de Yhwh", qui n'est pas de prime abord accessible à l'homme, comme le rappelle le Livre de Job (28, 12-13. 20-21).

L'esprit de la sagesse est d'affronter  toutes les réalités de la vie, à commencer par ses difficultés. Dans ce sens le Livre de Job traite de la souffrance et celui de Qohélet de la mort.

Job est un homme riche et très croyant. Soudain il perd ses richesses, sa famille et sa santé. Le Livre de Job se présente sous la forme d'une succession de discours tenus par quatre amis venus consoler Job dans ses épreuves. Résistant aux propos justificateurs de ses amis, il commence par s'élever contre l'injustice du mal qui le frappe. Mais devant la sagesse divine, il reconnaît avoir "parlé à la légère" et se tait.

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Image6. Job visité par sa femme, peinture de Georges de La Tour, Musée départemental des vosges, Epinal.

 

 

Qohélet se présente comme un personnage comblé par la vie: un roi à qui tout a réussi. Mais en fin de compte, il ne peut que se heurter à la réalité de la mort qui fait paraître toute chose vaine, y compris la sagesse: "Vanité des vanités, tout est vanité".

Le Psautier ou recueil des Psaumes est constitué d'un groupe de cent cinquante prières, certaines attribuées au roi David. Se répartissant en différents genres, de l'action de grâce à la prière de demande, de la méditation sapientielle à la révolte la plus violente, ils sont rigoureusement écrits et construits.

Le cantique des cantiques se présente à l'origine comme un poème d'amour sous la forme d'un dialogue entre un jeune homme et une jeune fille. Cette relation d'amour symbolise la relation d'amour entre toute âme croyante et Dieu.

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Image7Cantique des Cantiques IV, peinture de Marc Chagall, 1958, Musée du Message biblique, Nice. 

 

 

 

 

 

 

 

IV.  PROPHETE  ET APOCALYPSE

On distingue entre les"quatre" grands Prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel) et les "douze" petits: Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie.

Les prophètes sont des hommes qui avaient la forte conscience de parler au nom de Dieu, soit pour rappeler Ses exigences à Israël, soit pour lui annoncer le châtiment divin que suscitait sa mauvaise conduite, soit, après le châtiment pour le consoler. Du IXe siècle jusqu'à l'avènement du Christ, ils marquent de leur empreinte toute la religion et l'histoire d'Israël.

On dispose, d'une part  des livres qui témoignent de leurs activités et d'autre part, les différents Livres historiques gardent aussi  le  souvenir de certains d'entre eux.

Dans la plupart des Livres prophétiques, on situe le Prophète dans un moment d'histoire, et puis un récit de vocation rapporte les circonstances dans lesquelles le Prophète  a fait l'expérience de l'appel de Dieu pour parler à son peuple. Les formes littéraires (élégie, satire, hymne, parabole, style oratoire, prières..) de leur prédiction disent une solide formation à l'expression orale et écrite.

Les Prophètes ont une origine quelque peu bizarre, mais ils se définissent par la teneur de leur message. Le premier caractère de ce message est un attachement passionné à Dieu, au Dieu absolument unique et à Son honneur. De ce fait, les Prophètes dénoncent toute forme d'idolâtrie et de superstition. Avant l'épreuve de l'Exil à Babylone en -587, le message est le plus souvent un message de menace de châtiment et après un message de consolation.

 En conclusion, leur message exige le respect de Dieu et du prochain, surtout du plus pauvre. On peut, alors, se demander si, grâce aux Prophètes précisément, Israël n'a pas accédé à la forme supérieure de religion qui fut la sienne et qui, l'a conduit non seulement à une conscience aiguë de l'unicité de Dieu mais aussi à l'idée même d'une alliance particulière avec Lui.

Le titre de "Messie" , celui qui est "oint "(à qui on met de l'huile sur le front) était d'abord attribué, dans la Bible, au roi au moment de son intronisation, après qu'il eût reçu l'onction. Mais les rois d'Israël, "pas à la hauteur" créent une déception envers l'institution monarchique. Face à cette désillusion va se développer l'attente d'un "messie" , envoyé de Dieu, qui va réaliser la dignité royale. La venue d'un "messie" choisi par dieu est annoncé de nombreuses fois, dans l'Ancien Testament, par les Prophètes..Le mot "messie" vient de l'hébreu ; il a été traduit en grec par "Christos"qui a donné en français "christ".

La littérature apocalyptique est un genre très prisé dans l'histoire du peuple d'Israël: on en trouve des traces dans les livres d'Ezéchiel, de Zacharie et un prototype chez Daniel. Le genre apocalyptique fut rendu nécessaire par la déportation en Babylonie (-587) du peuple d'Israël après la victoire de Nabuchodonosor. Dispersé, déraciné, privé de son Temple, le peuple juif est menacé de se dissoudre. C'est alors qu'apparaissent les récits apocalyptiques qui imaginent la fin cruelle de ce monde et l'avènement d'un au-delà meilleur. Il s'agit d'un visionnaire qui s'envole vers le Haut, reçoit une révélation et redescend la livrer à ses semblables. Apocalypse signifie "révélation".

Ensuite, en 70 le peuple juif est chassé de sa terre par les Romains. Le second Temple est détruit et le seul moyen de survivre pour le peuple d'Israël est la diaspora. Alors ce fut encore une profusion des productions apocalyptiques. Les premiers chrétiens , tous juifs, s'emparent de cette tradition du genre apocalyptique et ainsi naît le Livre de l'Apocalypse de Jean.  

 

V.  LE NOUVEAU TESTAMENT

Le Nouveau testament est divisé en trois parties: la première de type narratif et historique, comprend les quatre Evangiles, attribués à Matthieu, Marc, Luc et Jean et les actes des Apôtres; la deuxième partie regroupe une série d'épîtres; enfin l'Apocalypse de Jean.

Les quatre Evangiles racontent les mêmes événements : un complot dans lequel joue la trahison d'un de ses disciples, Judas, aboutissant à son arrestation, à un procès bâclé, à une condamnation à mort et une exécution par le supplice de la crucifixion, entre l'an 30 et l'an 35. Après le récit d'un ensevelissement fait à la hâte, les quatre Evangiles rapportent la résurrection de Jésus d'entre les morts.

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Image8. La crucifixion de El Greco.

 

 

 

 

 

 

 

 

L'ensemble des faits rapportés ne couvre que quelques semaines de la vie de Christ , le souci des rédacteurs des Evangiles étant davantage d'inviter à la foi. Les trois Evangiles de Matthieu, de Marc et de Luc sont appelés synoptiques car ils relèvent des similitudes de récits et de constructions.  Tout au long de leur rédaction les Evangiles se réfèrent aux Ecritures ou AT.

Les Actes des Apôtres rapportent les évènements de la première génération chrétienne. Les Epîtres sont attribués à cinq auteurs dont Paul qui en a écrit 13. Ces Epîtres se présentent comme des lettres adressées à des communautés chrétiennes ou à des responsables de communautés. Leur but et de répondre à des questions de doctrine, de comportement ou de demande de secours.

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Image9. Les Apôtres Pierre et Paul, peinture du Gréco, vers 1587-1597, Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg.

 

 

 

 

 

Ces Epîtres enferment des formules de credo et les hymnes. Les formules de credo se présentent comme des citations qui condensent l'essentiel de la foi chrétienne.  La plus explicite est celle que Paul, dans la première épître aux Corinthiens, dit "avoir reçue": " Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, qu'il est apparu à Pierre, puis aux Douze Apôtres." Ces formules de credo sont disséminées dans tout le Nouveau Testament.

Les hymnes, témoignent d'une autre activité de la première communauté, l'activité liturgique. Elles contiennent aussi l'essentiel de la foi chrétienne.

L'Apocalypse de Jean exprime le double héritage de l'apocalyptique juive et de la foi en Christ. Ce livre dit le choc éprouvé par les premières générations chrétiennes en raison de différentes persécutions qui s'abattirent sur elles. Or la conviction de bénéficier de la protection de Christ se heurtait à l'échec.

Comme dans le judaïsme tardif, un visionnaire se leva et vit le ciel ouvert et, trônant en son centre, l'Agneau égorgé, c'est-à-dire le Christ. L'épreuve de la persécution dénoncée à plusieurs reprises, devait donc apparaître comme la manifestation terrestre du combat cosmique dont la victoire appartiendrait à l'Agneau et ses anges et donc aux chretiens.

 

VI. VINGT SIECLES DES LECTURE

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Image 10. La lecture de la Bible, peinture de Gérard Dou, vers 1628-1631, musée du Louvre, Paris.

 

 

Saint Jérôme (347-420) traduit la Bible en latin et l'Occident latin lui doit une des sources principales de sa culture jusqu'à ce que l'humanisme de la Renaissance ne revienne à la "vérité grecque" et puis "hébraïque" du texte.

L'intégration des Ecritures à la nouvelle culture chrétienne fut facilitée par l'usage de l'allégorie, qui permettait de voir dans les personnages et les événements de l'AT la figure de ce que le Christ était et avait vécu.

Cette façon de lire les Ecritures allait perdurer de l'époque des Pères de l'Eglise (IIe-Ve siècle) à la fin du Moyen Age. Une fois acclimatée et acceptée la Bible ne cessa d'être source d'inspiration de la vie théologique et spirituelle et de l'art.

Mais, au bout de quinze siècles, des crises se sont succédé. La première est provoquée par l'invention de l'imprimerie par Gutenberg qui imprime la bible. Les Humanistes, prônant la réforme de l'Eglise, exigent un retour à la lettre, c'est-à-dire aux originaux grecs et hébreux et surtout au sens littéral qui était le sens spirituel. Ce mouvement est confirmé par les Réformateurs. Mais ni les Humanistes ni les Réformateurs n'avaient prévu la crise de la lecture qui serait engendrée au cours du XVIIe siècle par la vulgarisation de la Bible.

De cette crise , liée à l'avènement de l'esprit scientifique, de la philosophie de Descartes et de la critique historique, allait surgir une nouvelle façon d'aborder la Bible, désignée sous l'expression d'"exégèse critique" qui fut théorisée en 1678.

L'entrée de la critique dans la Bible allait favoriser et rendre nécessaires des rapports à l'archéologie, à l'histoire et aux sciences. La confrontation de la Bible avec les sciences traitant des origines de l'univers, de la vie, fut délicate.

Bref, la Bible reste une oeuvre éminemment religieuse. Pourtant, la variété de ses genres littéraires, les témoignages historiques qu'elle recèlent,  contribuent aussi à en faire une oeuvre "profane". En ce sens, elle demeure une source d'inspiration aussi bien littéraire et poétique que religieuse et spirituelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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