Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Interlude de littérature
12 février 2021

LA GRAMMAIRE DU TEXTE

Kadinsky_4

 

TEXTE n.m. emprunté au latin textus, proprement "tissu, enlacement", spécialement "enchaînement d'un récit". Textus, littéralement "ce qui est tramé, tissé", est le nom qui correspond au verbe texere "tramer, entrelacer", également appliqué au domaine de la pensée.

C'est l'étymologie de ce mot qui m'a menée à choisir cette splendide peinture de Kandinsky, intitulée "Trame noire",  pour illustrer le thème de mon article, "La grammaire du texte".

 

Légende de l'mage: Vassily Kandinsky, Trame noire, huile sur toile, Nantes, musée des Beaux- Arts

 

Kandinsky(1866-1944) est le pionnier de la peinture abstraite. Il peint ce tableau en 1922. A cette date il est invité à venir en Allemagne pour enseigner au Bauhaus, école d'arts appliqués. 

Un échiquier blanc et noir est placé au centre du tableau, et contraste avec un univers onirique de couleurs et de lignes. Dans un ciel azur et blanc  flottent des formes géométriques abstraites. Dans la pédagogie du Bauhaus, le damier servait à étudier la construction de l'espace et à explorer la quatrième dimension, c'est à dire le rapport au temps.

En regardant attentivement, nous pouvons remarquer dans ce tableau abstrait, des bribes de réalité. En bas, à gauche, des bateaux fendent l'eau et des poissons volent. A droite un rideau brun restitue l'illusion que nous regardons par la fenêtre.

La quête de la peinture pour Kandinsky s'appuie sur la puissance d'émotion que détiennent les couleurs. Pour renforcer leur pouvoir d'expression , il ne les enferme plus dans le dessin. Kandinsky attribue des significations symboliques et sensorielles à chaque couleur: le bleu évoque le froid, le silence; le jaune envahit tout avec sa lumière et a le son fort de la trompette; le rouge suggère la palpitation de la vie. Progressivement les couleurs sont stabilisées dans des formes géométriques.

Dans "Trame noire", un ovale rouge attire notre oeil, des triangles colorés s'entrecroisent et des soleils jaunes donnent vie à la composition.

 

LA GRAMMAIRE DU TEXTE

La grammaire du texte s'attache à la structure interne du texte. La grammaire du discours  prend en compte les conditions de production de texte.

La cohésion et la cohérence sont des propriétés respectives du texte et du discours: la cohésion caractérise la bonne organisation du texte; la cohérence caractérise la bonne interprétation et communication du discours. Un texte peut avoir une cohésion parfaite et ne pas être cohérent. Par exemple , la publication d'un poème surréaliste dans un hebdomadaire de mode ne sera guère cohérente.

La cohésion d'un texte dépend des facteurs suivants:

- le paragraphe

-les connecteurs

- la ponctuation

-les reprises (nominales et pronominales)

-les formes de progression thématique

*Cohésion n.f  propriété d'un ensemble dont toutes les parties sont unies, solidaires Exemple la cohésion d'un groupe

*Cohérence n.f rapport étroit d'idées qui s'accordent entre elles; absence de contradiction Exemple discours cohérent

Bref, étudier la grammaire du texte revient à étudier les notions de: paragraphe, connecteurs, ponctuatin, reprises nomonales et pronominales, progression thématique.

 

I) LE PARAGRAPHE:

- forme un ensemble compact qui commence en retrait (alinéa) et présente une unité de sens.

-il correspond, dans un texte explicatif ou argumentatif , à l'énoncé d'une idée et dans un texte narratif , à une unité d'action, de lieu ou de temps

II) LES CONNECTEURS se divisent en:

-connecteurs textuels qui marquent l'organisation de la présentation de la réalité spatiale ou temporelle ou bien l'organisation du texte en liant ou en séparant ses diverses parties

-connecteurs pragmatiques qui participent au fonctionnement du discours: ils marquent les stratégies d'organisation du discours mis en oeuvre par le locuteur. Il y a :  a) les marqueurs de point de vue (selon N, d'aprèsN...),  b) les marqueurs de reformulation(autrement dit, c'est-à-dire, en d'autres termes...),  c) les marqueurs de clôture( enfin, somme toute, en résumé...),   d) les connecteurs argumentatifs

Les connecteurs textuels sont:

-1) temporels et spatiaux

- 2) de mise en texte)

1) Les connecteurs temporels et spatiaux sont surtout spécialisés dans le récit (narration et description).

*Les connecteurs temporels peuvent être:

-GN prep. (le lendemain, ce jour-là, à minuit..) Exemple Ce matin il faisait beau.

-Adverbe de temps (hier, aujourd'hui, soudain, enfin..)   Exemple  Soudain, un orage éclata.

-Conjonction de coordination ou adverbe de liaison ( et, alors, ensuite, puis..) Exemple. Elle se lava, puis elle prit le petit déjeuner.

-Conjonction de subordination (quand, dès que.) Exemple Quand la pluie cessa, nous repartîmes.

*Les connecteurs spatiaux peuvent être:

-GNprep. (dans la forêt, derrière la maison,.) Exemple  Sur la place il y a une fontaine.

-Adverbe ou locution adverbiale ( devant, derrière, là, à gauche, en haut..) Exemple A droite se trouve un café.

 

2) Les connecteurs de mise en texte structurent la progression du texte et son découpage en différentes parties.

*Les connecteurs énumératifs :

-additifs (et, ou, aussi, de même, également..) Exemple Je prends également , un café.

-d'ouverture (d'abord, d'emblée, en premier lieu, ..) / de relais (après, ensuite, puis, deuxièmement..) / de clôture (enfin, bref, en dernier lieu, en conclusion.)  Exemple  Ainsi,  les bibliothèques se heurtent à un double problème: un problème d'espace d'abord, et ensuite un problème d'ordre.

*Les connecteurs d'illustration (par exemple, en particulier, ainsi, entre autres..) Exemple J'aime les fruits, en particulier les raisins.

 

III) LA PONCTUATION:

La ponctuation est le système de signes graphiques qui contribue à l'organisation d'un texte. Une ponctuation déficiente ralentit la lecture et gêne la compréhension.

On distingue:

-des signes démarquatifs ( point, point-virgule, virgule, point de suspension)

-des signes à valeur sémantique et énonciative (les deux points, le point d'interrogation, le point d'exclamation, les guillemets, parenthèses, le tiret)

 *Les signes démarquatifs sont:

1) Le point marque la fin d'une phrase . Exemple  Anne lit un roman.

2) Le point-virgule indique une pause intermédiaire; il peut séparer deux propositions indépendantes. Exemple Il etudie beaucoup; il veut réussir son examen.

3) La virgule marque une courte pause.

Elle sépare:

-les termes de même fonction( des sujets d'un même verbe, des épithètes d'un même nom, des compléments, des verbes ayant le même sujet, des propositions de même nature)  Exemple  Dehors, le vent soufflait, la pluie fouettait les murs, les volets claquaient.

-les propositions incises ou incidentes,  Exemple C'est, dit-il, trop de la moitié. / Mes amis, je l'avoue, je suis très touché de votre attention.

-Les mots en apostrophe ou en apposition  Exemple  Garçon, l'addition, s'il vous plaît. / Victoire, la femme de Charlie, fait une lessive.

Remarque La virgule est interdite entre sujet et verbe; verbe et attribut; verbe et complement; nom et complément de nom.

 4) Les points de suspension indique que la phrase est inachevée :

-afin d'exprimer une émotion, hésitation. Exemple Ne t'inquiète pas, nous organiserons bientôt une autre fête...

-afin de marquer une énumération incomplète Exemple Nous pouvions voir sur la table le pain, le saucisson, le cidre...

Remarque Les points des suspension entre crochets indiquent une coupure dans la citation. Exemple Je me souviens de notre promenade dans la forêt. [...] Nous nous étions bien amusés.

 

* Les signes à valeur sématique et énonciative ont principalement un rôle énonciatif sans exclure la fonction démarcative.

1)Les deux points annoncent :

-les paroles  de quelqu'un Exemple Zadig disait: "Je suis enfin heureux!"

-une énumération Exemple Tout cela était beau: le paysage, le brouillard, les parfums subtils...

-une explication Exemple  Excusez mes lenteurs: c'est tout un art que j'expose.

2) Le point d'interrogation se place à la fin d'une phrase qui pose une question Exemple Est-ce que tu as lu ce livre?

3) Le point d'exclamation se met après une interjection ou à la fin d'une phrase qui exprime un sentiment, un ordre. Exemple Hélas!  / Ô rage! ô désespoir! ô vieillesse ennemie! (Corneille)

4) Les guillemets s'emploient pour encadrer:

- une citation, les paroles rapportées Exemple Ce jour-là était un très beau jour de "l'extrême hiver printanier" comme dit le poéte Paul Fort./ L'ami cria: "Je suis là! "

5)Les parenthèses insèrent un mot ou un groupe de mots à l'intérieur d'une phrase Exemple Il fait beau (c'est une bonne surprise) depuis ce matin.

6) Le tiret :

-marque le changement d'interlocuteur Exemple "Reste-t-il du pain d'hier ? dit-il à Nanon. - Pas une miette, monsieur. "

-sert à détacher un élément de la phrase pour le mettre en valeur Exemple Scier, coller, visser, poncer est une occupation -un plaisir- qui permet à beaucoup de citadins d'oublier les tracas quotidiens.

 

IV LES REPRISES  ( Le texte doit comporter des éléments qui se répètent d'une phrase à l'autre pour assurer la continuité thématique. C'est le rôle des reprises.)

On distingue :

-les reprises nominales par : a) un même nom avec un autre déterminant Exemple Un enfant crie. Cet enfant est mon frère. b) un synonyme Exemple J'ai vu un film hier. Ce chef-d'oeuvre te plaira.  c) une périphrase Exemple Je déménage à Toulouse; beaucoup d'amis m'ont vanté la beauté de la ville rose d) un terme générique Exemple J'ai acheté des tulipes. Ce sont mes fleurs préférées.

-les reprises pronominales par: a)  un pronom relatif Exemple J'ai vu hier un film qui te plaira.  b)  un pronom personnel Exemple Un enfant crie. Il a faim.  c)  un pronom démonstratif Exemple Une tulipe s'ouvre. Celle-ci est rose.  d)  un pronom possessif Exemple  Ce bonnet est trop grand pour moi. C'est le tien.

Remarques 1)  On peut avoir une reprise d'une phrase aussi  Exemple Les enfant ont découvert un trésor dans le champ. Cela a bouleversé la vie du village. /   2)   Un GN pluriel peut être repris par deux pronoms Exemple  Je vous propose deux modèles de manteau : celui-ci est plus chaud, celui-là est plus élégant.

V LA PROGRESSION THEMATIQUE (un texte doit comporter des éléments apportant une information nouvelle pour assurer sa progression thématique)

Une phrase comme "L'astronome observe l'étoile Véga. peut s'analyser à 3 niveaux:

-syntaxique GN sujet + GV

-sémantique : l'agent "astronome est à l'origine du procès dont le terme final est "l'étoile Véga"

-communicatif qui analyse la phrase en fonction de l'information qu'elle véhicule.

Communiquer consiste à transmettre à autrui une information. Dans cette perspective la phrase "L'astronome observe l'étoile Véga"  s'analyse en deux parties:

-le thème , ce dont parle le locuteur, le point de départ de la communication : "L'astronome"

-le propos , ce qu'on dit du thème , l'apport d'information sur le thème: "observe l'étoile Véga"

La répartition thème/ propos s'effectue dans une phrase .  Au niveau du texte , on peut ensuite observer comment se fait cette répartition d'une phrase à l'autre, autrement dit comment se succèdent et s'enchaînent les thèmes des différentes phrases.

On distingue:

-1) La progression à thème constant ( un thème identique est repris dans des phrases successives et complété par différents propos. Exemple La Seine coule en plein coeur de Paris. Elle constitue un attrait touristique indéniable. Le fleuve a marqué de nombreux poètes.

-2)  La progression linéaire ( le thème de chaque phrase est issu du propos qui précède.)  Exemple La Seine coule en plein coeur de Paris. Paris est l'une des capitales les plus visitées au monde. Les capitales sont d'ailleurs toujours un atout touristique majeur pour un pays.

-3) La progression à thèmes dérivés (les thèmes des phrases successives sont dérivés d'un thème initial.) Exemple  La Seine coule en plein coeur de Paris. Ses berges sont bien entretenues. Certains des ponts qui la traversent sont connus, comme le pont Mirabeau, immortalisé par Apollinaire.

Remarque Dans un texte différents types de progression alternent.

 

Sources :

-Martin Riegel, Grammaire méthodique du français

-Français 6e , Colibris, Hatier, 2016

-Français 5e, Colibris, Hatier, 2016

-Français 4e, Colibris, Hatier, 2016

-Français 3e, Colibris, Hatier, 2016

-Bled, 5e/4e/3e , Hachette, éducation, 1998

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Interlude de littérature
  • Les sujets abordés seront: l'étude de la langue ( grammaire, vocabulaire) / la lecture ( récit, théâtre, poésie, argumentation) expression écrite/histoire/ histoire des arts/ culture générale( anatomie, religions, philosophie, nature),à propos de moi
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Interlude de littérature
Publicité