La Fontaine, Le lion et le rat: belle reflexion sur la générosité et la patience

"Le mérite de la fable est double: elle suscite le rire et donne une leçon de prudence" disait le fabuliste latin Phèdre.

La fable est un récit allégorique, livrant une leçon( règle de vie). L'allégorie exprime une pensée( une notion abstraite), sous forme imagée( concrète).

En effet, la fable est une forme d'allégorie, car l'histoire imagée qui y est racontée est mise en relation avec une morale abstraite , donnant une portée générale à ce qui n'était en apparence qu'une anecdote.

D'autre part, la fable se prête moins bien que le conte traditionnel à ce que le lecteur s'identifie avec un personnage. Cette difficulté place le lecteur dans la position d'un juge. La fable s'adresse davantage à la faculté de jugement( à l'intelligence) qu'à un goût de rêverie sentimentale. C'est un genre didactique qui sert à l'éducation morale.

Notre fable, comme toute fable classique,  repose sur un jeu d'opposition entre deux personnages , opposition qui est annoncée dans le titre: Le lion et le rat. Le récit de cette fable comporte deux parties, la seconde étant introduite par le mot "cependant". Dans la première partie le rat est en difficulté et le lion se montre généreux, en lui laissant la vie. Dans la deuxième partie la situation est inversée.

Cette fable comporte deux morales,  énoncées au présent de vérité générale:   Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde: / On a souvent besoin d'un plus petit que soi. et  Patience et longueur de temps/ Font plus que force ni que rage.  Ces morales mettent en avant la générosité, la bonté, la reconnaissance et la patience.

On peut prolonger la lecture de cette fable par un petit exercice d'écriture.

Exercice Ecrire un récit. De retour chez lui, le Rat raconte à ses amis l'aventure qui lui est arrivée. Ecrivez à la 1re personne, faites part des émotions du Rat. Il veut, aussi captiver son auditoire, en ménageant le suspense.

* Vous ne savez pas ce qui m'est arrivé hier soir... C'était au crépuscule, à cette heure où toutes les choses se confondent. Un silence profond régnait dans la savane. Un air plus frais se faisait sentir dans mon terrier. De l'entrée de ma demeure, je voyais le  vieux baobab, noyé dans un océan de hautes herbes, sous un ciel incendié par les derniers rayons du soleil.

Mon estomac criait famine et je n'avais rien à me mettre sous la dent. Alors , étourdi, comme d'habitude je me lançai dehors à la recherche de quelque denrée exquise. Si seulement il avait fait un bruit ou exhalé une odeur pour m'informer de sa présence, j'aurais pu rebrousser chemin. Mais lui, silencieux, inodore se reposait, par hasard, auprès de mon logement et lorsqu'il me vit, pour s'amuser plutôt,  posa sa lourde patte sur mon dos et fit de moi son prisonnier.

C'était un terrible lion. Il me prit entre ses deux pattes et m'approcha de son énorme  bouche largement ouverte. Je tremblais comme une feuille, devant ses canines acérées; mon coeur battait fort dans la poitrine.  Epouvanté, j'avais perdu ma voix  et les yeux exorbités, j'attendais ma fin.

Cependant, le Roi des animaux me regarda curieux, quelques instants et se montrant bon, généreux , me reposa sur terre délicatement et me laissa la vie sauve.

Enfin, tout est bien qui finit bien , n'est-ce pas?