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Interlude de littérature
6 juin 2023

Jostein Gaarder, Le monde de Sophie: un cours de PHILOSOPHIE pas comme les autres!

 gaarder

 Lecteur, A quoi sert la philosophie? Vous êtes-vous déjà posé  cette question?

Pour Marc Aurèle , seule la philosophie permet de nous guider au milieu des écueils de l'existence; pour Voltaire elle est un remède au fanatisme; pour Sartre elle est ce qui nous dévoile le monde et permet d'y cheminer. 

Pour faire simple,  il y a les légumes, les fruits, la viande qui nourissent notre CORPS( dimension physique).

La littérature (son étude),  la musique (dans le sens de pratiquer un instrument), servent de nourriture pour notre AME (dimension affective ou psychique), nous aident à devenir plus sages (calmes, délicats, aimables..). 

Et la philosophie, elle , nourrit notre ESPRIT (dimension intellectuelle: mémoire, raisonnement, capacité de compréhension) . Elle nous apprend à développer notre intelligence, notamment,  à réfléchir, à passer de la pensée spéculative, à la pensée pratique et puis à la pensée critique.

Philosophie vient du grec ancien , philosopia , composé de phileo "aimer" et sophia "sagesse" et  signifie " amour de la sagesse". Elle vise la connaissance du monde, de soi-même et de l'autre.  

 

Le monde de Sophie 

Jostein Gaarder est un professeur  de philosophie norvégien. Le monde de Sophie est un roman sur l'histoire de la philosophie. L'idée d'écrire un tel roman me paraît excellente . D'ailleurs ce roman a connu un énorme succès international.

Sophie, une jeune fille de 14 ans reçoit un cours de philosophie par courrier et par épisodes, de la part d'un professeur anonyme.  La trame fictionnelle étant alambiquée et relativement peu digne d'intérêt, je ne retiendrai que le cours de philosophie.

 

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE

I. La philosophie antique

Au début des temps, les Grecs comme les autres  peuples, se sont posés des questions sur l'origine de notre existence et du monde. Pour y répondre, ils ont inventé des mythes qui se transmettaient de génération en génération. Vers 700 av. J.C. Homère et Hésiode retranscriront  nombre de ces mythes. Le mythe est un récit lié aux  origines des dieux ( mythes théogoniques) , origine des hommes , origine de la mort, de la maladie...

Vers le VIe siècle av. J.C. , des penseurs, appelés plus tard  présocratiques, s'efforcent de comprendre en termes naturels (plutôt que surnaturels ) comment les choses sont réellement, de quoi elles sont faites et comment elles fonctionnent.  Ainsi, ceux-ci  ont planté les racines de ce qu'on définit aujourd'hui comme étant la philosophie.

1)  Les plus importants présocratiques ou philosophes de la nature sont:

 -Les 3 philosophes de Milet ( ville de la côte d'Asie mineure)  : Thalès, Anaximandre, Anaximène.

Ils cherchent l'élément primordial dont serait issue toute réalité. Pour Thalès l'élément primordial est l'eau: elle engendre les autres éléments; la terre, l'air et le feu.  Pour Anaximandre , c'est l'infini, pour Anaximène, l'air.

- Parménide (515-450 av J.C.)   Selon Parménide, les sens nous donnent une fausse image du monde. Il croit dans la raison. Cette foi inébranlable dans la raison s'appelle le rationalisme. Pour un rationaliste, la raison est source de toute connaissance au monde.

 -Héraclite (540-480 av J.C.) La réalité est un changement incessant des choses, disait Héraclite: les vivants vieillissent, le roc est soumis à l'érosion..C'est le sens de la célèbre formule "Nous ne nous baignons jamais deux fois, dans le même fleuve". 

Le monde , pour Héraclite est une sorte de champ de bataille où s'affrontent des forces opposées. Sans lutte des contraires rien n'évolue ni n'existe. Le conflit recèle une rationalité qu'Héraclite appelle "logos" et qu'il conçoit comme une simple loi naturelle régissant la lutte entre les éléments.

 -Empédocle ( 490-430 av J.C.)   Il rejette l'idée d'une substance unique à l'origine du monde. Il croit que la nature dispose de 4 éléments primordiaux: le feu, l'air, la terre et l'eau. En fait , rien ne change, seuls les 4 éléments s'unissent et se séparent.

Ainsi lorsque un morceau de bois brûle, quelque chose se désagrège. Nous entendons le bois craquer: c'est l'eau. Quelque chose s'en va en fumée: c'est l'air. Quant au feu, on le voit. Enfin, il reste quelque chose quand le foyer s'éteint: c'est la cendre ou terre.

Mais qui est à l'origine de ce mélange des 4 éléments et de leur séparation? Pour Empédocle existent 2 principes à l'oeuvre: l'amour et la haine. A l'origine règne l'amour mais la haine s'introduit dans cette perfection pour donner naissance à une deuxième phase: la haine désintègre le monde jusqu'à ce qu'à nouveau l'amour réinstalle l'harmonie et ainsi de suite.

-Anaxagore (500-428 av J.C.) Selon Anaxagore, les éléments primodiaux sont en nombre infini. Il ne s'agit plus d'un élément unique des philosophes de Milet , ni des 4 éléments d'Empédocle mais des particules en nombre infini et différentes entre elles. Chaque chose contient en elle toutes les espèces de substance quoique l'une d'elles prédomine. Pour lui , il y a aussi une force appelée "intelligence" qui structure et donne forme aux plantes, animaux , aux hommes..

 -Démocrite (460-370 av J.C.) est le dernier grand philosophe de la nature. Il croit que tout est formé d' éléments solides, différents,  indivisibles, appelés atomes. Ils ont une sorte de dents et s'accrochent les uns aux autres. Par exemple, lorsque un arbre meurt, il se décompose , ses atomes se dispersent et peuvent se regrouper pour former un autre corps. 

Démocrite ne croit pas dans l'existence d'une force  ou "esprit". Il croit en ce qui est matériel. Il était un " matérialiste". Pour lui, l'âme est  aussi formée d'atomes. 

 Le destin, l'Histoire, la médecine 

Dans le domaine de la santé et de la politique , les Grecs avaient cru jusqu'au VIe siècle av J. au destin. Croire au destin veut dire que tout ce qui va arriver est décidé par avance. 

Les Grecs croyaient que les hommes pouvaient avoir accès à la connaissance de leur destin à travers l'oracle (= la réponse d'une divinité / le sanctuaire ). 

Les Grecs pour connaître leur destin consultaient l'oracle de Delphes. Apollon était le dieu de cet oracle. Il parlait par l'intermédiaire de la Pythie, sa prêtresse qui trônait sur un fauteuil, au-dessus d'une faille de la terre. Des gaz s'échappaient de cette faille et rendaient la Pythie quasi inconsciente. 

En arrivant à Delphes on posait la question aux prêtres qui officiaient là-bas. Ces derniers la transmettaient à la Pythie. Elle produisait une réponse floue que les prêtres devaient ensuite traduire. 

Au-dessus du temple de Delphes il y avait une célèbre inscription "Connais toi, toi-même!". De nombreux Grecs composaient des poèmes au sujet d'hommes rattrapés par leur destin. La plus célèbre est l'histoire du roi Oedipe.

*

Les Grecs croyaient que la marche du monde se trouvait elle aussi , entre les mains du destin. Mais les historiens grecs , Hérodote (484-424 av J.C.) et Thucydide (460-400 av J.C.) cherchent les causes des guerres, ils n' imputent plus une guerre perdue à une vengeance divine. Ainsi naît l'histoire. 

Pour les Grecs, la maladie, aussi était une vengeance des dieux. Les dieux pouvaient aussi les guérir , à condition que leur soient faits des sacrifices. 

Tandis que les philosophes grecs ouvraient la voie à un nouveau mode de pensée (la pensée critique) , naissait une nouvelle conception de la médecine qui tentait d'expliquer la maladie et la santé de manière naturelle. Le fondateur de la médecine en Grèce fut Hippocrate (460-377 av J.C.) . Selon lui, il fallait vivre de manière mesurée car la maladie est un déséquilibre corporel ou spirituel et le chemin qui mène à la santé passe par la modération, l'harmonie.

2)    La période classique (500-323 av J.C.)

Les sophistes

Athènes devient à partir de 450 av J.C. la capitale culturelle du monde grec. La philosophie prend un autre tournant. Les philosophes de la nature  étaient, avant tout, des hommes de science qui s'intéressaient à l'analyse physique du monde. Mais à Athènes, l'étude de la nature fut supplantée par celle de l'homme et de sa place dans la société.

Et pourquoi? Eh bien, petit à petit, naît , à Athénes, la démocratie ( forme de gouvernement avec le peuple) et une jeune démocratie exige une éducation du peuple. Il fallait apprendre l'art du discours (ou la rhétorique). 

Alors , très vite, une vague de professeurs et philosophes itinérants , originaires des colonies grecques, déferla sur Athènes. Ils s'étaient donné le nom de sophistes( =personne cultivée et compétente) .Ils choisissent de s'intéresser à l'homme. Les sophistes vont enseigner, aux Athéniens,  la rhétorique ou l'art d'argumenter , en étant capables de soutenir une idée et le contraire de cette idée. 

On doit à Platon la signification infamante qui est attachée à la figure du sophiste. Selon Platon le sophiste est un raisonneur peu scrupuleux, qui utilise des arguments captieux dans le dessein de tromper . Pour les sophistes , la raison serait instrumentale, bien utile dans les luttes de pouvoir.

Pour Platon, la raison ou l'esprit n'est pas une faculté au service de l'intérêt de l'homme; elle est l'attribut de la connaissance et de l'action et a un caractère universel. Mais c'est ce présupposé que les sophistes récusent.

Ainsi l'illustre sophiste Protagoras ( 485-410 av J.C.) , théoricien du subjectivisme et du relativisme , cautionne le slogan :"A chacun sa vérité". Selon cette formule, chaque homme est prisonnier de sa particularité et appréhende le réel à travers son prisme. Il n' y a pas de valeur absolue. Il y a autant de vérités que de sujets parlants.

" L'homme est la mesure de toute chose"  est une autre locution philosophique, attribuée à Protagoras. Elle énonce le principe fondamental du relativisme, selon lequel rien n'existe indépendamment de celui qui le perçoit, c'est-à-dire que rien n'a de réalité objective, extérieure au sujet. 

 

* Socrate (470-399 av J.C.)      est considéré comme le père fondateur de la philosophie occidentale. C'est le philosophe le plus énigmatique de toute l'histoire de la philosophie. Sa vie nous est connue grâce à Platon, son disciple. Il a écrit plusieurs dialogues ou conversations philosophiques, en se servant de Socrate comme porte-parole. 

Socrate parcourait les rues d'Athènes vêtu simplement et dialoguait avec tous, en cherchant à les rendre plus sages par la connaissance de leur ignorance: "Je sais que je ne sais rien".  Celui qui ignore qu'il ignore, croit savoir; or celui qui croit savoir ne ressent pas le désir d'apprendre. Comment donc l'éduquer? Socrate prétendait avoir reçu la  mission d'éduquer ses contemporains.

On raconte que la mère de Socrate était sage femme; elle aidait les femmes à mettre au monde des enfants. De même, la tâche de Socrate consistait à faire accoucher les esprits, de pensées justes. On appelle cette  pratique philosophique, la maïeutique. 

Socrate prétendait entendre une voix divine en lui et que cette conscience lui disait ce qui était juste. "Celui qui sait ce qui est bien, fera aussi le bien" répétait-il. Pour lui, une juste vision des choses conduit à une action juste. Si nous agissons mal c'est parce que nous sommes dans l'erreur. C'est pourquoi, il est si important, de parfaire ses connaissances, de s'instruire sans arrêt! 

Toujours à  propos de la morale, les sophistes pensaient que les notions de bien et de mal étaient relatives et pouvaient changer selon les époques. Socrate, au contraire était convaincu, qu'il existait quelques règles éternelles et intemporelles      concernant le bien et le mal. En utilisant notre raison, il nous serait possible , à nous humains, d'atteindre ces normes immuables, car la raison a un caractère éternel et immuable. 

En 399 av J.C. Socrate est accusé d'introduire de nouveaux dieux et de corrompre les jeunes , et condamné à mort. 

 

* Platon (427-347 av J.C.) , disciple de Socrate, fonde  l'Académie,  école de philosophie à l'extérieur d'Athènes.      On y enseigne       la philosophie, les mathématiques et la gymnastique.   

 Platon pense que tout est fait d'après un "moule" qui est éternel et immuable. Par exemple, tout cheval, est  pris, individuellement, dans un processus évolutif qui le conduit à la mort. Mais "le moule " de cheval, lui,  restera éternel et immuable.  Ces moules, Platon les appelle idées. Derriere tous les chevaux, les chiens, les hommes, les lits se trouve l'dée de cheval, de chien, d'homme, de lit.

En conclusion, Platon soutient que derrière le monde sensible ou physique ou matériel se trouve une autre réalité appelée "le monde des idées" ou de l'intelligence , de la raison. Le monde sensible c'est une copie , une imitation du monde des idées. Alors un cheval représenté dans un tableau est une copie d'une copie. 

Rien de ce qui existe dans le monde sensible, le monde des sens ne dure. On ne peut faire confiance à nos sens. En revanche, nous pouvons faire confiance à notre raison. Par exemple si le professeur demande en classe, quelle est la plus belle couleur de l'arc en ciel,   il aura plusieurs réponses , mais s'il demande combien font 3 fois 8   toute la classe donnera le même résultat: 24. 

La raison est éternelle et immuable parce qu'elle s'applique à des objets de nature éternelle et universelle, comme les nombres. Pour résumer, nos sens nous permettent d'avoir de vagues interprétations (opinions)  , alors que la raison nous conduit  à la vraie connaissance scientifique. 

Platon divise la réalité en 2 parties: le monde des sens ou matériel dont nous acquérons une connaissance approximative et imparfaite en nous servant de nos sens et le monde des idées qui nous permet , grâce à l'usage de notre raison, d'accéder à la vraie connaissance.

D'après Platon, l'homme, aussi , est composé  de 2 parties : un corps soumis au changement et qui est lié au monde des sens et une âme immortelle qui est le siège de la raison. 

Platon pensait que l'âme , avant de venir habiter un corps, a existé dans un monde d'idées. Dès qu'elle se réveille dans un corps humain, elle oublie les idées parfaites. D'où le désir de l'âme de retrouver sa vraie demeure. Platon appelle ce désir EROS (amour).

La plupart des hommes s'accrochent aux "reflets" , aux copies des idées, qu'ils perçoivent dans le monde sensible. Ils sont satisfaits de vivre parmi des reflets, des ombres. Pour illustrer la coupure entre le monde sensible et le monde intelligible des idées, Platon utilise l'allégorie de la caverne. 

  Dans une demeure souterraine en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n'ont jamais vu directement , la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne, par un feu allumé derrière eux. Des sons , ils ne connaissent que les échos.

Que l'un d'entre eux, soit libéré de force de ses chaînes et soit accompagné vers la sortie, il sera d'abord ébloui par une lumière , qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous ces changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer.

S'il persiste, il s'accoutumera; il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire. 

La caverne symbolise le monde sensible où les hommes vivent et pensent accéder à la verité par leurs sens.  L'allégorie de la caverne se trouve dans le dialogue intitulé "La République". Platon y brosse, le portrait d'un Etat idéal . 

Il prône une République gouvernée par des philosophes et pour argumenter, il se réfère au corps humain. Le corps est divisé en 3 parties: tête, tronc et bas du corps. La tête est le siège de la raison, le tronc celui de la volonté et le bas du corps celui du du désir.

A chacune de ces 3 qualités de l'âme correspond une vertu. La raison doit se donner comme but la sagesse; la volonté doit faire preuve de courage; et il faut brider le désir pour que l'homme fasse preuve de mesure. 

Il n'y a que lorsque les 3 parties de l'homme fonctionnent pour former un tout, que nous avons  affaire à un homme harmonieux. 

Les enfants doivent, d'abord, apprendre , à l'école, à contenir leurs désirs, puis à développer leur courage et à la fin la raison doit les aider à parvenir à la sagesse.

Platon conçoit un Etat à l'image de l'être humain. Tout comme la tête commande le corps, c'est aux philosophes de gouverner la société. L'état a besoin des soldats (le tronc) et des travailleurs (le bas du corps).

 

* Aristote (384-322 av J.C.), élève de Platon, fut  un grand biologiste . Il a écrit sur toutes les sciences, et on lui doit l'élaboration d'un langage scientifique propre à chacune des sciences.

Aristote n'est pas d'accord avec Platon qui affirme que l'idée de cheval précède le cheval. Il reconnaît que la forme du cheval est éternelle et immuable, mais l'idée de cheval a dû être créée par l'homme, après avoir vu des chevaux. Pour Aristote la" forme "du cheval sont les qualités spécifiques du cheval.

Selon Aristote rien ne peut exister dans la conscience qui n'ait d'abord été perçu par nos sens. Nous naissons avec une raison( conscience),  mais notre raison est toute vide avant que nos sens ne perçoivent quelque chose.

Aristote constate que chaque chose est composée de forme et de matière. La matière c'est ce dont la chose est faite; la forme est la somme de ses qualités spécifiques. Aristote pensait que toutes les choses dans la nature ont en puissance, de devenir, de réaliser une certaine" forme ". Par exemple un oeuf de poule est une poule en puissance.

Il pensait aussi que chaque chose dans la nature a son utilité. Ainsi, il pleut parce que les plantes et les animaux ont besoin d'eau pour grandir. 

La logique d'Aristote

Ce qui est commun à tous les chevaux c'est la forme du cheval. Ce qui différencie tel cheval d'un autre, relève de la matière. Aristote s'attache à démontrer que tout objet fait partie d'un groupe. Il divise les choses de la nature en 2 groupes: les choses inanimées qui ne peuvent pas se transformer en autre chose et les choses vivantes qui portent en elles la possibilité de se transformer. Les choses vivantes se divisent en plantes, animaux et hommes. Aristote pense qu'il existe un dieu qui se place en haut de l'échelle de la nature. Dieu met en mouvement les planètes et tout l'univers.

L'éthique 

 Aristote se demande comment devrait vivre l'homme pour être heureux. Selon lui , l'homme ne sera heureux que s'il développe toutes les facultés qu'il possède en puissance (Corps, sagesse et intelligence). 

Aristote distingue 3 formes de bonheur: vivre une vie de plaisir et de divertissement, vivre en citoyen libre et responsable, vivre en savant et philosophe. Il souligne que ces 3 formes de bonheur doivent être réunies pour que l'homme soit heureux. 

Concernant les relations avec les autres hommes nous devons être généreux et courageux. L'éthique d'Aristote comme celle de Platon rappelle que la modération est l'unique moyen pour l'homme de connaître le bonheur. 

La politique 

Aristote dit que l'homme est un animal politique. Sans la société , nous ne serions   pas vraiment des hommes. La famille et le village couvrent nos besoins de base pour vivre: la nourriture, la chaleur, le mariage et l'éducation des enfants.

La plus haute forme de société c'est l'Etat. Aristote cite 3 formes réussies d'état: la monarchie (un chef d'état), l'aristocratie (plusieurs dirigeants), la démocratie . La monarchie peut dégénérer en tyrannie, l'aristocratie en junte militaire et la démocratie en totalitarisme. 

Image de la femme 

Pour Aristote la femme est un homme imparfait. La femme comme la terre fait pousser la semence et l'homme est le semeur. L'enfant n'hérite que les qualités de l'homme. Cette conception fut dangereuse car elle prévalut jusqu'au Moyen Age.

 

3)  La période hellénistique (323- 50 av J.C.)

Alexandre le Grand , roi de Macédoine remporta la victoire contre les Perses et à l'aide de son armée il relia l'Egypte et tout l'Orient jusqu'à l'Inde , à la civilisation grecque. On entre dans une ère nouvelle de l'histoire des hommes, période qui dura 300 ans et que l'on appela période hellénistique.

   L'hellénisme était caractérisé par la suprématie du monde grec. Tandis qu'Athènes reste la capitale de la philosophie, Alexandrie devient la capitale de la science. Avec son extraordinaire bibliothèque , cette ville devient le centre des mathématiques, de l'astronomie, de la médecine. 

La philosophie hellénistique travailla à approfondir les questions soulevées par Socrate, Platon, Aristote. Le problème essentiel pour eux était de défendre la meilleure façon pour l'homme de vivre et de mourir. 

L'éthique devient donc,  le projet philosophique le plus important. La question était de savoir en quoi consiste le bonheur et comment l'atteindre. La philosophie hellénistique ne connaît aucun nouveau Platon ou Aristote. Cependant Socrate, Platon et Aristote ont inspiré plusieurs courants philosophiques: le cynisme, le stoïcisme, l'épicurisme. 

Les cyniques

Le mot d'ordre des cyniques: "Que des choses dont je n'ai pas besoin!" Antisthène, élève de Socrate,  jeta les bases de cette philosophie , à Athènes vers 300 av J.C. Les cyniques disaient que le bonheur n'est pas dans le luxe matériel, ni dans le pouvoir politique ni dans la bonne santé. Le bonheur est de savoir se rendre indépendant de ces conditions extérieures.

Le cynique le plus célèbre fut Diogène. Il vivait dans un tonneau, et ne possédait qu'un manteau, un batôn, et un sac pour son pain. 

Les cyniques ne devaient pas se préoccuper de la santé, la souffrance, la mort. De nos jours cynique exprime l'impudence, le manque de compassion.

Les stoïciens

La philosophie des stoïciens vit le jour à Athènes vers 300 av J.C. Le fondateur du stoïcisme fut Zénon. Stoïcien vient de portique car il rassemblait ses disciples sous un portique. Le stoïcisme exerça une grande influence sur la culture romaine. 

Les stoïciens gommaient la différence entre l'individu et l'univers et rejetaient toute idée de contradiction entre l'esprit et la matière. Il n'y a qu'une seule nature. On appelle cette conception le" monisme"( en opposition au dualisme de Platon). Les plus  grands stoïciens furent: l'orateur et homme politique Cicéron (106-43 av J.C.) , Sénèque (4av J.C.- 65 après J.C.) et Marc Aurèle (121-180). Cicéron contribua à étendre la culture et la philosophie grecques dans Rome; c'est lui qui créa le concept "d'humanisme". 

Ils croient que rien n'arrive par hasard donc rien ne sert à se lamenter quand le destin frappe à la porte. Nous parlons aujourd'hui de "calme stoïque" pour qualifier une personne qui ne se laisse pas emporter par ses sentiments.

 Les épicuriens

Socrate eut comme élève Aristippe. Selon lui, le but de la vie devait être d'atteindre la plus grande jouissance. Le bien suprême est le plaisir disait-il et le plus grand malheur , la douleur.

Le but des cyniques et des stoïciens était d'accepter la souffrance, celui des épicuriens de l'éviter. 

Epicure ( 341-270) fonda une école des épicuriens , à Athènes. Il développa la morale de plaisir d'Aristippe en la combinant avec la théorie des atomes de Démocrite.

Epicure disait que pour avoir une vie heureuse il faut surmonter la peur de la mort ce qui n'était pas difficile. Selon Démocrite il n'y avait pas de vie après la mort car tous les atomes de l'âme s'éparpillaient de tous côtés à notre mort. Donc Epicure affirmait que la mort ne nous concerne pas car tant que nous existons , elle n'est pas là. Et quand elle vient nous n'existons plus. 

A la différence des stoïciens, les épicuriens manifestaient peu d'intérêt pour la vie politique et sociale. "Vivons cachés" disaient -ils. Epicurien, aujourd'hui, c'est un bon vivant.

4) L'Antiquité tardive (50 av J.C.- 500)

A partir de 50 av J.C. , Rome eut la suprématie militaire et politique. La nouvelle grande puissance reconquit les unes après les autres toutes les provinces hellénistiques. Ce fut le début de l'époque romaine , ce que nous appelons aujourd'hui, l'Antiquité tardive. Alors que les Grecs , sur le plan politique en étaient réduits à n'être plus que les acteurs d'une époque, la culture grecque continuait à jouer un rôle important.

L'Antiquité tardive était sous le signe du doute, du pessimisme et la philosophie s'orienta vers le salut. 

Le courant philosophique le plus remarquable fut le néo-platonisme. Le néo-platonicien le plus important fut Plotin (205-270) qui étudia la philosophie à Alexandrie et s'établit à Rome. Alexandrie fut pendant des siècles le point de rencontre entre les philosophies grecques et la mystique orientale. Le néo-platonisme exerça une forte influence sur la théologie chrétienne.

On se rappelle que Platon distinguait le monde des idées du monde des sens, séparant l'âme du corps. Ainsi il y a dualité dans l'homme: le corps qui appartient au monde des sens et l'âme qui est immortelle. 

Selon Plotin le monde est tendu entre 2 pôles: d'une part il y a la lumière divine, appelée l'Un ou Dieu, de l'autre côté règne l'obscurité totale. Cette obscurité est l'absence de lumière. La seule chose qui existe c'est Dieu! Selon Plotin, l'âme reçoit les rayons de Dieu tandis que la matière est cette obscurité qui n'a pas d'existence réelle. Toutes les choses sont un reflet de l'Un. 

Au cours de sa vie, Plotin eut quelque fois la révélation que son âme fusionnait avec Dieu. C'est ce que l'on appelle une expérience mystique. Dans toute l'expérience mystique on retrouve les mêmes traits.

Le mystique doit suivre le" chemin de la purification et de l'illumination" à la rencontre de Dieu. Dans la mystique occidentale, influencée par les religions monothéistes ( judaïsme, christianisme, islam) , le mystique souligne qu'il fait l'expérience d'une rencontre avec un dieu personnel. Dans la mystique orientale (hindouisme, bouddhisme, taoïsme), le mystique dit faire l'expérience d'une fusion totale avec Dieu ou l'âme du monde.

 

II.  La philosophie médiévale Ve-XVe

   Introduction 

La culture européenne a 2 racines: indo-européenne et sémitique.

Les Indo-européens vivaient, il y a 2000 ans av J.C. autour de la mer Noire et de la mer Caspienne et ils se sont déplacés vers l'Europe, l' Inde, l'Iran,la Russie. Ils se caractérisent par la parenté de langue et de pensée. Ils croyaient en plusieurs dieux. Les 2 religions orientales , le bouddhisme et l'hindouisme ont des origines indo-européennes. Dans ces religions dieu est omniprésent et il est possible de s'unir avec lui. Le but de la vie pour les bouddhistes et les hindous est de se libérer de la réincarnation. 

Les Sémites vivaient dans la péninsule arabe, d'où ils ont émigré dans différents pays. Ils se caractérisent par une parenté de langue et de pensée . Leur pensée clé est de croire en un seul dieu. Les 3 religions qui ont influencé l'Occident , le judaïsme, le christianisme, l'islam ont un fond sémitique. Le Coran et L'Ancien Testament sont écrits en langues sémitiques. Le Nouveau Testament est écrit en grec car le christianisme a subi une influence gréco-latine. Une preuve de cette influence est le fait que l'Eglise chrétienne regorge de représentations de Dieu alors que les Sémites avaient interdit de représenter dieu dans l'art. 

Les Sémites ont une vision linéaire de l'histoire alors que les Indo-Européens en ont une vision cyclique. Pour les Sémites, Dieu créa un jour le monde et c'est le début de l'histoire qui va finir avec le Jugement dernier.

 

LA BIBLE  est composée de 2 livres : l'Ancien Testament, livre sacré du judaïsme  et le Nouveau Testament, livre sacré du christianisme. L'Ancien Testament comprend 4 parties: la Loi ou le Pentateuque, Livre historique, Livres poétiques et sapientaux, Les Livres prophétiques. 

Le Nouveau Testament comprend 5 parties: Evangiles (de Matthieu, Marc, Luc et Jean), Actes des apôtres, Epîtres de Saint Paul, Epîtres catholiques, Apocalypse.

Israël dans l'Ancien Testament

 Tout commença par la création du monde et puis du premier homme, Adam et de la première femme, Eve par Dieu. Etant désobéissants, Dieu les chassa du Paradis( où ils vivaient) sur la Terre. La désobéissance des hommes envers Dieu est un leitmotiv dans toute la Bible.

 Dieu provoque le déluge pour punir les hommes et ensuite suit l'alliance de Dieu avec Abraham et sa famille. L'alliance fut renouvelée avec Moïse lorsqu'il reçoit la table des Commandements sur le mont Sinaï vers 1200 av J.C. Les Hébreux avaient été retenus ( presque 400 ans) en Egypte et c'est Moïse qui les ramène en Israël ou la Terre promise.

A partir de l'an 1000, trois  rois se succèdent en Israël: Saul; David et Salomon. Le roi était considéré le messager de Dieu. Après la mort de Salomon le royaume s'affaiblit et fut divisé en deux: Israël au nord et Judée au sud. En 722 av J.C,  le royaume du Nord est conquis par les Assyriens et le royaume du Sud tombe entre les mains des Babyloniens en 586. Le temple de Jérusalem est détruit et une partie de la population est déportée à Babylone. Cet exil dura presque 50 ans.

Vers 750 av J.C. on assiste à l'apparition d'une série de prophètes ( inspirés par dieu pour prédire l'avenir) qui annoncent le châtiment divin. Ce sont les" prophéties du Jugement". D'autres prophètes annoncent l'arrivée du Messie ou "fils de Dieu". Ce sont les prophéties du "salut". 

Jésus et le Nouveau Testament

 

 Beaucoup s'imaginaient que le "Messie " serait un leader politique qui allait mettre fin aux souffrances des Juifs  opprimés par les Romains. Mais les prophètes avaient déclaré que le "Messie" serait le sauveur de toute l'humanité.

Enfin, Jésus arriva , fit son entrée à Jérusalem et se laissa acclamé par la foule. Il annonça le salut et le pardon de Dieu à tous les hommes. Beaucoup attendaient un "Messie' qui rétablirait "le Royaume de Dieu" par la force. Mais non! Jésus déclara que le "Royaume de Dieu" est l'amour de son prochain, la compassion envers les pauvres et les faibles, le pardon. 

Jésus fut un être exceptionnel, mais son message de paix dérangea la classe dirigeante et il fut condamné à mort. Le mot Christ est la traduction grecque du terme juif "Messie"  et signifie "celui qui a reçu la onction".

* Peu après que Jésus fût crucifié et enterré, des rumeurs disant qu'il était ressuscité commencèrent à circuler. L'Eglise chrétienne croit en la résurrection du corps et à la vie éternelle. 

Peu d'années après la mort de Jésus, le pharisien Paul se convertit au christianisme. Par ses nombreux voyages dans le monde gréco-romain , il a donné au christianisme le statut  de religion mondiale. Les actes des Apôtres du Nouveau Testament nous en relatent les principaux épisodes. 

Un jour Paul débarqua à Athènes, fut conduit sur le mont Aréopage et parla de Jésus. Paul proclama que Dieu s'est révélé aux hommes et est allé à leur rencontre. Paul continua à prêcher la bonne parole partout à Rome, Alexandrie, Corinthe,...Ensuite, en l' espace de quelques siècles, le monde hellénistique tout entier fut christianisé.

Le christianisme s'adressait à tous les hommes avec un message universel de salut. L'ancienne Alliance" entre Dieu et Israël était remplacée par "la nouvelle Alliance" que Jésus avait établie entre Dieu et tous les hommes. 

Le christianisme n'était pas la seule religion à cette époque; il fallait qu'il se démarque des autres. Ainsi, naquirent les premières "professions de foi" . Une profession de foi résume les principaux "dogmes" chrétiens. Un dogme essentiel était que Jésus était à la fois Dieu et homme. 

Conclusion. L'avènement du christianisme dans le monde gréco-romain se traduit par le choc entre 2 cultures: gréco-latine et chrétienne. 

 A partir de l'an 380 le christianisme devient la religion officielle de l'Empire romain. En 395, l'Empire romain fut scindé en 2: l'Empire romain d'Occident avec Rome comme capitale et l'Empire romain d'Orient avec la capitale à Constantinople. 

En 410 Rome fut pillée par les Barbares, et en 476 ce fut la chute de l'Empire romain d'Occident . L'Empire romain d'Orient subsista jusqu'en 1453 lorsqu'il tomba sous les Turcs. 

 En 529, l'Eglise fit fermer les portes de l'Académie de Platon à Athènes. Ce fut la mainmise de l'Eglise sur la philosophie grecque.La même année, 529, voit le jour l'ordre des bénédictins, premier ordre monastique. Désormais les Monastères eurent le monopole de l'enseignement.

C'est au Moyen Age que le système scolaire a pris forme. Au début du Moyen Age fleurissent les premières écoles monastiques , puis vers 1100 , des écoles apparurent au sein des cathédrales et vers 1200 furent fondées les premières universités. 

 Au Moyen Age , les différentes nations se constituent avec des villes et des citoyens, de la musique et de la poésie populaires.  Snorre, l'auteur de l'Edda était un homme du Moyen Age. Et de même Charlemagne, Roméo et Juliette, Tristan et Iseult, Héloïse et Abélard .

Au début du Moyen Age, la culture romaine avec les égoûts, les bains,les bibliothéques publiques volèrent en éclats. Le commerce, les finances aussi. Le monde économique fut marqué par le féodalisme avec les seigneurs qui possédaient des terres et les vassaux qui travaillaient pour eux. 

L'évêque de Rome devient le chef de toute l'Eglise catholique et reçoit le nom de Pape. 

L'empire romain se divise en 3 zones culturelles: à l'ouest la culture de langue  latine avec Rome pour capitale; à l'est la culture chrétienne de langue grecque; en Afrique de Nord et au Moyen Orient , ayant fait partie de l'Empire romain, on voit s'épanouir la culture musulmane de langue arabe.

A la mort de Mahomet en 632, le Moyen Orient et l'Afrique du Nord sont islamisés et peu après l'Espagne aussi. L'islam eut ses lieux sacrés: la Mecque, Médine, Jérusalem, Bagdad. Les Arabes conquirent aussi Alexandrie; et une grande partie de la science grecque fut annexée par les Arabes. Ils jouèrent un rôle important dans les mathématiques, chimie, astronomie, médecine.

Le néo-platonisme fut transmis à l'ouest, tandis que Platon et Aristote le furent chez les Arabes. 

La philosophie du Moyen Age

La philosophie de cette époque avait admis que le christianisme disait la vérité; la question c'était si l'on pouvait concilier la foi et le savoir. 

Les 2 grands philosophes du Moyen Age sont: Saint Augustin (354- 430) et Thomas d'Aquin ( 1225-1274) .

Saint Augustin, né en Afrique du Nord, étudia à Carthage. Il connut de nombreux courants religieux et philosophiques avant de se convertir au christianisme. Le christianisme de Saint Augustin est influencé par le néo-platonisme. Il fut manichéen. Le monde était divisé, selon eux en 2: le bien et le mal. 

Saint Augustin s'intéressait à l'origine du mal. Selon lui, le mal provenait de la désobéissance des hommes.

Le plus grand philosophe du haut Moyen Age fut Thomas d'Aquin. Il est né en Italie mais enseigne à Paris à l'université. On peut dire qu'il était théologien car il n'y avait pas grande distinction entre philosophie et théologie.

Saint Augustin christianisa Platon et Saint Thomas d'Aquin , Aristote. Saint Thomas d'Aquin a essayé de concilier la philosophie et le christianisme.Selon lui il n'y avait pas de contradiction entre la raison et la foi. 

Grâce à notre raison on peut appréhender une partie de la vérité; par la Bible, Dieu nous a révélé  une autre partie. La philosophie d'Aristote présuppose l'existence de Dieu qui serait à l'origine de tous les phénomènes naturels. 

III.  La philosophie de la Renaissance XVe-XVIe 

Le contexte 

    La Renaissance est un grand mouvement de renouveau culturel, à la fin du XIVe siècle qui vit le jour en Italie du nord. Ce qui devait renaître c'était l'art et la culture de l'Antiquité. On associe, à ce mouvement, le terme d' humanisme, parce qu'on partait de l'homme alors qu'au Moyen Age on partait de Dieu.

La Renaissance introduit une nouvelle conception de l'homme. Les humanistes avaient une foi toute nouvelle en l'homme et en sa valeur. On parle d'une deuxième naissance de l'humanisme antique. 

Cette nouvelle conception de l'homme conduit à une nouvelle façon de vivre. Il incombait aux hommes de se réjouir de la vie.

La Renaissance apporte une nouvelle conception de la nature. Dieu est partout dans la nature. On appelle cette conception le panthéisme. On considère la nature divine. 

A la Renaissance apparaît une nouvelle méthode scientifique: la méthode empirique. Cela veut dire que l'on construit son savoir de choses, à partir de sa propre expérience. En appliquant cette méthode, il y a eu beaucoup de découvertes scientifiques. 

Ainsi, en 1543 Copernic démontre que c'est la Terre et les autres planètes qui tournent autour du Soleil. C'est la conception du monde, héliocentrique. Un autre savant, Képler prouve que les planètes décrivent des ellipses et que leur vitesse augmente ,au fur et à mesure qu'elles s'approchent du soleil.

Vient plus tard Isaac Newton qui ne s'est pas contenté de décrire le mouvement des planètes autour du soleil mais il a expliqué pourquoi. Toutes les planètes décrivent autour du soleil des ellipses qui sont le résultat de 2 mouvements: le premier en ligne droite est celui qu'elles ont reçu , lors de la formation du système solaire, et le deuxième est la conséquence de la loi de la gravitation  universelle. 

La Renaissance établit une nouvelle relation à Dieu. Au fur et à mesure que la philosophie et la science s'éloignèrent de la théologie, apparut une nouvelle forme de piété. La relation à l'Eglise comme organisation s'effaça devant la relation personnelle de chacun à Dieu. 

Au Moyen Age , seuls les prêtres et les moines pouvaient lire la Bible, écrite en latin. A partir de la Renaissance la Bible est traduite en langues populaires. Ce fut une étape essentielle pour la réforme de Martin Luther, fondateur du protestantisme. Selon lui, l'homme n'avait pas besoin de passer par l'Eglise ou par les prêtres pour obtenir le pardon de Dieu." L'Ecriture seulement" disait-il.

Les plus importants philosophes de cette période sont : Machiavel, Montaigne et Francis Bacon.

 

 IV. La philosophie moderne XVIIe-XVIIIe

Contexte :  le XVIIe siècle ou l'époque baroque 

 Baroque vient d'un mot portugais qui signifie 'perle irrégulière". Que ce soit dans l'art ou la vie réelle, la vie s'épanouit avec un faste sans précédent alors qu'en même temps , les monastères incitent à se retirer du monde. Une de devises du baroque était "Carpe diem!" qui signifie "cueille le jour!" et aussi une autre "Memento mori!" ou "rappelle toi que tu mourras un jour!". 

Au XVIIe siècle, on répétait "La vie est un théâtre! ". Cette idée se trouve dans l'oeuvre de Shakespeare . Dans Macbeth Shakespeare écrit: "La vie n'est qu'une ombre qui passe, Un pauvre acteur qui s'agite". Calderon de la Barca, dramaturge espagnol, écrit en 1600, la pièce La vie est un songe où il dit: "Qu'est-ce que la vie? Une illusion, une ombre, une fiction, et le bien suprême a peu de valeur, car la vie tout entière n'est qu'un rêve. 

Le baroque , sur le plan politique, fut une époque de conflits. L'Europe était déchirée par Les guerres de Trente ans.

La philosophie fut aussi marquée par des conflits entre les modes de pensée.   Certains accordent un rôle prépondérant aux idées; pour eux le monde et même l'être se réduisent aux représentations que nous en avons. Ce sont les idéalistes. Aux idéalistes s'opposent les matérialistes qui ramènent tous les phénomènes de l'existence à des causes matérielles. Au XVIIe siècle, le plus fervent matérialiste fut Thomas Hobbes . Pour lui ,tout était constitué de particules de matière, même l'âme.

Newton disait que le monde entier est régi par la même mécanique. Il a donné la dernière touche à ce que l'on appelle "L'image mécanique du monde". 

Le mathématicien Laplace croyait que tout est décidé à l'avance. Cette conception du monde s'appelle "déterminisme.

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Le plus grands philosophes du XVIIe siècle sont : les rationalistes  DESCARTES ,  Pascal,  SPINOZA    Leibniz et les empiristes: Hobbes, Hume, Locke, Berkley.

Les philosophes rationalestes : Descartes , Spinoza

1°  RENE DESCARTES (1596-1650)  mena une vie de voyageur, à travers l'Europe. Il vécut quelques années à Paris, puis en Hollande . Un jour, il fut invité en Suède par la reine Christine , il attrapa une pneumonie et mourut. 

Après la redécouverte de l'homme et de la nature se faisait sentir le besoin de rassembler les idées de l'époque dans un système philosophique. Descartes fut le premier à construire un véritable système philosophique

Il partage avec Socrate la conviction que seule la raison permet une connaissance claire. Descartes s'intéresse au rapport entre l'âme et le corps. 

Au XVIIe siècle, on considérait l'âme comme une sorte de souffle de vie qui animait tous les vivants. Pour Aristote, l'âme était un principe de vie indissociable du corps. Au XVIIe siècle les philosophes faisaient la distinction entre âme et corps: tous les objets même les corps des vivants avaient une explication matérialiste mais l'âme ne pouvait pas faire partie de cette "machinerie corporelle". 

Il y a une relation étrange entre corps et âme: si l'on pense à quelque chose de triste , les larmes nous viennent aux yeux. Platon était convaincu que l'esprit était distinct de la matière . Mais quant à expliquer comment le corps agit sur l'esprit et vice-versa, il n'apporte aucune réponse. 

Dans son oeuvre "Le discours de la méthode" Descartes pose le problème de la méthode philosophique à suivre pour résoudre un problème d'ordre philosophique. La science avait trouvé sa propre méthode: la méthode empirique.

La méthode de Descartes est une méthode mathématique qui utilise la raison. Pour trouver la vérité quant à la nature de l'existence, il fait  table rase du passé, puis il commence par douter de tout. S'il doute , il est sûr qu'il pense et s'il pense il doit être un être pensant: "Je pense donc je suis". 

Ensuite ,il a la nette conscience qu'il existe un être parfait, Dieu. 

La réalité extérieure possède des qualités d'ordre quantitatif (longueur, largeur, profondeur)  que nous pouvons reconnaître avec la raison. En revanche, les qualités d'ordre qualitatif ( couleur, odeur, goût..) sont liées à nos sens et ne décrivent pas la réalité extérieure. 

Donc, Descartes est un être pensant,   Dieu existe    et il existe une réalité extérieure.  Mais la réalité extérieure est d'une autre nature que la réalité de la pensée. Descartes affirme qu'il existe 2 formes de réalités ou 2 substances: la première est la pensée ou l'âme, l'autre l'étendue ou la matière. L'âme ne prend pas de place et ne peut pas se diviser; la matière occupe de la place dans l'espace et peut se diviser indéfiniment. On dit que Descartes est dualiste car il distingue 2 réalités: la réalité spirituelle et la réalité matérielle.

Descartes reconnaît qu'il y a une interaction permanente entre l'âme et le corps. Le but est de laisser la raison diriger l'âme. Nos jambes finissent par ne plus pouvoir nous porter, nous perdons nos dents...mais la raison ne vieillit pas. Pour Descartes la raison elle-même est l'âme.

2°  Le philosophe hollandais SPINOZA (1632-1677) appartenant à la communauté juive d'Amsterdam, fut banni rapidement à cause de ses idées trop subversives. Il fut rejeté aussi par sa famille. Il vécut isolé, consacré à la philosophie, et il a dû tailler des verres optiques pour vivre.

Spinoza voyait Dieu dans tout ce qui existe. Il était panthéiste.

Son ouvrage majeur est : Ethique démontrée suivant l'ordre géométrique. Ethique c'est l'art de vivre ou la morale. 

Spinoza est un rationaliste comme Descartes. Mais Descartes distinguait pensée et matière( il était un dualiste) alors que pour Spinoza il n'y a qu'une seule substance à l'origine de tout . Cette substance c'est Dieu ou la nature; il est moniste.  

En fait pour Descartes aussi, seul Dieu est à l'origine de tout. Mais Spinoza assimile Dieu à la nature; Dieu se manifeste sous forme de pensée ou de chose dans l'espace. 

Spinoza démontre que l'homme ne décide pas  ce qu'il fait. Par exemple, il peut juste bouger un pouce, mais son pouce ne peut pas sauter et courir dans la pièce. Ce que l'homme peut faire,  c'est la nature ou Dieu qui le décide. Tout se produit par nécessité. Spinoza a une conception déterministe de la vie.

Les stoïciens avaient affirmé aussi que tout se produit, dans le monde selon une nécessité. D'où l'importance de faire face aux événements avec un " calme stoïque" . Il ne fallait pas se laisser emporter par les émotions. 

Ainsi le lion doit vivre selon les lois de la nature; il ne peut pas manger de l'herbe. Le pommier fait des pommes et non pas des prunes. D'une part tout est décidé par Dieu ou les lois internes de la nature.

D'autre part le développement du pommier ou de l'être humain dépendra de leurs conditions de vie externes. Le pommier qui bénificie du soleil, d'une terre riche et bien arrosée sera plus grand et portera plus de fruits qu'un autre mal soigné. Il en va de même pour les hommes ; ils restent tributaires des lois de la nature mais aussi des conditions extérieures. 

L'être humain peut lutter pour se libérer des conditions externes mais il ne jouira jamais d'une "libre volonté". Car comment pourrait l'homme décider de ce qui se passe dans son corps? De la même façon l'homme ne choisit pas ce qu'il pense. Son âme n'est pas libre. Spinoza pense que ce sont les passions de l'âme telles la vanité et le désir qui empêchent l'homme d'atteindre le bonheur. 

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Descartes et Spinoza étaient des rationalistes. Un rationaliste croit que la raison est à la source de la connaissance. Il croyait aussi que l'homme naît avec certaines idées (idées innées) présentes dans la conscience et qui précèdent toute expérience. Plus l'idée était claire , plus elle devait correspondre à quelque chose de réel. Descartes déduisait de l'idée d'un être parfait, que Dieu devait nécessairement exister. 

A partir du XVIIIe siècle cette tradition rationaliste est battue en brèche par l'empirisme. Les philosophes empiristes défendaient le fait que nous n'avons aucune conscience des choses avant de les avoir appréhendées par nos sens.

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Les principaux philosophes empiristes sont : LOCKE  , BERKELEY    et HUME  , tous anglais.

Un empiriste veut déduire toutes ses connaissances sur le monde de ce que ses sens lui transmettent. ARISTOTE , philosophe empiriste disait: "Rien n'existe dans la conscience qui n'ait existé déjà, dans les sens". 

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1°  Le premier philosophe empiriste fut JOHN  LOCKE (1632-1704) . Son livre le plus important est :"Essai sur l'entendement humain". Il tentait d'éclaircir 2 questions:  celle sur l'origine des pensées et de représentations chez l'homme et sur la fiabilité de nos sens.

Locke est convaincu que toutes les pensées et les images que nous avons dans la tête sont le fruit de nos diverses expériences. A la naissance, la conscience du bébé est vide . Il commence  à percevoir le monde autour de lui grâce à la vue, l'odorat, le goût, le toucher et l'ouïe. De cette manière, naissent les idées sensorielles simples. 

Mais la conscience n'accepte pas passivement ces idées; elles les confronte , les met en doute... De ce travail intellectuel surgissent ce que Locke appelle les idées réflexives. Il fait la différence entre "perception " et réflexion". 

Locke souligne que nos sens nous permettent seulement , d'accéder à des impressions simples. Quand on mange une pomme , on ne voit pas la pomme comme un tout, mais on a une série d'impressions juxtaposées les unes aux autres: on perçoit quelque chose de vert qui dégage une impression de fraîcheur et dont la saveur est un peu acide. Ce n'est qu'après avoir mangé plusieurs pommes qu'on pourra formuler clairement , qu'on a mangé une pomme. Locke dit que nous avons obtenu une "vision synthétique" de la pomme. 

Le monde est-il tel que nous le percevons?  Les perceptions sont-elles fiables? Voilà la 2e question que s'est posée Locke.

Locke distingue dans le domaine des sens les "qualités primaires" (volume, poids, forme, mouvement, nombre de choses) et des "qualités secondaires"( couleur, goût, odeur,  son)  se référant à Descartes. Nos sens nous renseignent bien sur les qualités primaires, mais les qualités secondaires ne sont pas immanentes aux choses, elles ne réflètent que l'effet produit sur nos sens.

Locke rejoint Descartes en reconnaissant , qu'il existe les qualités primaires que la raison de l'homme peut appréhender. 

Sur un autre plan, Locke ouvre la voie à un savoir intuitif. Certaines règles morales valent pour tous. Locke se fait chantre de ce qu'on appelle le droit naturel ce qui est un trait de rationalisme. Ausi Locke affirme que la raison humaine porte en elle , l'idée de Dieu.  Par ailleurs, il défend l'égalité entre les sexes. 

2°  DAVID HUME (1711-1776) est un autre empiriste. Il est écossais. Son livre le plus important est "Traité de la nature". 

Hume voulait revenir à la façon dont un enfant perçoit le monde. Il commence par distinguer 2 types de représentations chez l'homme: les impressions et les idées. Les impressions sont les perceptions vives et immédiates du monde externe tandis que les idées sont les souvenirs attachés à ces impressions. Par exemple si l'on se brûle à un poêle, on ressent une impression immédiate; par la suite on y repense et c'est l'idée. L'impression des sens c'est l'origine alors que le souvenir n'est qu'une copie.  L'impression est la cause de l'idée. 

Une impression ou une idée peut être simple ou associative. Par exemple la pomme est une idée associative car elle est une association d'impressions (de couleur, de goût). 

Hume disait que nous voyons en Dieu un être infiniment "intelligent et bon", ce qui est une association d'idée de quelque chose d'intelligent et d' autre chose de bon.

Il refuse de démontrer l'immortalité de l'âme ou l'existence de Dieu. Il est agnostique; il ne reconnaît comme vrai que ce qu'il avait perçu comme tel par ses propres sens.

Hume démontre que les soi-disant "lois naturelles" comme la loi de cause à effet relèvent de l'habitude et ne sont aucunement fondées sur la raison. Par exemple, même si beaucoup de personnes guérissent  après avoir pris un certain médicament, rien ne prouve que c'est le médicament qui les a guéris; c'est peut-être juste la foi dans ce médicament.

Quant à la morale, Hume s'attaque à la pensée rationaliste selon laquelle , la différence entre le bien et le mal, est inscrit dans la raison de l'homme. Il soutient que ce n'est pas la raison qui détermine ce que nous faisons (de bien ou de mal) mais ce sont nos sentiments. Par exemple si l'on décide d'aider quelqu'un qui en a besoin , ce sont nos sentiments qui nous poussent à agir et non pas notre raison. Selon Hume , nous possédons  , tous la faculté de compatir qui n'a rien à voir avec la raison.

3°  GEORGE BERKELEY (1685-1753) est un philosophe empiriste. C' était un évêque irlandais. Il a senti que la philosophie et la science mettaient en danger la conception chrétienne du monde. 

On se rappelle que Locke avait dit que nous ne pouvons rien dire sur les qualités secondaires des choses ( couleur, goût). Par exemple nous pouvons dire qu'une pomme est verte et acide mais cela n'engage que nous. Par contre les qualités primaires ( volume, longueur, poids, ) appartiennent au monde extérieur. Locke pensait que le monde physique est une réalité.

Pour Berkeley, la seule chose qui existe est ce que nous percevons. Et tout ce que nous voyons et sentons est une conséquence de la puissance de Dieu. Car Dieu est intimement présent dans notre conscience et fait surgir toute cette multitude d'idées et de perceptions auxquelles nous sommes sans cesse exposés. Dieu est unique cause de tout ce qui est! 

Berkeley met aussi en doute le temps et l'espace. Notre perception du temps et de l'espace n'existe que dans notre conscience.

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Contexte : Le siècle des LUMIERES ou du XVIIIe siècle

"Etre ou ne pas être" n'est donc pas toute la question. Il faut aussi se demander , ce que nous sommes. Sommes-nous de vrais êtres en chair et en os? Notre monde est-il constitué de choses réelles ou sommes-nous seulement entourés de conscience?

L'Angleterre fut le centre de la philosophie, au début du XVIIIe siècle, L'Allemagne au milieu et la France à la fin. Ainsi les grands philosophes des Lumières sont Montesquieu, Voltaire et Rousseau.

Les notions clé de ce siècle sont : 1) la révolte contre l'autorité, 2)  le rationalisme, 3)  la pensée du siècle des Lumières, 4) l'optimisme culturel, 5) le retour à la nature,  6) la religion naturelle,  7) les Droits de l'Homme. 

 La première notion clé est 1)  celle de la révolte contre l'autorité. 

De nombreux philosophes français s'étaient rendu en Angleterre qui jouissait d'une plus grande liberté que la France. Ils furent fascinés par la science expérimentale anglaise, par Newton et sa physique universelle, par la philosophie de Locke. En rentrant chez eux, ils se rebellèrent contre les anciennes autorités. Cette révolte s'adressait au pouvoir de l'Eglise, du roi et de la noblesse. Et en 1789 ce fut la Révolution. 

Mais les nouvelles idées circulaient bien avant 1789. Parlons en, parlons du 2)   rationalisme

Locke n'était pas un empiriste pur et dur. Selon , lui , Dieu et certaines normes morales étaient innées, dans la raison. On trouve cette idée en France , au coeur de la philosophie des Lumières.  Les philosophes des Lumières se situent dans la tradition des humanistes antiques, tels Socrate et les stoïciens, puisqu'ils avaient une foi inébranlable en la raison de l'homme. Ils appelèrent ce siècle, le siècle du rationalisme.

Les philosophes des Lumières s'assignèrent comme tâche (ou projet) de jeter les bases de la morale et de la religion. Cela nous mène au 3e) point : la pensée du siècle des Lumières .

Il s'agissait d'éclairer les couches profondes de la population. C'était la condition sine qua non pour fonder une meilleure société. La misère et l'exploitation n'étaient selon eux, que la conséquence de l'ignorance et de la superstition. C'est pourquoi, les philosophes des Lumières accordèrent une place importante à l'éducation. Ainsi la pédagogie date du siècle des Lumières, On a déjà vu que l'école date du Moyen Age. 

L'oeuvre marquante des Lumières fut l'Encyclopédie en 28 volumes. Cela dit tout du 4e) point: l'optimisme culturel.

Ces philosophes pensaient qu'il suffisait de répandre la connaissance, pour que l'humanité progresse à grands pas.

Pour certains le nouveau mot d'ordre fut 5)  le retour à la nature.

Mais pour ces philosophes, nature signifiait presque la même chose que "raison". Car la raison de l'homme est une donnée de la nature. Le "bon sauvage" fut cité en exemple parce qu'il n'était pas corrompu par la civilisation. "Nous devrions retourner à la nature" telle est la formule de Jean- Jacques Rousseau. Car la nature est bonne et l'homme est, par nature, bon. Tout le mal vient de la société. Là aussi , le statut particulier de l'enfant date des Lumières.

Quant à la religion 6) il fallait qu'elle devienne naturelle.

Elle devait trouver ses racines rationnelles. Les philosophes des Lumières trouvaient qu'on ne pouvait concevoir un monde sans Dieu. Newton croyait en l'immortalité de l'âme. Les philosophes des Lumières voulaient dépoussiérer le christianisme des dogmes arbitraires et des professions de foi. Beaucoup se déclaraient déistes et croyaient que Dieu se manifestait à travers la nature et ses lois et non de manière surnaturelle. Aristote disait aussi que Dieu était la première cause. 

Et le dernier point 7) c'est sur les Droits de l'Homme.

Les philosophes français des Lumières luttaient pour la reconnaissance des "droits naturels" des citoyens: la liberté d'expression dans les domaines de la religion, de la morale et de la politique. Il s'agissait aussi de lutter contre l'esclavage et d'adoucir le traitement des criminels. 

Le principe de "l'inviolabilité de tout individu " est exposé , à la fin de la "Declaration des droits de l'homme et du citoyen" qui fut rédigé par l'Assemblée nationale française en 1789.  Et c'est au nom de ce" droit naturel "que des personnes se révoltent pour conquérir un peu de liberté.

En 1787, le philosophe Condorcet publia un écrit sur les droits des femmes qui, selon lui, ont les mêmes droits naturels que les hommes. Une de celles qui luttèrent pour l'égalité des droits entre hommes et femmes fut Olympes de Gouges (1748-1793). En 1791 elle publia une déclaration sur les droits des femmes. Ele fut guillotinée en 1793 pour avoir osé  défendre le roi Louis XVI et  critiquer Robespierre. 

C'est le slogan "Liberté, égalité, fraternité" qui a soudé ensemble tout le peuple français. 

La philosophie critique de KANT

 6° EMMANUEL KANT (1724-1804) 

Il eut une éducation piétiste. Comme Berkeley, il lui paraissait essentiel de sauver les fondements de la foi chrétienne. Il était un philosophe professionnel; il occupait une chaire de philosophie à l'Université. 

On se rappelle que pour les rationalistes, la raison de l'homme constitue le fondement de toute connaissance alors que les empiristes soutiennent que seuls nos sens nous permettent de connaître le monde.

Il s'agissait de savoir si le monde était tel que les sens le percevaient ou tel que nous le représente la raison. Selon Kant la perception et la raison jouent toutes les deux un grand rôle. Et la conscience de l'homme n'est pas une feuille blanche où s'inscriraient de façon passive, les impressions de nos sens. C'est une instance active puisque c'est la conscience qui détermine notre conception du monde. 

Ainsi selon Kant, l'espace et le temps sont 2 formes à priori de la sensibilité de l'homme. Elles précèdent toute expérience. Et toute expérience sera inscrite dans le temps et l'espace. Le temps et l'espace sont des structures intuitives.

De même, selon Kant  la loi de la causalité ( Hume pensait que l'homme ne pouvait pas la connaître par l'expérience) fait partie de la raison. Pour lui, nous portons cette loi en nous. Par exemple, avant de sortir de la maison nous savons que tout ce qu'on va vivre     sera inscrit dans le temps et l'espace et on pense que tout ce que nous arrivera  a une cause. Puisqu'on est des êtres humains on est porté à s'interroger sur la cause de chaque événement. Kant précise que la raison n'est pas complètement développée chez un petit enfant avant qu'il n'ait vraiment un grand champ d'expériences à sa disposition.

Résumons! D'un côté , nous avons les éléments extérieurs que nous ne pouvons pas connaître avant d'en avoir fait l'expérience  et c'est ce qu'on appelle la MATIERE de la connaissance. De l'autre côté nous avons les caractéristiques de la raison humaine, comme par exemple de concevoir chaque événement dans l'espace et dans le temps ou encore de le situer dans un rapport de  cause à effet. C'est ce qu'on appelle la FORME de la connaissance. 

Mais Kant précise que la connaisance humaine a des limites. Avant lui, les philosophes se sont posé des questions philosophiques à savoir si l'homme a une âme, si Dieu existe ... Kant pensait que répondre à ces questions n'était pas du ressort de l'homme. Kant disait que c'est un trait caractéristique de la raison humaine que d'éprouver le besoin de se poser   ce type de questions. Mais nous ne pouvons pas y répondre car nous ne pouvons pas faire l'expérience de la totalité qui nous englobe. 

Par exemple Descartes tentait de démontrer l'existence de Dieu en disant que nous avons l'idée d'un être parfait donc il existe. D'autres comme Aristore ou Saint Thomas d'Aquin voient en Dieu la première cause de toutes choses. Kant rejette les deux preuves  car dit-il jamais l'expérience ne peut nous fournir le moindre fondement pour affirmer que Dieu existe ou non. 

Kant a aussi ouvert la voie à une nouvelle dimension religieuse: la foi qui va s'engouffrer dans l'espace laissé vacant par l'expérience. Kant était protestant et le protestantisme s'est caractérisé par sa foi, alors que le catholicisme a , dès le Moyen Age recouru à la raison pour étayer sa foi. Selon Kant il était nécessaire à la moralité de l'homme de présupposer que l'homme a une âme immortelle et qu'il existe Dieu et que l'homme a un libre arbitre.

Pour Kant la foi en une âme immortelle, en l'existence de Dieu et le libre arbitre de l'homme sont des postulats pratiques. Le postulat est quelque chose qu'on affirme sans démontrer. Il ne faut pas espérer comprendre qui nous sommes et encore moins ce qu'est l'univers. 

L'éthique de Kant 

Kant se pose le problème de la morale. Hume déclara qu'il était impossible de démêler le vrai du faux. Ni la raison, ni les sens ne pouvaient nous aider.

Kant, lui, croit que la raison permettrait de faire le tri . Tous les hommes savent ce qui est bien et ce qui est mal car c'est inscrit dans notre raison. La faculté de distinguer le bien du mal est innée. C'est une loi universelle car elle vaut pour tous les hommes quelles que soient leur époque et leur société. Kant la formule ainsi:"Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse".  L'éthique de Kant est une éthique de la bonne volonté. 

Kant divise l'homme en 2. L'homme est à la foi corps et raison. Nous sommes des êtres sensibles soumis à la loi de causalité et aussi des êtres doués de raison. Nous sommes des êtres sensibles, nous faisons partie de l'ordre de la nature et ne pouvons à ce titre exercer aucune volonté. En tant qu'êtres doués de raison , nous appartenons au monde tel qu'il est. En suivant notre raison pratique qui nous permet de faire des choix moraux, nous manifestons notre liberté. 

Kant a réussi à sortir la philosophie de l'impasse où elle se trouvait avec la querelle entre rationalistes d'un côté et  empiristes de l'autre. Il marque la fin d'une époque dans l'histoire de la philosophie. 

 

 V.  La philosophie contemporaine XIXe-XXe

 

Le contexte du XIXe siècle : le romantisme

Le romantisme a duré de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle. On a dit que le romantisme était le dernier mouvement à définir un mode de vie. Cela commença en Allemagne , en réaction contre le règne de la raison, pendant le siècle des Lumières. 

Après Kant et sa philosophie de la raison, les jeunes , en Allemagne avaient envie d'air pur. Les nouveaux mots d'ordre étaient : "sentiment"," imagination",  "expérience", "nostalgie".   

De nombreux romantiques se considéraient comme descendants de Kant. Il avait indiqué qu'il y avait des limites à ce que nous pouvons savoir de " la chose en soi", tout en soulignant l'importance du sujet sur la voie de la connaissance. 

Les romantiques pratiquèrent à outrance ce "culte du moi". Tout ceci aboutit à l'idée de génie artistique comme quintessence de l'esprit romantique. Un exemple de génie fut Beethoven . Sa musique traduit les émotions  et les désirs d'un être humain et à ce titre il s'oppose aux grands maîtres de la musique baroque comme Bach, Haendel. 

Kant s'était interrogé sur l'origine de notre ravissement face à une oeuvre d'art, ou face à quelque chose de beau. Selon lui, en nous abandonnant à la contemplation esthétique nous nous approchons d'une forme d'expérience de la "chose en soi", car nous débordons du strict cadre de notre raison.

Le poète Schiller développa les idées de Kant , en disant que l'activité artistique est comme un jeu où l'homme est libre, puisqu'il invente ses propres règles. Certains allèrent jusqu'à comparer l'artiste avec Dieu.

L'artiste a une imagination créatrice. Porté par son élan créateur , il abolit la différence entre rêve et réalité. Ainsi Novalis, un de ces génies romantiques, déclara que " le monde devient rêve et le rêve devient monde". Il a écrit un roman où son héros Heinrich part à la quête de la "fleur bleue" qu'il a aperçue un jour en rêve. Cette nostalgie, cette quête de quelque chose d'éloigné et d'insaisissable était caractéristique de la mentalité romantique. On regrettait les époques révolues comme le Moyen Age. La paresse, passait pour la vertu du romantique.

Les romantiques voulaient retrouver la trace de cultures lointaines comme l' orientale. Ils se sentaient attirés par la nuit, les ruines, le surnaturel. 

Le romantisme fut un phénomène urbain. Cela correspond à l'épanouissement de la culture dans les grandes villes d'Europe. Le romantique était un type jeune, souvent, étudiant, avec une conception anti bourgeoise. Les romantiques voulaient échapper au monde, à la routine par le rêve. 

Voyons la conception romantique de l'amour! 

Novalis épousa une fille de 14 ans qui mourut à 15 ans et lui a 29 ans . Ce schéma d'amour impossible de Novalis on le trouve chez Goethe dans son roman "Les souffrances du jeune Werther (de 1774). Ce roman se termine par le suicide du héros qui ne peut obtenir celle qu'il aime. Etre romantique c'est avoir des émotions violentes.

Une des caractéristiques du romantisme, c'est la nostalgie d'une nature sauvage et mystique. Les romantiques s'inscrivent dans la tradition de Spinoza , de Plotin. Ces 2 philosophes affirment avoir fait l'expérience d'un "moi" divin au sein de la nature. 

Descartes et Hume avaient opéré une nette distinction entre le moi du sujet et l'étendue de la réalité; Kant aussi avait laissé cette séparation entre le moi connaissant et la nature en soi. 

Et voilà,  qu'on déclare que la nature n'était qu'un immense "moi" ou "l'âme du monde " ou "l'esprit du monde". 

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Les principaux philosophes romantiques sont : Shelling (1775-1854) , Johann Herder (1744- 1803) , Johann Fichte 

Le premier grand philosophe romantique fut 1°  SHELLING. Il tenta d'abolir la distinction entre esprit et matière. Toute la nature n'était, selon lui, que l'expression de "l'esprit du monde". " La nature est l'esprit visible, l'esprit est la nature invisible. La matière est de l'intelligence ensommeillée. Schelling voyait, en la nature, l'esprit du monde et cet esprit à l'oeuvre dans la conscience de l'homme.

La nature et la conscience de l'homme sont 2 formes d'expression de la même chose. On peut chercher l'esprit du monde dans la nature et en soi-même. Novalis avait parlé d'un "chemin mystérieux qui va vers l'intérieur de l'ëtre". L'homme porte donc tout l'univers en lui et c'est en plongeant à l'intérieur de soi-même que l'homme peut ressentir le mystère du monde. 

Schelling observait une évolution dans la nature qui partait de la terre et de la pierre jusqu'à la conscience humaine. Tout va de la nature inanimée vers des formes de vie de plus en plus élaborées.

Un autre philosophe mais aussi  poète, théologien allemand, disciple de Kant ,  inspirateur de Goethe et Schiller fut 2°  JOHANN HERDER (1744-1803).

Selon lui, tout comme nous devons pouvoir nous mettre à la place de quelqu'un d'autre pour mieux comprendre sa situation, nous devrions être capables de nous imaginer vivre dans d'autres cultures pour mieux les comprendre. Le romantisme contribua à renforcer l'identité culturelle de chaque nation. 

Il faut distinguer 2 types de romantisme: le romantisme universel qui fait référence à la conception de la nature, à l'âme du monde et au génie artistique et qui se  développe à Iéna en Allemagne en 1800 ; et le romantisme national qui connaît un essor quelques années plus tard à Heidelberg. 

Les romantiques nationaux s'intéressaient à l'histoire, à la langue du peuple , à la culture populaire. Car le peuple était considéré comme un organisme qui devait développer ses possibilités internes comme la nature ou l'histoire. L'esprit du monde était présent partout!

Herder avait rassemblé des chansons populaires de nombreux pays . A Heidelberg on a rassemblé des contes populaires ( les contes des Frères Grimm). On redécouvrait les anciens mythes et les poèmes païens. Des compositeurs se mirent à introduire des airs populaires dans leur musique savante. Ainsi on parlait de littérature savante, écrite par une personne (par exemple les contes d'Andersen, les contes de Hoffmann). Le conte était la forme littéraire de prédilection des romantiques comme a pu l' être le théâtre pour la période baroque. 

Enfin le philosophe allemand   JOHANN FICHTE expliquait que la nature n'est que l'émanation d'une instance supérieure Dieu, qui prend inconsciemment cette forme. Dieu est conscient de ce qu'il crée mais il existe aussi des faces cachées dans la nature qui représente ce qui est inconscient chez Dieu. 

C'est la même chose entre l'écrivain et son oeuvre. L'acte de création échappe toujours un peu à la conscience de son créateur, come si l'oeuvre se produisait elle-même. Mais l'écrivain pouvait à tout moment briser le charme en glissant quelque commentaire ironique à l'encontre du lecteur. On appelle cette rupture "ironie romantique". 

HEGEL

 

HEGEL(1770-1831) est né à Stuttgard et à 18 ans il commence à étudier la théologie. Après avoir enseigné à Iéna, il obtient un poste de professeur à l'université de Heidelberg qui était alors le centre du romantisme national allemand. Enfin, en 1818 , il obtient une chaire à Berlin, centre intellectuel de toute l'Allemagne. 

Schelling et d' autres romantiques voyaient dans " l'esprit du monde, l'origine de l'existence. Hegel utilise cette même expression "Esprit du monde" mais pour lui cest la somme de toutes les manifestations à caractère humain, car seul l'homme a un esprit.

Kant parlait de "la chose en soi", une sorte de vérité inaccessible. Hegel dit que la vérité est subjective et il ne croyait pas qu'il puisse exister une vérité au-dessus ou en dehors de la raison humaine. 

Sa philosophie est une méthode pour comprendre le mouvement de l'histoire des hommes. Sa philosophie ne nous apprend rien sur la nature intime de l'existence mais elle nous apprend à réfléchir de manière efficace.

Les systèmes philosophiques avant Hegel (de Descartes, Spinoza, Kant) essayaient de trouver des critères éternels qui pourraient déterminer le champ de savoir de l'homme. Chacun de ces philosophes avait tenté de définir les fondements de la connaissance en se situant dans des conditions intemporelles. 

Hegel pensait que la seule base solide à partir de laquelle le philosophe peut travailler, c'est l'Histoire. L'Histoire est pour Hegel semblable au cours d'un fleuve. 

Toutes les pensées que la tradition fait "déferler" sur nous, d'une part et les conditions matérielles qui déterminent notre présent, d'autre part, concourent à définir notre mode de pensée. Donc telle ou telle pensée est juste pour un contexte historique. Par exemple, il y a 100 ans , il n'était pas déraisonnable de brûler de grandes étendues de forêt afin d'accroître les terres cultivables. Aujourd'hui c'est déraisonnable de faire cela.

Hegel dit que la raison est un processus dynamique. Ainsi, on ne peut pas tirer hors de leur contexte différentes pensées de l'Antiquité, du Moyen Age, de la Renaissance ou du siècle des Lumières en disant celle-ci est juste, celle-là fausse. On ne peut pas dire Platon avait tort et Aristote avait raison.

En règle générale , on ne peut pas séparer une pensée, une philosophie de leur contexte! 

La raison est progressive c'est-à-dire que la connaissance de l'être humain est en perpétuel développement. Hegel dit que l'esprit du monde" se développe pour atteindre une conscience de plus en plus grande de lui-même.

L'histoire n'est que le lent éveil de "l'Esprit du monde" . Quiconque étudie l'Histoire verra que l'humanité se dirige vers une plus grande connaissance.  L'histoire témoigne que l'humanité évolue dans le sens d'une plus grande liberté.

L'Histoire est une longue chaîne de pensées. En étudiant l'Histoire on se rend compte qu'une pensée vient souvent se greffer sur d'autres pensées plus anciennes. Mais , à peine posée, cette pensée va être contrée par une nouvelle pensée, créant ainsi une tension entre 2 modes de penser . Et cette contradiction sera levée grâce à une 3e pensée qui conservera le meilleur des 2 points de vue. C'est ce que Hegel appelle un processus dialectique.

Donnons un exemple. Les Eléates ( Parménide en fut un) affirmèrent qu'aucune matière ne pouvait se transformer. Ils furent obligés de nier les changements que leurs sens percevaient pourtant dans la nature. Les Eléates avait formulé cette affirmation et c'est un point de vue que Hegel appelle une "position". Mais dès qu'une position est nettement définie, elle attire son contraire. Ce que Hegel appelle une"  négation". La négation de la philosophie des Eléates , ce fut Héraclite , qui déclara  que "tout s'écoule". A partir de ce moment il y a une tension entre 2 manières de voir diamétralement opposées.

Mais cette tension fut conservée, niée, dépassée quand Empédocle affirme que tous les 2 avaient à la fois  raison et tort. Les Eléates avaient raison en affirmant que rien fondamentalement ne se transforme, mais ils avaient tort en disant que l'on ne pouvait se fier à ses sens . Héraclite lui , avait raison de croire qu'on pouvait se fier à ses sens , mais tort quand il disait    que "tout s'écoule". Le point de vue d'Empédocle qui a départagé les 2 points de vue opposés, c'est ce que Hegel a appelé "la négation de la négation". 

 Hegel a qualifié les 3 stades de la connaissance de thèse, antithèse, synthèse. Par exemple on peut dire que le rationalisme de Descartes était une thèse  qui fut contredite par l'antithèse empirique de Hume. Mais cette tension entre 2 différents modes de pensée , fut niée et en même temps conservée dans la synthèse de Kant. Kant donna raison à la fois aux rationalistes et aux empiristes sur des points précis tout en montrant leurs erreurs respectives sur des points importants.

Mais l'Histoire ne s'arrête pas avec Kant. La synthèse de Kant devient un nouveau point de départ  pour une nouvelle chaîne de pensées composée de 3 maillons que Hegel qualifie de "triade". Car la synthèse va être contredite par une nouvelle antithèse.

La dialectique de Hegel ne s'applique pas seulement à l'Histoire. Quand nous discutons nous pensons de manière dialectique. Nous essayons de déceler les défauts de l'argumentation: c'est ce que Hegel nomme "penser négativement" . Mais quand nous critiquons un mode de pensée nous voulons aussi conserver ce qu'il a de bon.

On se rappelle que les romantiques étaient des individualistes . Cet individualisme  rencontre sa "négation " ou sa contradiction dans la philosophie de Hegel. Hegel souligne l'importance des "forces objectives" selon lui , la famille et l'Etat. La raison ou l'Esprit du monde ne se révèlent que dans les rapports des hommes entre eux. 

L'Esprit du monde prend conscience de lui même en 3 stades. Tout d'abord , l'Esprit du monde prend conscience de lui dans l'individualisme. Hegel appelle cela la raison subjective. Un degré supérieur est celui de la famille et de l'Etat, ce que Hegel appelle la raison objective, parce que c'est une raison qui se révèle au contact des hommes entre eux. La plus haute forme de connaissance de soi, l'Esprit du monde l'atteint dans la conscience absolue. La conscience absolue c'est l'art, la religion et la philosophie. Et de ces 3 domaines, la philosophie est la forme la plus élevée de la raison, puisque dans la philosophie , l'Esprit du monde    réfléchit à sa propre activité au cours de l'Histoire.

KIERKEGAARD

KIERKEGAARD( 1813-  )défendait une conception individualiste. Nous ne sommes pas seulement "les enfants de notre siècle , chacun d'entre nous est une personne unique qui ne vit qu'une seule fois. Le panthéisme des romantiques et l'historicisme de Hegel noyaient la responsabilité individuelle.

Kierkegaard a reçu une éducation sévère; il hérita un profond sentiment religieux. Il étudia la théologie dès l'âge de 17 ans, mais se passionna de plus en plus pour la philosophie. 

A 27 ans il obtint son diplôme avec sa dissertation   " sur le concept d'ironie en rapport avec Socrate", où il s'attaque à la conception romantique de l' ironie. Il voit dans l'ironie socratique "l'opposé de l'ironie romantique , car Socrate utilisait l'ironie comme moyen d'action , afin de mettre en valeur la gravité de la vie.

Contrairement  aux romantiques , Socrate était aux yeux de Kierkegaard un "penseur existentiel" , c'est-àdire quelqu'un dont l'existence fait partie de la philosophie . 

Le système de Hegel servait de modèle d'explication pour des questions en tout genre. Kierkegaard trouva que les "vérités objectives" prônées par la philosophie d'Hegel ne pouvaient aucunement s'appliquer  à l'existence individuelle.  Il ne s'agit pas de trouver la vérité avec un grand V  mais de trouver des vérités qui concernent la vie  de tout un chacun. Il importe de trouver ce qui est vrai pour moi. Kierkegaard oppose l'individu au système. Selon lui, Hegel avait oublié qu'il était homme. Selon Kierkegaard c'est l'existence de chacun qui est essentielle. Et l'homme ne prend pas conscience de son existence derrière un bureau. C'est dans l'action et aussi face à un choix que nous avons affaire à notre propre existence. 

On peut illustrer cela par une histoire sur Bouddha. La philosophie de Bouddha part de l'existence de l'homme. Un fois un moine trouvait que Bouddha n'apportait aucune réponse à des questions sur la nature du monde et de l'homme. Bouddha répondit au moine en montrant un homme blessé par une flèche empoisonnée. L'homme blessé ne demandait pas de quoi la flèche était faite et avec quel poison mais il voulait qu'on l'aide à retirer la flèche et qu'on soigne sa blessure. 

Bouddha et Kierkegaard sentirent que la vie était courte et qu'ils n'avaient pas le temps de s'installer au bureau pour disserter sur la nature de l'Esprit du monde. 

Kierkegaard dit que la vérité est subjective. Cela veut dire que les vérités importantes sont personnelles. Une question fondamentale est celle de la vérité du christianisme. Pour qui se conçoit comme un être pris dans l'existence, c'est une question de vie ou de mort.  Ce n'est pas un sujet de discussion pour le plaisir mais quelque chose à approcher avec passion en son  âme et  conscience.

Par exemple si l'on  tombe à l'eau on ne se pose pas de questions thèoriques pour savoir si on va se noyer ou non. Tomber à l'eau c'est une question de vie et de mort. 

Il faut faire la distinction entre le problème philosophique de l'existence de Dieu et l'attitude individuelle face à la même question. Chaque homme se retrouve seul pour répondre à des questions de ce genre. Et seule la foi peut nous permettre d'approcher ces problèmes fondamentaux. Les choses que nous pouvons savoir avec notre raison ( comme 8+4=12) selon Kierkegaard sont accessoires. Mais ne pas savoir si quelqu'un nous a pardonné une mauvaise action c'est une question plus importante que de savoir que la somme des angles d'une triangle est 180°. Ainsi on ne s'interroge pas sur la loi de causalité quand on reçoit son premier baiser.

La foi est essentielle pour tout ce qui concerne les problèmes religieux. L'essentiel n'est pas de savoir si le christianisme est vrai ou non , mais s'il est vrai pour moi. 

Nous avons vu ce que Kierkegaard entendait par "existence ", par "vérité subjective", et par "la foi". Ces 3 notions   déterminent une critique de la tradition philosophique à commencer par celle de Hegel mais aussi une critique de la civilisation. 

Kierkegaard considérait qu'il y avait 3 attitudes possibles face à l'existence : le stade esthétique, le stade éthique et le stade religieux. La plupart des gens restent au même stade toute leur vie.

Celui qui vit au stade esthétique , vit dans l'instant et recherche à tout moment son plaisir. Il vit entièrement dans le monde des sens . L'esthète est le jouet de ses désirs et de ses émotions. Le romantique typique est le type de l'esthète. Quelqu'un qui vit au stade esthétique ressent rapidement un sentiment d'angoisse et de vide. Le choix qui conduira un homme de passer du stade esthétique au stade éthique ou religieux doit venir de l'intérieur. 

Le stade éthique est empreint de gravité et l'on tente de vivre selon des critères moraux. Ce stade rappelle l'éthique du devoir chez Kant , quand il dit que nous devons suivre la loi morale qui est en nous. Pour Kierkegaard le stade éthique n'est pas satisfaisant. L'homme du devoir finira par se lasser de ne jamais faillir à la règle et certains retomberont au stade esthétique.

D'autres franchiront la dernière étape qui les conduit au stade religieux. Au plaisir des sens et à l'accomplissement du devoir que leur dicte la raison ils préféreront la foi. Enfin en ce stade l'homme trouve la réconciliation, tant espérée avec lui-même.

KARL MARX  /  CHARLES DARWIN /   FREUD

 

Au milieu du XIXe siècle a commencé un mouvement naturaliste . Par ce terme de naturalisme on comprend une conception de la nature qui ne recouvrait d'autre réalité que la nature et le monde sensible. Un naturaliste fondera ses recherches sur des faits naturels et non pas sur des considérations d'ordre rationnel ou sur une forme de révélation divine. Les mots clés au milieu du XIXe siècle en philosophie et en science étaient : "nature", "milieu" , "histoire", "évolution", développement.

Marx, Darwin, Freud sont des philosophes naturalistes.

Pour Marx, l'idéologie des hommes était le produit des conditions matérielles de la société. Darwin montra que l'homme était le fruit d'une loi d'évolution biologique. Freud , grâce à ses recherches sur l'inconscient mit en évidence que les actions des hommes sont souvent le fait de pulsions ou instincts.

KARL MARX (1818-1883)  est le philosophe du matérialisme historique.

Hegel marqua la fin des grands systèmes philosophiques. Après lui,  la philosophie s'orienta dans une toute nouvelle direction. On trouve une "philosophie de l'action".

Marx constate que les "philosophes se bornent à interpréter le monde, alors qu'il s'agit de le transformer". Il a une visée pratique et politique. Marx était philosophe, historien, sociologue et économiste. Personne n'a joué , comme Marx, un tel rôle en ce qui concerne l'application politique de la philosophie. 

Il collabore avec Engels pour élaborer le " marxisme. Au cours de ce siècle Lénine, Staline , Mao et d'autres ont apporté leur contribution au marxisme ou marxisme-léninisme.

Marx n'était pas un matérialiste, dans le sens de la philosophie atomiste de l'Antiquité ou encore de matérialisme mécanique des XVIe et XVIIe siècles. Selon Marx , les conditions matérielles de la société déterminent de façon radicale, notre mode de pensée. Ces conditions matérielles sont à la base de tout développement historique.

Hegel nommait cete force motrice de l'histoire "l'esprit du monde " ou "la raison universelle". Marx voulait démontrer que les changements des conditions matérielles de la vie sont les véritables moteurs de l'histoire. Ce ne sont pas les conditions spirituelles qui sont à l'origine des changements dans les conditions matérielles de l'existence mais le contraire: les conditions matérielles déterminent de nouvelles conditions spirituelles. Marx souligne le poids des forces économiques au sein de la société qui produisent des changements et font progresser l'histoire. 

La philosophie et la science de l'Antiquité avaient une conception théorique . Personne ne s'intéressait aux applications pratiques de ces connaissances. Toute la vie productive était fondée sur le travail des esclaves. 

Marx nomma les conditions matérielles, économiques et sociales , infrastructure. Et d'autre part le mode de pensée d'une société, ses institutions politiques, ses lois, sa religion, son art, sa morale, sa philosophie et sa science, Marx les appela la superstructure. Il y a intéraction entre infrastructure et  superstructure. Marx prend en considération la tension , autrement dit la relation dialectique entre les deux. Il prône un matérialisme dialectique.

L'infrastructure a 3 niveaux: tout à la base on trouve les conditions de productions(ressources, matière première, climat ), le deuxième niveau concerne les moyens de production (les outils, les appareils, les machines), le troisième niveau c'est les rapports de production (organisation du travail ou la répartition du travail et le statut des propriétaires).

Toute l'histoire n'est qu'une histoire de luttes de classe. Tout le développement de l'histoire, de la société esclavagiste de l'Antiquité jusqu' à nos sociétés industrielles , est dû à des modifications de l'infrastructure de la société. Dans la société esclavagiste de l'Antiquité on trouve l'opposition entre esclaves et et  citoyens libres ; dans la société féodale, entre le seigneur et le paysan et puis entre le noble et le bourgeois. A l'époque de Marx, la société était dite bourgeoise ou capitaliste et l'opposition se jouait entre le capitaliste et le travailleur ( prolétaire). D'un côté , il y a ceux qui possèdent les moyens de production et de l'autre ceux qui ne les possèdent pas. Seule une révolution pouvait changer les choses. Marx s'intéressait au passage d'une société capitaliste , au régime communiste. 

Quelle était la conception du travail de l'homme , de Marx? 

Hegel s'était penché lui aussi sur ce problème du travail et avait trouvé qu'il y a un rapport dialectique entre l'homme et la nature. Ainsi , quand l'homme travaille la nature, son travail le transforme lui-aussi. Marx pensait que notre façon de travailler a une influence sur notre conscience mais notre conscience influence aussi , notre manière de travailler. Il y a un rapport dialectique entre "la main" et "l'esprit"? La connaissance de l'homme entretient un lien étroit avec le travail.

Pour Marx et Hegel le travail est quelque chose de positif, cela est intimement lié au fait d'être homme. 

Dans le système capitaliste l'ouvrier travaille pour quelqu'un d'autre. Son travail ne lui appartient plus. Il devient étranger à son propre travail et aussi à lui-même. Il perd sa réalité en tant que personne. Le travailleur est l'objet d'un processus d'aliénation. Dans la société capitaliste, le travail est organisé de sorte que le travailleur fait un travail d'esclave    pour une autre classe sociale. Le travailleur remet sa force de travail à la bourgeoisie et par cela toute son existence. 

Il faut tout replacer dans le contexte du milieu du XIXe siècle. Les ouvriers travaillaient jusqu'à 12h par jour; la misère sociale était indescriptible. Bref ce qui devait permettre à l'homme de s'élever, c'est-à dire le travail, faisait de lui un animal. Pendant que l'ouvrier vivait dans la misère avec sa famille, les enfants des bourgeois pouvaient jouer du violon, manger de bonnes choses, se promener à cheval. 

Marx et Engels révoltés par cette situation ont publié en 1848 le "Manifeste du Parti communiste". La première phrase est "Un spectre hante l'Europe- le spectre du communisme. Les bourgeois avaient peur. Le Manifeste finit par le slogan:"Prolétaires de tous les pays unissez vous!". 

Beaucoup d'ouvriers continuent de vivre dans des conditions inhumaines, tout en produisant des marchandises qui rendent les capitalistes encore plus riches. C'est, ce que Marx appelle l'exploitation. Pour être plus clair, si l'on soustrait du prix de vente le salaire du travailleur et les autres coûts de production, il reste toujours une somme. Marx l'appelle la plus value ou le profit. Le capitaliste détourne à son profit cette valeur que le travaileur a créée. C'est ça l'exploitation.

Le capitaliste peut investir alors une partie de son profit, par exemple dans la modernisation des unités de production. Mais ce sera à seule fin de pouvoir baisser les coûts de production et d'augmenter encore son profit. 

Marx pensait que le capitalisme est un système économique qui s'autodétruit parce qu'il n'est pas guidé par la raison. 

Le capitaliste utilise une partie de son profit pour moderniser l'entreprise; il achète de nouvelles machines et réduit le personnel. Le chômage s'installe et les problèmes sociaux deviennent de plus en plus importants. De telles crises sont le signal que le capitalisme court à sa perte.

Un autre exemple: si un grand propriétaire est menacé de faillite , il va baisser les salaires. Mais alors les travailleurs deviendront si pauvres qu'ils n'auraient plus de moyens pour acheter quoi que ce soit. On dit que le pouvoir d'achat baisse. Et donc les prolétaires finissent par se révolter et s'empareront des moyens de productions. Alors une nouvelle classe sociale, le prolétaire dominera les bourgeois. Marx appelle cela la dictature du prolétariat. Mais cette dictature  sera balayée par une société sans classes: le communisme.

Ce sera une société , où les moyens de production appartiendraient à tous, au peuple. Dans une telle société, chacun aura sa place selon ses capacités et recevra selon ses besoins. Le travail appartiendrait au peuple. Voila le projet de Marx.

Le marxisme a amené de grands bouleversements . Le socialisme a rendu la société plus humaine. Nous vivons dans une société plus juste, grâce à Marx et au mouvement socialiste. 

Après Marx le mouvement s'est scindé en deux: d'un côté la social- démocratie et de l'autre la marxisme-léninisme. La social-démocratie qui tend à instaurer lentement et en douceur une société de type socialiste, s'est répandue en Europe de l'Ouest. C'est la révolution lente. Le marxiste-léninisme , qui a conservé la foi de Marx selon laquelle seule la révolution peut combattre la vieille société de classe , eut beaucoup de succès en Europe de l'Est, Asie et Afrique. Les 2 mouvements ont combattu la misère et l'oppression.

DARWIN (1809-1882)  était un biologiste et un chercheur; il se libéra de la conception de l'Eglise concernant la création de l'homme et de l'animal. Il fut le premier scientifique à oser contredire la Bible.

Pendant ses études de théologie, Darwin se passionna pour les oiseaux,les insectes. Dès qu'il eut son diplôme de théologue de l'université de Cambridge, il parcourut le Nord du pays de Galles pour étudier la formation des rochers. 

De 1831 à 1836 il fit un voyage scientifique en Amérique du Sud , voyage qui se transforma en véritable tour du monde. Ce fut l'événement le plus déterminant de sa vie. A 27 ans il était déjà un chercheur célèbre. 

Son livre le plus important  fut "De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle" (1859). Dans ce livre il pose 2 principes: le premier est que toutes les plantes et les animaux qui existent descendent de formes plus anciennes, plus primitives. Donc il s'est produit une évolution biologique. Le deuxième principe est que l'évolution est dû à une sélection naturelle.

Dès 1800 se répand l'idée d'une évolution biologique. Selon la Bible, les plantes et les animaux ont une nature immuable; ils ont été créés une fois pour toutes. Cette conception était corroborée par Platon et Aristote. 

Mais une série des découvertes, à l'époque de Darwin, mirent en doute cette conception . Par exemple on a trouvé des fossiles et des grands morceaux de squelettes d'animaux. 

Darwin pensait détenir l'explication pour les fossiles d'animaux marins retrouvés dans les Andes, se basant sur l'idée, que d'infinis changements très progressifs, pouvaient conduire à un bouleversement total de la nature, à la longue. 

A cette période, on s'accordait à reconnaître que la création de la Terre par Dieu remontait à 6000 ans. Darwin avança le chiffre de 300 millions d'années car sa théorie de l'évolution n'avait pas de sens  sans tenir compte de périodes de temps considérables. 

Un premier argument de Darwin pour sa thèse est la présence de plusieurs couches de fossiles dans diverses formations rocheuses. Un autre argument c'était la répartition géographique des espèces vivantes. 

Darwin put constater que diverses espèces animales dans une même région présentaient de légères différences entre elles. Sur les îles des Galapagos il put observer  différentes espèces de pinsons. Leur bec était adapté au type de nourriture qu'ils trouvaient sur chaque île. Tous descendaient d'une seule espèce qui,au cours des années, s'était adaptée à l'environnement de ces différentes îles , pour aboutir à l'existence de plusieurs nouvelles espèces de pinsons. 

Darwin doutait de plus en plus de la prétendue immuabilité des espèces mais il n'avait pas encore une thèse pour expliquer comment une telle adaptation à l'environnement pouvait se produire.

 Il observa aussi que les foetus d'un chien,d' un lapin, d'un être humain sont pareils à un stade précoce. C'est un signe que nous serions apparentés les uns aux autres. 

Les hommes ont fait une sélection artificielle en gardant une bonne vache laitière ou de bonnes pommes de terre pour les cultiver dans leur jardin. Darwin se posa la question si la nature est en mesure de faire une sélection naturelle des spécimens qui auraient le droit de survivre. Et un tel mécanisme pouvait-il créer de nouvelles espèces végétales ou animales? 

Darwin détenait l'explication de l'évolution des espèces . Tout cela était la conséquence de la sélection naturelle , de la lutte pour la vie: celui qui est le mieux adapté aux circonstances extérieures survit et assure la continuation de l'espèce. Voilà la deuxième théorie qui apparaît dans le livre "De l'origine des espèce".Seuls, les meilleurs survivraient dans la lutte pour la vie , les autres espèces disparaîtraient. 

Pour les plantes et les animaux , il ne suffit pas d'avoir de la nourriture; il faut veiller à ne pas être mangé et la qualité essentielle est de pouvoir se reproduire. Car le seul devoir de l'individu est d'assurer la survie de l'espèce.

C'est parce qu'il existe tant de différents milieux écologiques que tant d'espèces se sont perpétuées au fil des siècles. Mais il n'existe qu'une seule espèce d'homme parce que l'être humain a une extraordinaire faculté d'adaptation. 

La sélection naturelle a pour conséquence que seuls les plus forts ou les mieux adaptés survivent. Son livre "L'origine des espèces" souleva un tollé général. L'Eglise éleva les protestations les plus vives.

Certains remarquèrent que c'était plus extraordinaire de créer quelque chose possédant sa faculté de transformation que de créer une fois pour toutes, chaque chose. 

En 1871 Darwin publia "La descendance de l'homme et la sélection sexuelle". On trouvait en germe dans ce livre , l'idée que l'homme descendait de l'animal. 

La théorie de Darwin repose sur l'idée que ce sont des variations tout à fait accidentelles qui ont, en dernière instance, permis à l'homme d'apparaître sur terre. Quant à savoir comment ces variations apparaissent, le néo-darwinisme s'est engagé à y répondre.

Tout ce qui est vivant a un rapport avec la division cellulaire. Quand une cellule se divise en 2,se créent 2 cellules avec le même patrimoine génétique. Mais il peut y avoir des mutation. Beaucoup de maladies sont la marque d'une mutation. Ainsi la mutation peut donner à l'individu , le petit plus , dont il a besoin pour mieux lutter pour sa survie. 

Mais comment s' opère la sélection naturelle?

Par exemple nous utilisons la pénicilline et d'autres antibiotiques mais plus nous en prenons, plus les bactéries deviennent résistantes. Nous sommes responsables de l'apparition de bactéries plus difficiles à combattre qu'avant. Certains microbes sont devenus plus agressifs qu'avant. 

Il faut se rappeler que peu d'enfants survivaient autrefois aux maladies infantiles. La médecine moderne, a en quelque sorte, écarté la sélection naturelle. Ce qui au départ aide l'individu à surmonter une "défaillance passagère" peut finir par affaiblir tout le genre humain en le rendant moins résistant aux diverses maladies qui le menacent. Si nous n'en tenons pas compte, nous allons assister à une dégénérescence " du genre humain. A la longue, l'homme n'aura pas le bagage héréditaire suffisant pour être en mesure de s'adapter et de lutter contre les maladies graves. 

L'homme appartient comme le singe à la famille des primates. Les primates sont des mammifères et les mammifères sont des vertébrés.

Dans l'histoire de l'évolution du vivant, un jour les oiseaux se sont différenciés des reptiles, les reptiles des amphibiens et ceux-ci des poissons. 

D'où vient la première cellule originelle?

Darwin formule l'hypothèse : "si nous pouvions nous représenter un petit étang, aux eaux tièdes, avec des sels ammoniaques et phosphoriques, la lumière , la chaleur. Il veut dire que la première cellule a pu naître de la matière inorganique. Il a anticipé car la science contemporaine se demande aussi comment la première molécule d'ADN a vu le jour. 

La terre se forma il y a 4,6 milliards d'années. Au début il n'y avait pas d'oxygène dans l'atmosphère. Il a fallu attendre la photosynthèse par les plantes pour qu'il y ait de l'oxygène. Quand il n'y avait pas d' oxygène, il n'y avait pas non plus de couche d'ozone pour protéger le globe des rayons de soleil.

Dans le petit étang aux eaux tièdes, une énorme macromolécule s'est formée un jour avec la faculté de se diviser en 2 parties identiques. On parle de la première molécule d'ADN ou  première cellule vivante.

Elle n'arrête pas de se diviser. Il y eut des mutations . Ensuite des organismes monocellulaires se sont assemblés pour former des organismes pluricellulaires plus complexes.  Il y eut une photosynthèse des plantes ce qui a permis à l'oxygène de se former dans l'atmosphère. Les conditions étaient réunies pour que vivent des animaux. La vie apparut d'abord dans cet océan primitif. Après que la vie dans l'océan eut formé l'atmosphère, les premiers amphibiens rampèrent hors de l'eau. Les animaux ont développé un système nerveux de plus en plus complexe  et un cerveau de plus en plus important. 

FREUD (1856-1939) étudia la médecine et se spécialisa en neurologie. Il invente  la psychanalyse qui est une description de l'âme humaine et une méthode pour soigner les souffrances nerveuses et psychiques. 

Freud pensait qu'il existe toujours une relation conflictuelle entre un homme et son milieu , plus précisément, un conflit entre, d'un côté, les pulsions et les désirs de l'homme et de l'autre , les exigences du monde qui l'entoure.

Freud disait qu'il n'y a pas, que la raison pour guider nos actions. L'homme n'est pas un être purement rationnel. Souvent ce sont des impulsions qui détournent ce que nous pensons, rêvons, faisons. 

Par exemple la pulsion sexuelle de l'être humain est un besoin fondamental. Ce besoin selon Freud paut apparaître masqué. Il montre que les petits enfants ont une sorte de sexualité. Parler de "sexualité infantile" rendit Freud impopulaire. Il  a pris conscience de la sexualité des enfants dans le cadre de son travail de psychothérapeute.  

Ainsi il remarqua que de nombreuses formes de névroses et de souffrances psychiques pouvaient remonter à des conflits dans l'enfance. 

Le psychanalyste, à l'aide du patient, creuse dans la conscience de ce dernier pour faire surgir les expériences qui , ont , un jour provoqué des souffrances psychiques chez cette personne. Car selon Freud nous gardons , au plus profond de nous , les souvenirs du passé. 

Il faut remonter à la conscience du patient, une expérience douloureuse qui est enfouie en lui. En faisant surgir cette expérience traumatisante dans la conscience, le patient peut "régler son compte" avec elle et guérir. 

Un bébé crie s'il a faim ou si sa couche est mouillée. Il dit ainsi qu'il a besoin de tendresse. Ce principe de pulsion ou de plaisir en nous, Freud l'appelle le ça. Le nouveau-né est une forme de ça.  Ce principe de plaisir nous le gardons en nous toute la vie. Mais progressivement nous apprenons , à modérer nos désirs et à nous conformer  aux règles de la société. Nous apprenons à laisser s'effacer le principe de plaisir devant le principe de réalité. Freud dit que nous construisons un "MOI " qui exerce cette fonction régulatrice. Il nous arrive de désirer quelque chose que le monde extérieur nous refuse. Nous sommes obligés de refouler nos désirs.

Il y a une troisième instance en l'homme. Dès l'enfance nous sommes confrontés aux exigences morales de notre milieu . En grandissant nous traînons derrière nous , toutes ces exigences morales. On les intériorise. C'est ce que Freud appelle le SURMOI. La conscience fait partie du SURMOI. Le SURMOI nous prévient quand nous avons des désirs sales. 

L'enfant touche ses organes sexuels et les parents le punissent pour cela. Se crée de cette façon chez l'enfant, un sentiment de culpabilité lié à la sexualité. Et comme ce sentiment reste dans le surmoi toute la vie , cela explique le conflit entre le désir et la culpabilité. Un grand nombre des patients de Freud vécurent ce conflit de manière dramatique et développèrent des névroses.   

Freud parvient à la conclusion que la conscience de l'homme ne constitue qu'une infime partie de l'âme humaine. En deçà de la conscience il y a l'inconscient.   

Toutes les pensées ou les expériences qui peuvent nous revenir en mémoire, forment ce que Freud appelait le préconscient.

L'inconscient contient toutes les pensées que nous nous sommes efforcés d'oublier parce qu'elles étaient déplacées voire dégoûtantes. Quand un désir est rejeté par la conscience ou le SURMOI nous le reléguons à l'étage inférieur.

Ce mécanisme fonctionne chez tous les êtres en bonne santé. Mais certains doivent déployer de tels efforts pour refouler ces pensées dérangeantes qu'ils finissent par éprouver des souffrances nerveuses. Car le refoulé tente constamment de remonter à la conscience et les personnes s'épuisent à maintenir cet équilibre artificiel entre leurs désirs et la réalité. 

Mais nous vivons sous la pression constante de ces pensées refoulées qui essaient de se frayer un chemin jusqu'à la conscience. C'est pourquoi, cela nous arrive d'avoir des lapsus. C'est ainsi que des réactions inconscientes peuvent guider nos sentiments et nos actions. Parfois nous disons ou faisons quelque chose que nous avons essayé de refouler. 

Prenons un exemple. Un pasteur avait 4 filles , bien élevées. Un jour on attendit la visite d'un évêque qui avait un nez drôlement long. Ordre fut donné aux filles de ne pas faire allusion à son nez. Mais il n'y a rien de tel qu'un enfant pour vous envoyer vos 4 vérités en pleine figure., tout simplement parce que chez l'enfant le mécanisme du refoulement n'est pas aussi au point que chez l'adulte. L'évêque arriva. Une fille devait lui passer, à table, le sucre et lui dit: "Vous prenez bien un peu de sucre avec votre nez". 

Une autre solution consiste à rationaliser c'est-à-dire que nous nous donnons toute sorte de mauvaises raisons pour justifier nos actes à nos yeux et à ceux des autres. 

Un exemple. Sous hypnose on envoie quelqu'un ouvrir la fenêtre. Et si on lui demande pourquoi il a ouvert la fenêtre, il va dire qu'il fait trop chaud. La vraie raison est qu'il a exécuté sous l'hypnose un ordre. Donc il a rationalisé. Ainsi chaque jour nous avons un double langage.

Il nous arrive de projeter c'est-à-dire que nous prêtons à d'autres, des sentiments ou des pensées que nous avons refoulés en nous mêmes. Par exemple, quelqu'un de très avare , reconnaîtra vite l'avarice chez autrui. Un homme qui aura honte d'avouer qu'il s'intéresse à la sexualité, aura tôt fait de critiquer les autres et de les traiter d'obsédés sexuels.

Nous oublions constamment le nom d'une personne, nous tortillons nos vêtements pendant que nous parlons, nous déplaçons certains objets , et notre langue est fourchue. Tous cela ce sont des symptômes. Ces lapsus d'action ou de langage traduisent nos secrets les plus intimes.

Il est plus sain de laisser la porte entrebaillée entre la conscience et l'inconscient. Un névrosé est quelqu'un qui fait tout son possible pour chasser de la conscience tout ce qui le met mal à l'aise ou des expériences importantes. Freud appelait ce genre d'expériences des traumatismes. 

Freud lors du traitement de ses patients tentait de forcer cette porte close. Avec l'aide du malade, il essayait de faire remonter les expériences refoulées. Freud a mis au point la technique d'associations libres. Le patient est allongé et parle librement de ce qui lui vient à l'esprit. 

La voie "royale ", selon Freud qui mène à l'inconscient ce sont les rêves. Il écrit un livre "De l'interprétation des rêves". A travers les rêves les pensées inconscientes essaient de se frayer un chemin vers la conscience. Freud observe que les rêves permettent la réalisation du désir. Mêm dans le rêve nous exerçons une censure vis-àvis de ce que nous nous permettons de désirer. D'où la nécessité d'interpréter les rêves. Le contenu manifeste du rêve trouve sa source dans les événements de la veille.  Mais le rêve a son sens caché qui échappe à la conscience; c'est le contenu latent du rêve. Ces pensées cachées dont parle le rêve peuvent remonter à la petite enfance. Le psychanalyste interprète le rêve à l'aide du malade.

La transformation du "contenu latent" en "contenu manifeste" du rêve, c'est ce que Freud appelle 'le travail du rêve". Voilà un exemple. Si un jeune homme rêve qu'il reçoit 2 ballons de sa cousine, c'est le contenu manifeste du rêve. Il faut mettre à jour le "contenu latent". Le rêve réalise un désir caché. Le jeune désirait sa cousine et les ballons sont ses seins. Freud voyait dans le rêve la satisfaction masquée du désir refoulé. 

Les écrivains et les peintres essayèrent d'exploiter ces forces inconscientes dans leur travail. Cela vaut surtout pour les surréalistes. En 1924 André Breton publia le premier Manifeste du surréalisme où il déclare que l'art doit jaillir de l'inconscient. 

Freud a prouvé que tous les hommes sont artistes car un rêve en soi est une petite oeuvre d'art. Ferud disait que nous gardons enfoui au plus profond de notre conscience tout ce que nous avons vu et vécu. Et tout peut remonter à la surface. Quand nous disons que "ça me revient" nous ne faisons qu'illustrer le chemin que parcourt ce qui était dans l'inconscient et qui trouve enfin une porte entrebaillée pour se faufiler à la conscience.  

Il arrive que toutes les portes d'archives soient ouvertes et que ça coule tout seul. C'est ce qu'on appelle l'inspiration. Les surréalistes écrivaient tout ce qui leur passait par la tête. Ils appelèrent ça l'écriture automatique. C'est l'imagination qui crée quelque chose de neuf mais c'est la raison qui décide ce qu'il convient de garder. Un oeuvre d'art est une heureuse association entre l'imagination et la raison. 

Le XXe siècle : le courant de l'exitentialisme

On regroupe sous ce terme , divers mouvements qui ont tous leur origine dans la situation existentielle de l'homme. Plusieurs existentialistes sont partis de Kierkegaard mais aussi de Hegel et de Marx.

Un philosophe qui joua un rôle clé pour tout le XXe siècle fut Friedrich NIETZSCHE ( 1844-1900). Il s'est élevé contre Hegel et l'historicisme allemand. Il opposa à cet intérêt desincarné pour l'histoire  et a ce qu'il appelait une morale d'esclave chrétienne , la vie elle-même.  

Quelqu'un qui a été influencé par Kierkegaard et Nietzsche ce fut le philosophe MARTIN HEIDEGGER .

Le philosophe JEAN PAUL SARTRE ( 1905-1980) appartient à l'exitentialisme français. Il fréquente beaucoup les cafés où il rencontre sa compagne Simone de Beauvoir elle aussi philosophe exitentialiste. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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