L' amitié, source de bonheur / La solitude, source de souffrance !

* L' AMITIE  est un sentiment d'affection réciproque entre deux personnes. C'est une relation qui repose sur des goûts communs, sur l'admiration mais aussi sur des différences. Les romans autobiographiques et les romans de jeunesse traitent souvent de l'amitié ou, à l'inverse de la solitude. Leurs auteurs évoquent leur rencontre avec l'ami(e), font leur portrait et expriment leurs sentiments. 

Ainsi, la femme de lettres française , Simone de Beauvoir( 1908-1986) , dans son autobiographie, Mémoire d'une jeune fille rangée, raconte la naissance et le développement de son amitié pour Elizabeth Mabille, sa collègue de classe, au cours moyen. Simone en fait son portrait physique et moral, évoque leurs goûts comuns et leurs différences.

Elizabeth était une petite noiraude, aux cheveux coupés court. Son naturel contrastait avec la voix stéréotypée des autres élèves.  Elle était  intelligente et avait beaucoup d'humour; tout ce qu'elle disait était intéressant ou drôle.

Comme Simone, elle avait de bons résultats à l'école,  aimait les livres et la lecture. Mais elle avait de plus  d'autres talents : elle pouvait imiter son institutrice, elle  savait faire des sablés, des caramels, des fruits confits.Enfin, elle rédigeait chaque semaine, un journal familial, pour ses grands parents, ses tantes et ses oncles  qui n'habitaient pas Paris. Simone l'admirait pour tous ces talents qui lui faisaient défaut. 

L'institutrice encouragea leur amitié et leur fit jouer une saynète pour le spectacle de Noël. Sa préparation, leur tête-à-tête sous les feux de la rampe, renforça leur amitié. 

*  La SOLITUDE est la situation d'une personne qui est seule ,soit parce qu'elle se sent différente, soit parce qu'elle a un handicap. Ayant du mal à s'intégrer dans un groupe, cette personne souffre d'un sentiment d'exclusion, source de grande souffrance. 

Jean-Paul Sartre, philosophe et écrivain français du XX eme siècle,  fils d'un médecin tué à la guerre de 1914-1918, est élevé par sa mère et ses grands parents qui le tiennent à l'écart du monde. De très petite taille, il étudie à la maison et rencontre rarement des enfants de son âge.

Dans son autobiographie , Les mots, il se souvient de ses tentatives systématiquement vouées à l'échec pour jouer avec d'autres enfants, rencontrés au jardin du Luxembourg, lors de ses promenades avec sa mère. Il s'approchait d'eux, il les regardait avec admiration: ils étaient beaux, forts, rapides. Devant "ces héros de chair et d'os , il perdait son intelligence prodigieuse, son savoir universel, sa musculature athlétique, son adresse spadassine". Il aurait aimé jouer avec eux, il aurait accepté même un rôle muet d'un  blessé ou d'un mort. Mais ces enfants le frôlaient sans le voir.  Il se découvrit par eux: un gringalet qui n'intéressait personne; il prit donc conscience de sa différence (de taille, d'éducation) par rapport aux autres enfants.  

Sa mère lui proposait de l'aider , en intervenant auprès des mamans de ces enfants mais Sartre refusait son aide. Il ne voulait pas que les autres enfants le convient à leurs jeux sous la pression de leurs mères. Cette situation aurait été encore plus humiliante pour lui. 

Le récit qu'il fait de son expérience d'exclusion est émouvant parce que l'on s'identifie au personnage et que l'on ressent sa solitude; mais il est aussi amusant parce que le narrateur raconte ses mésaventures avec humour. Il était resté à huit ans" portatif , d'un maniement aisé , de format réduit".

En parlant de la solitude, il faut rappeler les situations de HARCELEMENT , à l'école, difficiles à vivre par ceux qui en sont victimes. Dans le  roman Mon heure viendra, de Nina Voht-Ostil, auteur norvégien, le narrateur , victime du harcèlement  à l'école primaire et puis au collège, raconte son expérience douloureuse.

Il était devenu sans s'en rendre compte "le garçon bizarre". Apparemment il faisait tout de travers: il parlait trop fort, il était trop gamin, il levait la main en classe. Ses collègues avaient commencé à se moquer de lui , l'avaient exclu de leurs jeux, ils lui faisaient des croche-pieds, ils lui marchaient sur les talons. Ils l'attaquaient en bande; seul un enfant, Andreas, l'attaquait en solo.

Il se plaignit et la situation empira. Et ce fut encore pire quand sa mère essaya d'aborder ce problème avec les professeurs, les parents des autres enfants, les psychologues qui n'ont aucun pouvoir dans la cour de l'école. 

Alors il essaya de régler seul son problème. Il ne regardait plus personne dans les yeux, il ne levait plus la main en classe, il se rendit invisible. Mais le problème ne fut pas réglé.  Les harceleurs continuèrent de l'importuner mais avec moins d'assiduité car il esquivait  toutes leurs attaques.

En lisant ce roman on éprouve de l'empathie pour ce jeune enfant et on est indigné par le comportement des harceleurs qui s'appuient sur le nombre et exercent leur cruauté loin des regards des adultes.

* Quelle est l'influence des RESEAUX  SOCIAUX  sur l'amitié? 

Les supports techniques des réseaux sociaux sont le téléphone portable, l'ordinateur.  Les réseaux sociaux nous permettent de communiquer à distance par les SMS, les chats et les tweets et de jouer seuls ou en réseau.

Leur utilisation présente des avantages: ces nouvelles technologies peuvent renforcer les liens d'amitié réels en supprimant les distances et en permettant des contacts plus fréquents et à tout moment.

Mais il y a aussi des inconvénients . Certes l'usage des réseaux sociaux permet de créer des liens virtuels mais ceux-ci se révèlent illusoires et finissent  par isoler leur utilisateur du monde.  Les réseaux sociaux peuvent se révéler nocifs si l'on abuse: ils réduisent le temps de sommeil , provoquent la fatigue et peuvent créer une addiction aux jeux vidéos. 

Le chanteur et compositeur belge Stromae propose dans son album Racine carrée, la chanson "CARMEN", écrite sur la musique de l'un des airs les plus célèbres de l'opéra de Bizet, "L'amour est un oiseau rebelle".   Ecoutez-la sur internet! 

Cette chanson dénonce, d'abord la misère morale d'aujourd'hui, l'individualisme qui dénature le sentiment amoureux. Le chanteur considère l'amour un produit de consommation, un produit qu'on peut échanger en caisse. Il ne s'agit plus de générosité, de don de soi, d'ouverture à l'autre mais au contraire de recherche égoïste d'une satisfaction personnelle qui ne peut durer que "48 heures". L'être humain est incapable d'aimer , de construire une relation durable comme si l'amour était un objet dont on se lasse " un jour t'achètes, un jour tu aimes, un jour tu jettes". 

Selon Stromae l'égoïsme contemporain est renforcé par l'utilisation des réseaux sociaux. Il critique donc les réseaux sociaux! Les relations qui s'instaurent entre les utilisateurs du réseau sont des relations qui ne durent pas, qui favorisent un comportement addictif, qui débouchent sur la solitude( "on finit solo"). Le comportement addictif se révèle rapidement: les connecteurs temporels illustrent cet emballement( "D'abord on s'affilie/ Ensuite on se follow / On en devient fêlé / Et on finit solo"). 

Plus précisément, l'addiction se manifeste par le désir d'avoir le plus de contacts possibles "des followers". Il y a obsession du nombre comme si l'être aimé dépendait du nombre de like. C'est une illusion car loin de créer un lien social , au contraire le personnage  est de plus en plus seul. L'auteur s'indigne par une phrase exclamative: "Ah les amis, les potes ou les followers! : Vous faites erreur, vous avez juste la cote". Le désir d'avoir la cote n'a rien à voir avec la véritable amitié ou le véritable amour. 

Chacun se construit une image factice de soi, on se met en scène par des selfies, on partage mille détails de sa vie quotidienne sans jamais développer une vraie relation humaine. C'est paradoxal car au lieu de faciliter le lien social, les réseaux sociaux nous emprisonnent dans la solitude à cause de notre narcissisme.