Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Interlude de littérature
30 septembre 2023

Irène Némirovsky, David Golder: le thème de l'argent

irene

Lecteur ,    L'argent fait-il le bonheur? Qu'en pensez-vous? 

Certes, on en a besoin, mais il ne suffit pas pour être heureux! L'essentiel du bonheur de la vie est ce que l'on a en soi-même! (Schopenhauer) Délicatesse des gestes, finesse de l'intelligence ...compétences.

 ***

Fille d'un riche banquier juif, Irène Nemirovsky,  est née à Kiev, en 1903. Elle est élevée par une nurse française. Lorsque éclate la révolution bolchevique d'Octobre 1917, sa famille se réfugie en France. Tout en poursuivant ses études à Paris, Irène commence à écrire des dialogues et des contes qu'elle fait publier. Et puis, elle écrira, toute sa vie. Mais, pendant la seconde guerre mondiale, Irène est arrêtée et déportée à Auschwitz, où elle meurt, jeune, en 1942.

David Golder , son premier roman, publié en 1929, est salué par la critique comme un chef-d'oeuvre. C'est un livre sur les coulisses du monde de l'argent et des affaires. 

David Golder, vieux financier, malade, ruiné, abandonné par sa femme, qui ne voulait que son argent, et par sa fille qui s'enfuit avec un gigolo, fera l'expérience de la solitude des pauvres. 

Mais une occasion s'offre à lui de redevenir riche et il se lance dans cette dernière aventure, par goût du risque et aussi pour sa fille Joyce, le seul être au monde qu'il aime tendrement.

Ni le  véreux financier qui n'hésite pas à pousser son associé Marcus au suicide, ni sa femme qui mène une vie débauchée, ni sa fille qui gaspille l'argent de son père, avec des gigolos n'éveillent  notre sympathie. Et pourtant par un art d'aller au fond des consciences et de révéler la détresse profonde de ses personnages , Irène Némirovsky parvient à les rendre émouvants. 

  Jugez- en, seul, en lisant attentivement cette analyse magistrale, de la fin du récit que fait Irène Némirovsky :  "Le bateau. David monta à bord.Le bateau partit. David murmura : "Je suis fatigué"...Au même instant une douleur foudroyante lui saisit l'épaule gauche. Il blêmit, demeura la tête tendue en avant, avec une expression d'épouvante, attendit longtemps. Le bruit de sa respiration lui paraissait emplir la cabine, couvrir le fracas du vent et de la mer. Peu à peu, cela s'affaiblit, s'apaisa, s'effaça complètement. Il dit à voix haute, en s'efforçant de sourire: "Ce n'est rien. C'est fini."  [...]

Après Golder demeura seul. Il avait l'aspect et l'immobilité glacée des morts. Pourtant la mort ne l'avait pas envahi tout entier, tout d'un coup, comme un flot. Il avait senti comme il perdait la voix, la chaleur humaine, la conscience de l'homme qu'il avait été. Mais jusqu'à la fin, il conserva le regard. Il vit comment la lumière du couchant tombait sur la mer, comment l'eau brillait. 

Et , au fond de lui , jusqu' à son dernier soupir, des images ne cessèrent de passer, plus faibles et plus pâles à mesure que venait la mort. Un instant lui sembla toucher les cheveux , la chair de Joyce. Il vit Marcus. Des visages, des formes vagues , comme emportées au fil de l'eau, au crépuscule, tournoyaient un instant, disparaissaient. Et, à la fin , il ne demeura plus rien qu'un bout de rue sombre, une rue de son enfance. Il entendit une voix appeler: "David, David.." une voix étouffée, une voix affaiblie , qui se perdait. Ce fut le dernier son terrestre qui pénétra jusqu'à lui."  SUBLIME! 

 

Bref, on comdamne l'argent , lorsque le  gagner devient le but de la vie, comme dans le cas de David Golder ! Aussi on condamne la folie humaine vis-à-vis de l'argent (son désir d'en gagner trop), bien illustrée dans le mythe du roi Midas. Il est connu pour avoir demandé en récompense d'un service à Dionysos, le dieu du vin, le pouvoir de changer en or  tout ce qu'il touchait. Pas très malin , puisque évidemment , sa nourriture aussi se transformait en or. 

Mais d'autre part , quant à la condition de l'écrivain,par exemple,  c'est l'argent, c'est le gain légitimement réalisé sur ses ouvrages qui l'a délivré de toute protection humiliante  et qui a fait de l'ancien bateleur de Cour , un citoyen libre, un homme qui ne relève que de lui même. Avec l'argent , il a osé tout dire , il a porté son jugement sans peur de perdre son pain. L'argent a émancipé l'écrivain , a créé les lettres modernes.

Dans la littérature des  XVII et XVIII e siècles , il s'agissait de récréer une société élégante, en écrivant pour elle des oeuvres où elle retrouvait  sa langue, sa politesse, toute sa vie faite de convenances. 

Lecteur, la question de l'argent est souvent mal posée; il faut partir de ce point que tout travail mérite salaire ! Ce qui fait  aujourd'hui de l'écrivain un homme digne et respecté,  c'est justement , l' ARGENT! 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Interlude de littérature
  • Les sujets abordés seront: l'étude de la langue ( grammaire, vocabulaire) / la lecture ( récit, théâtre, poésie, argumentation) expression écrite/histoire/ histoire des arts/ culture générale( anatomie, religions, philosophie, nature),à propos de moi
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Interlude de littérature
Publicité