A la découverte d'autres mondes, aux XVe et XVIe siècles

 Lecteur, assoiffé d'apprendre, 

Rappelez vous que l'Epoque moderne couvre l'époque historique qui débute à la fin du Moyen Age situé, selon les historiens, en 1453 à la chute de l'Empire romain d'Orient ou en 1492 avec la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et qui se termine en 1792, avec la chute de la monarchie française.

A partir du XIV e siècle, des progrès importants accomplis dans le domaine de la navigation permettent aux Portugais et aux Espagnols de se lancer dans la grande aventure de l'exploration du monde.

Ils espèrent trouver des itinéraires permettant d'atteindre , par mer, les pays d'Extrême-Orient réputés pour leurs richesses (or, soie, épices..). En effet, depuis la prise de Constantinople en 1453, les Turcs ont coupé la route terrestre ,ouverte par l'explorateur Marco Polo qu'empruntaient les Européens pour se rendre en Asie. 

*Des grands voyageurs

Si la Terre était ronde , comme beaucoup le pensaient à l'époque, on pouvait atteindre les Indes aussi bien par l'est que par l'ouest.C'est ainsi que Christophe Colomb, quand il débarque en Amérique, en 1492, croit avoir atteint les Indes, d'où le nom d'Indiens" donnés aux indigènes. 

Magellan(1480-1521) est à la recherche d'un détroit à travers l'Amérique du Sud qui lui permettrait de rejoindre les Indes par l'ouest.

Vasco de Gama contourne le Sud de L'Afrique, franchit  le cap de Bonne -Espérance, le dépasse et atteint l'Inde.

Les intruments et conditions de navigation de ces voyageurs

*Pour se repérer en mer, les marins de cette époque ( XVe etXVIe siècles) disposaient des portulans (cartes des ports) et utilisaient des instruments de navigation tels que la boussole qui leur indiquait le nord, et puis l'arbalète, le quadrant et l'astrolabe qui leur permettaient de calculer la latitude. 

*La caravelle est le navire des découvertes: c'est un bateau solide, permettant de naviguer par tous les vents grâce à son système de voiles carrées et triangulaires. La caravelle a été mise au point par les architectes du prince portugais Henri le Navigateur.

La vie des marins à bord était difficile : ils étaient à l'étroit, dormaient sur le pont , subissaient les rats, les cafards, les poux, les puces. 

Le chargement était composé  de provisions ( eau, vin, vinaigre, poisson salé, porc, boeuf, farine, riz, biscuits, lentilles, haricots secs) , de munitions (boulets de canon, poudre, carreaux d'arbalète), matériel de pêche (lignes, hameçons), et marchandises en vue des cadeaux à faire aux indigènes rencontrés. 

Mais les carences en fruits et légumes frais provoquaient chez les marins une maladie invalidante et mortelle: le scorbut. Cette maladie attaquait d'abord les gencives  puis le visage où apparaissaient des ulcères: le malade souffrait d'hémorragie et blocage d'articulations et finissait par en mourir.

*Des récits de voyages

Les récits sur les grandes découvertes ( des XVe et XVIe siècles) se présentent sous la forme: 

-de romans (récits fictifs) où apparaissent des personnages réels     

Exemple:  Jean Côme Noguès, Le voyage inspiré

-de témoignages réels, rédigés par les explorateurs (lettres, journal de bord, souvenirs de voyage):

Exemples:

-Cristophe Colomb, La découverte de l'Amérique, journal de bord et autres récits, traduit de l'espagnol par S. Estorach et M. Lequenne

-Jean Léry, Histoire d'un voyage fait en la terre de Brésil, dans C. Trotot, Recits de voyage I, Le Nouveau Monde, Flammarion.

-Peter Crisp, Christophe Colomb, traduit de l'anglais par Ch. Prigent, Gallimard

-Philippe Nessmann, A l'autre bout de la terre-Le tour du monde de Magellan, Flammarion

L'auteur d'un tel récit de voyage décrit les régions découvertes: géographie, flore, faune, peuples indigènes. Ils utilisent des comparaisons qui font référence au monde connu du lecteur. 

La faune

Ainsi Christophe Colomb , abordant une île des Bahamas, découvre de nouveaux poissons "qui sont comme les coqs, parés des plus fines couleurs du monde:bleus, jaunes, rouges et toutes les couleurs. D'autres sont bariolés de mille manières et leurs couleurs sont si belles qu'il n'est homme qui ne s'émerveille et ne s'extasie à les regarder. Il y a aussi des baleines et à terre perroquets et lézards."

La flore

Jean de Léry , religieux français séjournant au Brésil ( vers 1578) découvre l'ananas qui est pour lui le "plus excellent fruit de l'Amérique." La plante qui produit ce fruit ressemble au glaïeul et ses feuilles courbées et cannelées se rapprochent plus de celles de l'aloès. Elle croît amoncelée comme un chardon et son fruit, de la grosseur d'un melon moyen et ressemblant à une pomme de pin, pousse comme l'artichaut. Quand ces ananas arrivent à  maturité, ils sont de couleur jaune azuré et ont une telle odeur de framboise qu'on les sent de fort loin. Aussi leur goût fondant est si doux qu'il n'y a confiture de ce pays qui les surpasse. 

Les peuples indigènes

Le 6 décembre 1492, Christophe Colomb arrive sur les côtes d'une nouvelle île qu'il nomme Hispaniola (Aujourd'hui Haïti). Dans une de ses lettres il fait le portrait moral des indigènes qu'il y rencontre. Les indigènes se montrent dans un premier temps craintifs; mais lorsqu'ils ont surmonté leur peur ils sont accueillants et offrent naturellement ce qu'ils ont en y mettant tout leur coeur. Ces comportements témoignent de leur extrême générosité.

Les hommes de Colomb sont tentés de donner aux indigènes des objets sans valeur (tessons d'écuelles cassées, morceaux de verre, pointes d'aiguillettes), sans doute en échange de menus objets précieux, mais Colomb s'oppose à ce qu'on leur fasse de tels dons, car, même s'ils se montrent contents, ce serait les tromper et et abuser de leur confiance.

Jean de Léry et ses compagnons séjournent pendant toute une année dans un village du Brésil. Dans ses souvenirs de voyage, il fait le portrait physique des indigènes. Ils ne sont point plus petits  ou plus grands de stature que les Européens; leurs corps n'est ni monstrueux, ni prodigieux par rapport aux Européens. Mais ils sont plus forts, plus robustes et replets, plus dispos ; et il n'y en a même presque point de boiteux, de borgnes, de contrefaits, ni d'infirmes parmi eux.

Ce qui étonne particulièrement Léry , c'est le fait que les indigènes vivent très longtemps (jusqu'à 100 ou 120 ans) , tout en conservant la couleur de leurs cheveux. En outre , il est frappé par le fait qu'ils vivent tous nus, sans  montrer aucun signe d'en avoir honte ni vergogne.

 La géographie 

 Christophe Colomb décrit dans une lettre à Luis de Santangel, qui l'a aidé à réaliser son projet, une île  qu'il vient de découvrir au milieu des Caraïbes: Hispaniola (aujourd'hui Haïti).

La géographie d'Hispaniola est variée: l'île est constituée d'immenses montagnes, toutes magnifiques et de mille formes, de plaines, de vallées, de terres belles et grasses, de fleuves grands, aux bonnes eaux , et dont la plupart charrient de l'or. Les montagnes sont plus hautes que l'île de Ténérife des Canaries et les arbres , en novembre, sont aussi verts et beaux qu'ils le sont au moi de mai, en Espagne. 

Le site est fertile, la flore est riche: arbres, palmiers, pinèdes en quantité, fruits, épices. La faune est également variée: volatiles et troupeaux, rossignols et mille autres sortes d'oiseaux. 

 L'île est riche en végétation (fruits, arbres, plantes); les terres sont fertiles pour planter et semer et pour élever des animaux; on y trouve des mines d'or et d'autres métaux. 

Christophe Colomb justifie la raison d'être de son voyage: il montre à son destinataire, Luis de Santangel, qu'il a découvert des contrées riches, admirables, et aussi qui contiennent des ressources intéressantes pour un pays comme l'Espagne: des métaux et de l'or. 

Le but de l'expédition de Magellan était de trouver un passage maritime à travers l'Amérique du Sud permettant de rejoindre les Indes par l'ouest. Au cours de leur expédition, Magellan et son équipage découvrirent des paysages dangereux et ensorcelants.

Ils s'engagèrent dans un bras d'eau, couloir menant à un monde inconnu et inquiétant. De part et d'autre de ce passage, des glaciers gigantesques  formaient des murs givrés aux couleurs changeantes du bleu turquoise au bleu marin. Certains blocs penchaient dangereusement en avant, craquaient sous les pâles rayons du soleil, rugissaient, menaçaient de s'écrouler et d'engloutir leurs caravelles,  pauvres coquilles de noix.

Plus loin, le paysage changea et devint encore plus ensorcelant. Plus de glaciers , mais une végétation luxuriante, presque suffocante, une épaisse forêt composée de fougères géantes, d'arbres nains balayés par les vents, d'un tapis de mousse épais.

Tout ce qu'ils aperçurent, ce furent d' improbables feux de camp qui illuminèrent la nuit, à bâbord. Ils se laissèrent emporter par leur imagination. "Des hommes habitaient cette terre? Avaient-ils les pieds tournés vers l'arrière et un oeil au milieu du front? Mangeaient-ils de la chair humaine? Les avaient -ils repérés? Mystère! Mais à partir de ce moment-là ils appelèrent cette contrée : La Terre de Feu."

Donc La Terre de Feu est l'archipel montagneux , formant l'extrémité méridionale de l'Amérique du Sud, au delà du détroit découvert par Magellan et qui depuis porte son nom.

 Bref ces récits de voyages ont permis aux Occidentaux de découvrir d'autres cultures et de porter un nouveau regard sur le monde.